En plus de trente années de course à pied, j’ai souvent entendu ces histoires de gens ayant décidé de s’inscrire à un marathon pour voir s’ils seraient capables, sans trop d’entraînement, de le terminer. Ces individus jugeaient que leur forme physique était suffisamment bonne pour réussir.

 

Plusieurs réussissaient, non sans misère, à franchir le fil d’arrivé de la course de 42,2km, mais la grande majorité échouaient. Surtout, ceux ayant relevé le défi en ressortaient avec des blessures et un désir de ne plus recommencer. 

 

Il m’est arrivé à moi aussi de me demander quelle activité nécessitant une bonne forme physique et une bonne endurance je pourrais essayer pour me tester. Je me suis finalement décidé pour le vélo! 

 

Comme il est toujours plus agréable de faire les choses à deux, j’ai convaincu ma charmante conjointe Daphné, coach de fitness, d’embarquer avecVélo cyclotourisme moi dans une balade à vélo de 134 kilomètres. Je sais que pour des cyclistes aguerris, il pourrait s’agir d’une simple balade, mais pas pour nous! 

 

Nous allions partir du bureau d’information touristique de la Montérégie situé à Brossard et nous rendre jusqu’au Château Vaudreuil, à Vaudreuil-Dorion, pour y passer la nuit avant de réaliser le trajet inverse le lendemain. 

 

Après avoir réfléchi quelques minutes, Daphné a accepté ma proposition. Et elle n’a même pas changé d’avis lorsque je lui ai expliqué que nous utiliserions nos vélos hybrides! Surtout le mien, un Peugeot que j’ai depuis 35 ans et qui sommeillait dans mon cabanon depuis quelques années. 

 

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Selon l’application Google Map, l’aller devait nous prendre 3h30 si nous pédalions sans pause. Comme nous souhaitions arriver à Vaudreuil pour 14h, que nous ignorions complètement l’allure que nous allions adopter et que nous voulions dîner en chemin, nous avons prudemment donné nos premiers coups de pédales à 8h30! Nos visages souriants et notre humeur joyeuse laissaient présager une journée agréable.

 

Fred3Il vous serait très facile, amis lecteurs, de reproduire notre trajet puisque nous avons emprunté la Route Verte #5 en suivant la piste cyclable des Berges. 

 

Nous n’avions pas encore terminé notre sixième kilomètre que nous traversions déjà le pont Samuel-de-Champlain. À tous ceux qui croient que ce nouveau pont est relativement plat je répondrai ceci: ce n’est pas le cas! Il offre un dénivelé important qui nécessite un bon effort sur le premier versant pour être gravi avant de pouvoir en apprécier la descente sur l’autre. 

 

Au dixième kilomètre nous voici à l’Île des Sœurs. Puisqu’elle et moi n’avons pas un bon sens de l’orientation et que nous nous égarons facilement, nous portons une attention particulière à ne pas rater l’embranchement nous menant à Verdun où la piste cyclable des Berges commence véritablement à se dérouler devant nous. 

 

Quel ébahissement c’est fut de découvrir les kilomètres suivants puisque la piste ne s’éloigne pas du fleuve et offre des points de vues qui échappent aux automobilistes. Il faut prendre le temps de s’arrêter pour jeter un coup d’œil à ce majestueux St-Laurent qui domine paisiblement le paysage. Une odeur de mer est présente tout au long du trajet allant du parc Therrien, à Verdun, jusqu’au parc Summerlea, à Dorval,  une vingtaine de kilomètres plus loin.  Daphné et moi n’en revenons tout simplement pas de la beauté des lieux et sommes heureux de voir autant de gens profiter des parcs pour déambuler et prendre l’air. On se croirait ailleurs! 

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Nous passons devant les rapides de LaChine puis devant la vague à Guy où des intrépides s’adonnent au surf sous le regard des passants. Les nuages voilent le soleil, mais la chaleur est présente. Heureusement, à vélo, on peut créer son propre vent pour se rafraîchir! 

 

Nous n’oublions pas de bien nous hydrater et de collationner de quelques « boules d’énergies » cuisinées maison et de gel BRIX pour nous donner de l’énergie. 

 

Au quarantième kilomètre, nous sommes à Pointe-Claire et notre GPS nous indique que nous devons traverser l’autoroute 20 pour aller rejoindre la piste cyclable de l’autre côté. Nous cherchons longtemps comment le faire jusqu’à réaliser qu’il existe un passage souterrain pour vélo à la hauteur de la gare Valois. Cela nous fera perdre du temps, mais pas notre sourire. 

 

Au quarante-cinquième kilomètre, les os de nos fesses commencent à être douloureux. La moindre petite bosse dans la chaussée nous force à nous lever sur nos pédales pour ne pas que Fred 5nos fessiers absorbent le choc. Nous ne portons pas de cuissards pour cyclistes, mais de simples shorts de sport. Notre moral est bon, mais midi approche et nous sommes affamés. Nous sommes partis voilà plus de trois heures. 

 

Nous nous arrêtons dans une petite pizzeria à Beaconsfield. Nos quadriceps commencent à brûler après une montée et, étrangement, lorsque nous marchons. Le temps d’ingérer deux pointes d’une pizza beaucoup trop garnie, soit une pause d’une trentaine de minutes, et nous voilà repartis. 

 

Après cette pause, les premiers coups de pédales sont plus ardus et il nous faut quelques kilomètres avant de sentir que la mécanique articulaire et musculaire est à nouveau huilée. MaisFred 6 nous ne sommes pas des cyclistes aguerris alors des douleurs au cou et au poignet s’installent. Nous savons toutefois que notre objectif est à proximité puisqu’il ne nous reste plus qu’une dizaine de kilomètres à parcourir jusqu’au célèbre hôtel. 

 

Il s’agira toutefois de la portion la plus ennuyeuse du trajet puisque le tracé que nous propose notre application nous fait passer dans de petites rues et boulevard en ville. Pour ne pas se perdre, je dois pédaler avec mon cellulaire dans une main et l’autre sur le guidon. Pas l’idéal! 

 

Finalement, cinq heures trente après notre départ de Brossard, nous arrivons au Château Vaudreuil. Quel bonheur! Quelle immense satisfaction! Quelle joie! 

 

Nous avons réussi! Ma montre Garmin indique que nous avons été en mouvement pendant 3h25 sur notre vélo. 

 

Daphné et moi prenons le temps de réaliser un égoportrait devant l’entrée de l’hôtel avant de pénétrer, un peu épuisés, dans le Fred 8somptueux lobby. Pour notre plus grand bonheur, nous avons le plaisir d’être accueilli par le directeur général de l’établissement, Antoine Naoum, qui nous souhaite la bienvenue et nous félicite de notre petit exploit personnel. Il avait eu vent de notre venue.  Il est affable et intéressé par l’aventure que nous venons de vivre. Il nous aide lui même à ranger nos vélos avant de nous diriger vers la superbe suite qu’il nous a réservé pour que nous puissions nous y reposer. 

 

Un mot sur le Chateau Vaudreuil que nous visitions pour la toute première fois. Ce fut un véritable coup de foudre! La propreté des lieux et les vastes jardins  aux plate bandes manucurées donnant sur le Lac des Deux Montagnes  n’avaient d’égal que l’accueil chaleureux et le service impeccable du personnel. Les cyclistes y sont les bienvenues et leurs vélos seront remisés en toute sécurité.

 

Le repas en soirée sur la terrasse du Château Vaudreuil (Villa d’Este) nous permet de nous détendre et d’apprécier une fine Fred 9cuisine au volute gastronomique. Daphné et moi nous félicitons d’avoir choisi cet établissement comme lieu de séjour et de repos avant d’entreprendre notre chemin du retour. 

 

Au matin, après un petit déjeuner copieux, monsieur Naoum nous rejoint pour nous aider à récupérer nos vélos et nous souhaiter bonne route. Cet homme aura démontré une grande classe du début à la fin de notre séjour et je l’en remercie. Nous reviendrons certainement le visiter. 

 

Les premiers coups de pédales sont ardues. Les muscles de nos jambes sont raides et douloureux. Mais ce n’est rien comparativement aux os de nos fesses. Nous poussons de grands soupirs de soulagement lorsque nous roulons sur des portions nouvellement pavées de piste cyclable. Un bonheur et soulagement! 

 

Nous nous contentons de faire le chemin de la veille à rebours. Daphné a attaché son cellulaire sur le guidon de son vélo ce qui luiFred 10 permet de constamment jeter un coup d’œil à notre trajet et d’éviter de se perdre. 

 

Bien entendu, le fleuve est toujours présent, mais à notre droite cette fois. Nous avons également l’avantage de mieux connaître les endroits où nous pouvons nous arrêter pour reprendre notre souffle et reposer nos jambes. 

 

Nous découvrons ainsi le petit café grec Ilios, à LaSalle. On y prépare des sandwichs maison absolument délicieux.  Exactement ce dont nous avons besoin avant d’entreprendre le dernier droit de notre randonnée en vélo. Nous avons alors pédalé 45 kilomètres, ce qui porte notre total à plus de 110 kilomètres en deux jours. Nous nous installons sur le bord du fleuve, à la hauteur de la 67e avenue, pour dévorer notre casse-croûte. 

 

Nous sentons vraiment la fatigue s’installer en nous à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Nos vélos hybrides roulent bien, mais ne sont pas des vélos de haute performance. Je suis tout de même étonné de voir que ma vieille bécane achetée alors que j’étais un étudiant au secondaire tient encore le coup. 

 

Nous faisons un dernier arrêt à l’île des sœurs dans une petite pâtisserie toute jolie pour y prendre un café, Mamie Clafoutis. C’est avec cette petite dose de caféine dans les veines que nous entreprenons la traversée du pont Samuel-De Champlain. Cette fois la longue montée vers son sommet semble interminable. Nos jambes sont vraiment fatiguées. 

 

Nous utilisons nos dernières goutes d’énergie pour nous rendre jusqu’à Brossard où nous descendons de notre vélo un peu plus de cinq heures après notre départ du Château Vaudreuil. Ma montre Garmin affiche un temps de déplacement de trois heures et trente minutes pour 67 kilomètres. Notre rythme aura donc été relativement similaire à l’aller et au retour. 

 

Notre démarche ressemble à celle de néophytes qui auraient fait du Vélo cyclotourismecheval pendant une journée! Mais nous sommes si fiers de nous car nous avons réussi à relever ce gentil défi que nous nous étions lancé. 

 

En conclusion, même si la course à pied et l’entraînement fitness demeurent nos sports respectifs favoris, Daphné et moi avons été heureux de découvrir une nouvelle activité conjointe qui nous a permis d’apprécier un paysage dont la beauté vaut absolument la peine d’être découverte. 

 

Nos jambes sont maintenant bien reposées et nous avons déjà hâte de voir où nous mèneront nos prochains pas ou tours de roue! 

 

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