Face à l’inconnu, je me dirigeais droit vers un précipice.

 

Jamais je n’ai été hospitalisé. J’ignore ce qui m’attend et c’est peut-être mieux ainsi.

 

Je comparais ce qui allait suivre à un marathon. Je me basais sur les exigences d’un 42 km. Or, je me suis aperçu que c’est complètement différent.

 

Le matin de mon opération, l’allure d’un prisonnier qui retourne au cachot, je traverse les couloirs de l’hôpital, la mine basse, inquiet, à jeun. Après une prise de sang, j’emprunte les escaliers qui me mèneront au 2e étage, là où tout se passera. On m’appelle rapidement. Dès cet instant, je réalise que je ne peux plus reculer. Je dois franchir cette étape, je le sais, c’est pour mon bien.

 

Dans la salle d’opération, on m’installe sur la table étroite et froide. Je suis nerveux. Un infirmier que je connais me fait une blague : « On va te l’enlever Médaille cette petite noix ». Je souris pour lui faire plaisir car je sais qu’il tente de me calmer.

 

Au moment où on tente de m’installer l’épidurale, je fais une baisse de pression. Je me reconnais. La nervosité a pris le dessus. Finalement, je pars vers le cosmos. À mon réveil, je suis étonné, je Fonadation 2016me sens bien. On me conduit à ma chambre. Je suis à côté de Mme St-Martin, 92 ans, qui vient de se fracasser le fémur alors qu’elle faisait son lit et qu’elle s’est accrochée dans une couverture qui traînait au sol. Malgré tout, elle est très éveillée.

 

On me donne du Fentanyl. Ouff ! Je vous confirme que ça gèle son homme. Sauf que le lendemain, je ressens de vives douleurs. On ajoute une piqûre de morphine en plus d’ingérer deux Tylenol aux quatre heures. Et il y a ces injections que je reçois dans les jambes afin d’éviter des caillots de sang. Je ne prends jamais de médicaments dans la vie, je n’ai jamais pris de Tylenol, Je suis confus, livide, absent et je perds l’appétit.

 

Les cinq journées suivantes seront semblables. Ce n’est que le matin de la 6e journée après mon opération que je retrouverai vraiment mon esprit et mon appétit. Je n’avais jamais ressenti un mal de tête avant cette opération. Je sais maintenant ce qu’il représente et je sympathise avec les personnes qui doivent les combattre régulièrement.

 

Au moment d’écrire ces lignes, je suis réveillé et bien présent.

 

Dans l’ensemble, tout s’est admirablement bien déroulé pour la chirurgie. Le médecin m’a dit que j’avais peu perdu de sang et que l’opération avait été, et je cite ses mots : Spic and Span !

 

Si j’ai décidé de vous raconter cette expérience c’est pour me procurer une belle occasion de remercier tout le personnel médical qui a pris soin de moi durant ce séjour à l’hôpital Hôtel-Dieu de Sorel-Tracy. Un merci tout spécial à Mylène Deschêsnes qui a su me rassurer et me réconforter avant l’opération par ses paroles justes.

 

Je ne peux également oublier les nombreux témoignages d’encouragement que j’ai reçus via les médias sociaux et par courriel qui m’ont fait prendre conscience qu’il y avait plusieurs membres de la communauté des adeptes de la course à pied qui se retrouvaient derrière moi. Je ne me suis jamais senti seul dans cette aventure.

 

MedMerci à mes enfants et à ma compagne Pasquale qui fut d’une présence réconfortante à la maison lors des premiers jours pour prendre soin de moi.

 

Je rentre maintenant dans cette période de réhabilitation. Lentement mais sûrement, la condition physique reviendra. Les petites marches tranquilles combleront mon intensité habituelle et un jour, lorsque je jugerai que je suis prêt, je recommencerai à courir.

 

Je ne me fixe aucune date, rien ne presse. De toute façon, vous le savez, je ne cours jamais avec une montre !