Elle s’appelle Constance. J’adore ce prénom.

 

Son père, qui jouait du piano, a choisi ce prénom car l’épouse de Mozart s’appelait Constance. C’est charmant.Constance 2

 

Constance Lefebvre m’attendait chez-elle à Saint-Hubert, au lendemain d’une course de trail de 20 km, elle qui court rarement dans les bois. Encore courbaturée mais heureuse de son accomplissement, nous avons bavardé dans la cour arrière.

 

Une histoire toute simple mais combien inspirante m’attendait. Comme je les aime.

 

Âgée de 44 ans, née à Longueuil et maman de trois garçons, Félix, 15 ans, Laurent, 13 et Édouard, 10, elle vit en compagnie de Patrick Lévesque depuis 25 ans, depuis le jour où leurs regards se sont croisés au cégep d’Ahuntsic dans un cours d’infographie.

 

Depuis mai dernier, elle travaille à la Maison de la course à Saint-Hilaire après avoir passé deux années  comme gérante au Coin des Coureurs.

 

Constance 1En 2014, une cousine l’invite à sortir de sa torpeur, alors désintéressée par les sports. Elle souhaite qu’elle puisse l’accompagner pour un 6 km dans une épreuve dans la boue ! La cause est noble, la sclérose en plaques et elle accepte volontiers en se disant dans son for intérieur qu’elle aura contribué à bonne œuvre.

 

Or, graduellement, elle découvre les avantages que lui apporte le fait de s’activer. Deux ans plus tôt, elle avait perdu son père, alors âgé de 62 ans, des suites d’un cancer de l’amiante alors qu’il n’avait jamais travaillé dans ce milieu. « Si tu n’as pas la santé, tu n’as rien », est devenue une devise qui l’a guidée dès ses premiers pas de course.

 

 

ON LUI OUVRE LA BOÎTE CRANIENNE

 

Huit marathons à son bilan dont deux qualifications à Boston, la vie devait lui rappeler l’importance de sa devise en juillet 2015, à Moncton au Nouveau-Brunswick, alors qu’elle prend des vacances avec les membres de sa famille. Au restaurant, elle fait une crise d’épilepsie. Les médecins découvriront lors des examens qui suivront, deux masses au cerveau dont l’une qu’il faut obligatoirement retirée.

 

Il s’agit d’une malformation de naissance des vaisseaux sanguins. « Je me considère chanceuse avec cette crise qui aurait pu survenir en auto, profondément ancrée dans un bois ou un endroit retiré ». En plus, elle s’est retrouvée avec l’un des meilleurs neurochirurgiens de cette province qui a pu la conseiller pour la suite des événements.

 

On lui a ouvert la boîte crânienne, une intervention chirurgicale qui a duré cinq heures et trente minutes. La convalescence fut lente et insidieuse. Les deux premiers mois furent pénibles. « Je dormais beaucoup. Ce qui me gardaitConstance motivée était de penser à recommencer à courir, ce que j’ai pu faire, trois mois plus tard.

 

Constance éprouvait des ennuis de langage, elle ne sortait pas les mots appropriés de sa bouche. « Je devais être indulgente », précise-t-elle. Neuf mois après son opération, elle parvient à compléter un semi-marathon, l’anniversaire de la mort de son père, un 22 mai 2016.

 

 

RÉHABILITATION COMPLÈTE

 

« J’ai réalisé pendant toute cette mésaventure que j’étais là pour continuer, que je n’avais pas le droit d’abdiquer, que je devais me prendre en main.»

 

Consciente qu’elle a amélioré sa discipline personnelle grâce à la course à pied, sa détermination a fait la différence. « Tu ne peux pas tricher avec ce sport ».

 

Aujourd’hui, elle fait l’admiration de sa mère âgée de 68 ans. Son frère ainé Guillaume est un excellent coureur. À chaque année, il organise en compagnie de sa conjointe, une épreuve de 70 km, le tour de Laval afin d’amasser Constance 5des fonds pour le diabète de type 1 dont sa fille est atteinte depuis quatre ans. Le plus jeune, Antoine, installé en Abitibi, est créateur de jeux de société.

 

L’évolution de sa vie lui aura fait découvrir la course à pied, un sport qui l’a guidé vers une réhabilitation complète.

 

Et pour ceux et celles qui s’interrogent sur son autre masse, disons qu’elle est toujours là. Aussi longtemps qu’elle se tiendra tranquille….

 

Or, on n’a pas tous la même chance de s’en tirer dans la vie. En 1998, Florence Griffith Joyner, qui avait établi des records du monde au 100 et 200 mètres en 1988, meurt dans son sommeil d’une crise d’épilepsie. Alors, dans ses moments de découragement, Constance se souvient.

 

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