Lorsqu’il est question des Jeux olympiques, les critiques l’emportent souvent sur les louanges. Dépassement de coûts, dopage, corruption, retombées économiques moins importantes, pollution, etc.

 

Depuis quelques années, la direction du Comité international olympique (CIO) cherche par tous les moyens à rétablir le lien de confiance avec les amateurs qui, eux, plaident pour des jeux plus humain, sans démesure et accessibles. Après tout, ce sont eux qui votent lors de référendums pour accueillir ou non les Jeux dans leur ville. 

 

C’est dans cette optique que le Comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris (Cojo) en 2024 a annoncé cette semaine qu’il allait permettre la participation du grand public à son épreuve reine, le marathon. Vous avez bien lu! Les marathoniens amateurs du monde entier pourront s’inscrire au marathon des Jeux olympiques. Il s’agit d’une grande première dans l’histoire de l’olympisme qui nous a toujours habitués à un spectacle réunissant uniquement la crème de la crème des athlètes.

 

Plus de détails sur cette annonce suivront éventuellement, mais on sait que le marathon amateur se déroulera la même journée, sur le même parcours et dans les mêmes conditions que les athlètes olympiques. Mais pas au même moment! Il est donc probable que quelques heures après avoir donné le départ aux professionnels, les organisateurs ouvrent le tracé aux coureurs amateurs ayant réalisé un temps de qualification et qui auront réussi à obtenir un dossard via une loterie.

 

Dans un communiqué du Cojo 2024, on précise que « plusieurs formats de courses seront proposés pour permettre à chacun, peu importe son niveau de forme, de vivre pleinement l’expérience des Jeux olympiques. »

 

Il est possible que le marathon ne soit pas la seule épreuve ouverte à tous en 2024. Le comité de direction serait en discussions avec d’autres fédérations sportives pour permettre au plus grand nombre d’amateurs de vivre l’expérience olympique. L’aviron et le cyclisme seraient sur les rangs. On pourrait même organiser des confrontations virtuelles. Ainsi, rien n’empêcherait un coureur ou un cycliste de payer les frais d’inscriptions et de grimper sur son tapis roulant ou son vélo stationnaire. Puis, grâce à une application en temps réel, se confronter au parcours olympique. Voyez cela comme une nouvelle entrée d’argent. Le CIO ne crachera pas là-dessus. 

 

Si l’idée parait brillante à plusieurs égards (c’est quelque chose de pouvoir dire qu’on a participé aux olympiques), des voix se sont rapidement élevées pour décrier la présence de marathoniens amateurs aux Olympiques de 2024. Pour les puristes, cette course devrait uniquement être réservée à l’élite et aux performances  légendaires. Ils avancent qu’une pléthore de marathons sur la planète sont prêts à accueillir le grand public alors pourquoi désacraliser la plus prestigieuse épreuve d’entre toutes.

 

Pourtant, malgré les critiques, je crois qu’il faut saluer l’ouverture de Paris 2024. Il en coûte des milliards de dollars pour organiser des Jeux qui, en bout de ligne, bénéficieront à quelques milliers d’athlètes seulement.

 

Dans le cas du marathon, plusieurs mois seront nécessaires pour planifier et organiser le parcours de la course de 42,2 kilomètres. Et tout ça pour quoi? Une brève utilisation de deux ou trois heures! Tant qu’à fermer les rues du tracé, que les barrières s’ouvrent aux amateurs qui veulent vivre une expérience historique une fois l’élite passé. 

 

On parle beaucoup du legs olympique pour la ville qui accueille les Jeux. La grande majorité des installations demeurent et peuvent être utilisées par la population à la conclusion de la quinzaine olympique.  Mais pourquoi ne pas les rendre accessibles dès le début des Jeux lorsque cela est convenable et sécuritaire? Grâce à des frais d’inscriptions raisonnables, cela permettrait au comité organisateur de toucher de nouveaux revenus ou de réduire la dette tout en démocratisant le plus important rendez-vous sportif de la planète. Un début de réconciliation entre les divinités olympiennes que sont les membres du CIO et les amoureux du sport.

 

Évidemment, ce ne sont pas tous les sports qui pourraient offrir cette expérience olympique aux amateurs. Toutefois, le marathon est l’occasion idéale de vérifier si l’idée est bonne et plait. Voyons cela comme un projet pilote. On comprend bien qu’il sera toujours impossible d’accueillir de simples amateurs pendant le calendrier chargé de la boxe, tennis, golf, judo ou volleyball. Mais le parcours du marathon peut servir plus d’une fois.

 

Vous avez toujours rêvé de participer à des Jeux olympiques? Commencez à courir. Il vous reste cinq ans pour vous préparer.