Cette histoire est belle et touchante. C’est celle d’un papa, Marc-Antoine Forand, qui décide de se dépasser pour son petit Noah, six ans, atteint de la Trisomie 21, un état congénital. Marc-Antoine, un ultra-coureur, souhaitait amasser des fonds pour l’organisme L’appart à moi en courant les plus de 600 kilomètres qui séparent New York de Bromont en sept jours seulement!

 

Marc-Antoine était accompagné de Marie Le Bouthillier, une nutritionniste sportive, qui veillait sur lui et son alimentation pour lui permettre de relever cette épreuve physique hors norme. Pour immortaliser son périple, le réalisateur Samuel T. Scofy de même que le directeur de photographie Vincent Bombardier l’ont suivi pour tourner des images et réaliser un futur documentaire qui fera une sortie en festival à l’automne.

 

Du 20 au 27 mars dernier, Marc-Antoine est parvenu à relever son défi inspirant en hommage à son petit garçon, mais ce fut au bout d’une route2 parsemée de doutes et de souffrance.

 

Je vous propose dans cette chronique de plonger dans le journal de route de cette course pour Noah.

 

 

 

Jour 0 (20 mars)

 

Grand départ de Bromont! C’est aujourd’hui que l’équipe prenait la route pour le départ. L'excitation et l'anxiété se retrouvaient tous les deux dans l'air. Partir de chez soi, laisser ses enfants derrière n'est jamais facile, peu importe la cause. La maison de Marc-Antoine était pleine d’amour.

 

 

Jour 1 (21 mars)

 

C’était le grand départ de New York en cette Journée mondiale de la trisomie 21 et le début de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle. Le passage dans la   grande ville de New York fut bref, mais l’équipe a pu ressentir dès les petites heures du matin, l’énergie que cette ville génère.

 

3Partant de la pointe du Greelay Square Park, Marc Antoine a longé la sixième avenue avenue en direction de Central Park puis d’Henry Hudson Parkway. Une fois rendu sur le bord de l’Hudson River, son équipe lui a dit son premier “bye bye” de course pour prendre la direction du premier ravito, quelques 35 kilomètres plus loin. Le coureur terminera la soirée à 102,1 km, à Carmel Hamlet, pour y camper pour la nuit.

 

 

 

Jour 2 (22 mars)

 

Marc-Antoine est reparti pour la seconde journée à 7h après avoir mangé sa portion de HOLOS, un mélange crémeux et croquant de grains entiers, de noix, de graines, d’épices et de fruits secs biologiques. Il utilisera plusieurs portions de ce super déjeuner tout au long de son périple.

 

Les paysages rencontrés ont été magnifiques, comme par exemple les abords d’un lac magnifique ou il s’est retrouvé alors que le soleil se levait. Un moment magique qui a aidé à tracer un immense sourire sur son visage.

 

Sa route l’a mené dans les bois de New Paltz et près du Fifth Lake où il a retrouvé son équipe après 184 kilomètres dans les jambes. La journée se terminera avec 16 kilomètres supplémentaires pour conclure à Rosendale avec un grand total de 200 kilomètres sur 600 de faits. Tout a bien été lors de cette deuxième journée et le moral est bon.

 

 

Jour 3 (23 mars)

 

Marc-Antoine était déterminé à atteindre le point de rencontre fixé à la moitié du 300 km lorsque son équipe l’a quitté à Rosendale à 7h30. Si le trajet des deux premiers jours était composé de pistes cyclables relativement tranquilles et douces, l’itinéraire de cette troisième journée de course s’est fait sur l’accotement d’une autoroute très passante.  Les véhicules y circulaient à grande vitesse. Marc-Antoine a dû négocier avec d’importants dénivelés.

 

Heureusement, des amis se sont joints à lui afin de l’encourager pour quelques kilomètres. Les moments de course en solitaire étaient également entrecoupés de rencontres avec son équipe de ravitaillement, ce qui lui a fait dire « Vous voir apparaître sur la route me soulève tellement ».

 

Malgré la fatigue physique et mentale qui s’est installée lors de cette journée, Marc-Antoine est demeuré positif et son énorme sourire ne s’est jamais estompé.4 Malgré tout, les ravitaillements ont commencé à être plus long et ses pieds ont débuté à être douloureux et pleins d’ampoules.

 

Il terminera sa journée tard en soirée, sous la pluie, à Valatie, une petite ville près d’Albany. Vincent et Samuel ont parcouru les derniers kilomètres avec Marc-Antoine. En l’apercevant en train de marcher en pleine noirceur, les deux membres de l’équipe ont compris l’ampleur du défi qu’il relevait. Ils capteront sur caméra son cri de joie et d’épuisement lorsqu’il les a vu devant lui.

 

Cette journée s’est terminée dans la nuit avec un total de 295 kilomètres au compteur. 

 

 

 

Jour 4 (24 mars)

 

Les fortes pluies se sont poursuivies au début du jour 4. Tout le monde a attendu que le ciel se dégage pour que Marc-Antoine puisse reprendre la route en direction du premier ravitaillement de la journée à East Greenbush.

 

Sa fatigue était évidente et on a porté une attention particulière à sa cheville droite enflée. Une situation inquiétante mais normale lors d’un défi de cette envergure.

 

Lors du deuxième ravitaillement de la journée au 68e kilomètres, à Mechanicville, il a décidé de s’arrêter pour la nuit en raison du danger de courir sur la Hudson River Road dans le noir. Le plan était de reprendre la route très tôt le lendemain matin pour se lancer dans une très grosse journée de plus de 110 kilomètres.

 

Marc-Antoine devra puiser dans des réserves inconnues pour lui, autant mentalement que physiquement, pour les derniers kilomètres à venir. Il était en retard sur son objectif avec 365 kilomètres de terminés.

 

Jour 5 (25 mars)

 

Cette cinquième journée a débuté à 4h30 avec un bon petit déjeuner et des tasses de café fumantes. Marie, la nutritionniste et coordinatrice, a pansé les nombreuses ampoules de Marc-Antoine et stabilisé sa cheville droite encore enflée. Tous les membres de l’équipe se complétaient bien et une belle histoire se 5construisait tranquillement. La création du docu-film «Run for Noah» sera remplie d’émotions, d’authenticité et de profondeur.

 

Deux heures après son départ matinal, Marc-Antoine avait littéralement des ailes. C’est avec une force incroyable qu’il a réussi à être beaucoup plus rapide que les deux derniers jours.

 

L’objectif en cette cinquième journée était de se rendre à plus de 100 kilomètres de course ce qui lui permettrait de sortir de l’état de New York et d’arriver au Vermont! Lorsqu’il a atteint la ville de Whitehall, la dernière ville de New York, il avait envoyé un court texto à son équipe pour leur signifier qu’il venait d’entrer dans un état mental et physique complètement inconnu.

 

C’est avec une force qu’il n’avait jamais ressentie auparavant qu’il a couru plusieurs kilomètres sans douleur et avec une facilité inconcevable. Comme si les derniers jours n’avaient pas eu lieu et6 que rien ne pouvait l’atteindre.  Objectif atteint vers 21h30 dans la petite ville de Fair Haven.

 

 

 

 

Jour 6 (26 mars)

 

La fatigue s’est vraiment fait sentir en matinée. Marc-Antoine s’est remis lentement des efforts soutenus de la veille. À 4 h 30, il a repris la route avec comme récompense, un magnifique lever de soleil sur la campagne du Vermont. L’énergie était bonne et le moral également.

 

Le plan à ce moment était de dormir deux heures pour ensuite en courir six et de garder cette formule aussi longtemps que possible. Après avoir révisé l’itinéraire sur Strava, il avait été estimé que Marc-Antoine arriverait chez lui à Bromont le dimanche soir avec 700 kilomètres de parcouru, soit 16 marathons en moins de 7 jours!

 

Jour 7 (27 mars)

 

Marc-Antoine et son équipe avaient choisi une stratégie de course différente pour le dernier 24 heures. En résumé, il devait courir 30 kilomètres, faire un arrêt rapide, puis repartir pour un autre 30 kilomètres. 

 

Au premier ravitaillement, le coureur a éclaté en sanglots pour la première fois depuis le début de l’aventure. Il s’agissait de sanglots d’épuisement physique et mental. Après une lutte redoutable pour les dix derniers kilomètres, Marc-Antoine avait frappé le redoutable mur. Il a affirmé à son équipe que : « c’était comme si le temps s’était figé pour toujours. Je n’avançais plus, j’étais coincé dans un kilomètre infini ». Il se trouvait alors à moins de 100 kilomètres de chez-lui.

 

Après un court rassemblement de l’équipe, il a repris la route et sa mission de courir pour Noah. À son arrivée au ravitaillement de Sheldon, au Vermont, il courait à un bon rythme et son équipe a décidé de sauter la séance de sommeil et de le laisser courir aussi loin que l’énergie qui l’habite le supportait.7

 

À son dernier ravitaillement en soirée, à la frontière canadienne de Frelighsburg, de nombreux amis et proches l’attendaient pour courir les 30 derniers kilomètres.

 

Finalement, après avoir traversé la frontière, un moment très chargé en émotion, Marc-Antoine a retrouvé sa fiancée et ses amis. Il a repris sa course avec ses partenaires en direction de Bromont. Ce passage de la frontière ressemblait à une ligne d'arrivée à bien des égards même s’il lui restait encore 40 kilomètres à parcourir.

 

Malheureusement pour lui, des vents violents, une tempête de neige, un temps glacial, très peu de sommeil et de fortes émotions ont eu raison de son corps. Après une quinzaine de kilomètres, Marc-Antoine s’est effondré en déclarant qu’il ne pouvait pas faire un pas de plus! 

 

Son équipe l’a rejoint avec le camping-car et il a pu dormir trois8 heures et lui permettre de terminer son défi avec une dernière portion de 25 kilomètres. Ce qu’il fit avec ses dernières énergies!

 

Il a finalement réussi. Il a atteint son objectif pour son fils Noah.