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Collaboration spéciale : Isabelle Doré, docteure en santé publique, option épidémiologie, Université de Montréal, Centre de recherche du CHUM, Institut national de santé publique du Québec

L’activité physique a tout d’abord suscité un grand intérêt comme traitement de la dépression. Des essais auprès de populations cliniques ont démontré que l’activité physique était associée à des changements psychologiques et cognitifs positifs ainsi qu’à une réduction des symptômes dépressifs, anxieux et de l’épuisement professionnel (burnout).

L’exercice aérobique aurait également un effet similaire à celui des antidépresseurs sur une période de traitement de plusieurs semaines auprès de personnes souffrant de dépression majeure. Plus récemment, des études ont documenté une association inverse entre l’activité physique et les symptômes de dépression et l’anxiété; d’autres études suggèrent même que l’activité physique aurait un effet protecteur sur l’apparition des symptômes anxieux et dépressifs chez les adolescents et les adultes.

Plusieurs recherches ont comparé l’effet de différentes doses d’activité physique sur la santé mentale. La dose d’activité physique est mesurée, selon les études, par la fréquence, la durée, l’intensité ou encore une combinaison de ces paramètres. La majorité conclue qu’il existe une relation dose-réponse, suggérant que des bénéfices accrus pour la santé mentale sont observés à mesure qu’augmente la dose de l’activité physique. Cependant, d’autres auteurs suggèrent que même un faible niveau d’activité physique permettrait de prévenir les symptômes de dépression chez les jeunes femmes (McKercher, 2009).

À l’inverse, le surentraînement ainsi que la pratique intensive du sport chez les athlètes de niveau compétitif peuvent augmenter le risque de troubles anxieux ou dépressifs; des résultats similaires ont par ailleurs été observés chez des sportifs de niveau non compétitif (Paluska, 2000).

Une autre modalité de l’activité physique, le domaine, a récemment fait l’objet d’études auprès des adultes. On distingue généralement quatre principaux domaines d’activité physique :

1) transport – activité physique effectuée lors des déplacements à pied ou à vélo pour se rendre au travail ou à l’école, par exemple.

2) domestique – activité physique associée à la réalisation de diverses tâches liées à l’entretien de la maison comme le ménage et le jardinage

3) travail – activité physique effectuée dans le cadre de l’emploi

4) loisir – activité physique faite pour le plaisir, dans les temps libres

Ces recherches parviennent toutes à la même conclusion : seule l’activité physique de loisir est associée à une meilleure qualité de vie et à une prévalence plus faible de dépression (Mc Kercher, 2009; Jurakic, 2010). Une étude a même permis de montrer que l’activité physique associée au travail serait liée à une prévalence accrue de dépression chez les femmes (McKercher, 2009).

Quelques recherches récentes se sont intéressées à l’influence du contexte de l’activité physique (individuel, accompagné ou en groupe) sur la santé mentale. Dans cette optique, le groupecontexte social de l’activité physique pourrait être un facteur déterminant dans l’explication de la relation entre l’exercice et la santé mentale (Taliaferro, 2008; Eime, 2010; Brunet, 2013).

En effet, faire partie d’une équipe sportive à l’école ou au sein de la communauté aurait un effet protecteur sur le sentiment de désespoir et le risque de suicide chez les adolescents.

Les résultats montrent également que chez les adolescents qui font partie de trois équipes sportives ou plus, la réduction du risque de désespoir et de suicide est supérieure à celle que l’on observe chez les adolescents impliqués dans une ou deux équipes sportives. Récemment, on a observé que la participation aux sports d’équipe était inversement associée à la probabilité de dépression chez des jeunes adultes montréalais pratiquant des activités physiques d’intensité modérée à vigoureuse.


Conclusion
Malgré les nombreuses interrogations qui demeurent quant aux modalités permettant d’atteindre des bénéfices pour la santé mentale, plusieurs organismes et institutions reconnus recommandent la pratique d’activité physique pour son effet positif sur le stress, l’anxiété et les symptômes dépressifs.

Puisque l’on sait que l’intégration sociale et le soutien social sont des facteurs déterminants de la santé mentale, d’autres recherches seront nécessaires pour étudier plus spécifiquement l’effet de la pratique de l’activité physique en groupe en matière de prévention des symptômes anxieux et dépressifs.

 

Écoutez l'auteure Isabelle Doré sur le sujet dans cette baladodiffusion consacrée à l'importance de l'activité physique pour la santé mentale:

 

Bibliographie
1. Teychenne, M., Ball, K. & Salmon, J. (2008). Physical activity and likelihood of depression in adults: a review. Preventive medicine, 46(5), 397-411.
2. Ahn, S. & Fedewa, A. L. (2011). A meta-analysis of the relationship between children’s physical activity and mental health. Journal of pediatric psychology, 36(4), 385-397.
3. McKercher, C. M., et al. (2009). Physical activity and depression in young adults. American journal of preventive medicine, 36(2), 161-164.
4. Paluska, S. A. & Schwenk, T. L. (2009). Physical activity and mental health: current concepts. Sports Medicine, 29(3), 167-180.
5. Jurakic, D., Pedišic, Ž. & Greblo, Z. (2010). Physical activity in different domains and health-related quality of life: a population-based study. Quality of life research, 19(9), 1303-1309.
6. Brunet, J., et al. (2013). The association between past and current physical activity and depressive symptoms in young adults: a10-year prospective study. Annals of epidemiology, 23, 25-30.
7. Eime, R. M., et al. (2010). Does sports club participation contribute to health-related quality of life? Medicine and Science in Sportsand Exercise, 42(5), 1022-1028.
8. Taliaferro, L. A., et al. (2008). High school youth and suicide risk: exploring protection afforded through physical activity and sport participation. Journal of School Health, 78(10), 545-553.