Qu’on soit en accord ou non avec cette décision du gouvernement canadien, c’est le 17 octobre prochain que la consommation de cannabis sera légale pour les 18 ans et plus. Le Canada deviendra ainsi le premier pays membre du G7 à légaliser le « pot » à usage récréatif.

 

Si cela constitue une bonne nouvelle pour certains (ils n’auront plus à craindre d’enfreindre la loi), ça ne signifie pas nécessairement un passe-droit pour les athlètes.

 

En effet, le cannabis continuera de faire partie de la liste des substances interdites en compétition publiée par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Par le fait même, les athlètes assujettis au Programme canadien antidopage (PCA) devront toujours craindre qu’un contrôle positif entraîne des sanctions. En gros, cela signifie que les athlètes canadiens doivent se tenir loin du cannabis.

 

Mais qu’en est-il des effets réels de cette plante sur les performances sportives? Est-ce que la consommation de cannabis procure un avantage suffisamment évident et réel pour que des athlètes élites courent le risque d’en consommer pour se rapprocher de la victoire? La réponse… c’est probablement pas!

 

Prenons par exemple un marathonien ou, mieux encore, un ultra-marathonien élite. S’il fume un joint avant de prendre le départ de sa course, deviendra-t-il l’homme à battre? Là encore, la réponse est non.

 

Cela ne fait toutefois pas l’unanimité. Le problème, c’est qu’il existe peu d’études sur l’effet du cannabis sur les sportifs, mais les témoignages anecdotiques de certains coureurs de longues distances ayant testé le produit bientôt légalisé parlent d’une sensation euphorisante. Selon eux, sa consommation améliorerait les performances en atténuant ou reculant leur seuil de fatigue tout en masquant la douleur de leur effort. Le cannabis les aiderait à se détendre avant le départ et diminuerait leur anxiété. La récupération serait également plus facile. Certains ajoutent le plus sérieusement du monde que l’usage du cannabis leur permet de penser à autre chose en courant et de chasser l’ennui. C’est vrai que ça peut être très long une épreuve de 100 miles!

 

Au-delà de ces supposées qualités, la consommation de marijuana recèle également son lot d’effets négatifs pour un coureur d’endurance. Elle augmente le rythme cardiaque et risque d’entraîner une hausse de la tension artérielle. C’est une évidence, elle peut entraîner des hallucinations et une perte de la réalité. Rien de recommandé lorsqu’on doit demeurer concentré sur une longue période!

 

Course à piedMais pourquoi serait-ce illégal pour un coureur canadien de se rouler un joint avant sa course alors qu’il peut sans problème consommer de l’alcool, une autre drogue légale,  sans risque de se faire épingler? La mode est même au « beer mile » actuellement, ces courses où les participants doivent rapidement ingurgiter une quantité impressionnante de bière en faisant quatre tours de piste.

 

C’est que le cannabis répond à plusieurs critères apparaissant dans le code mondial antidopage. Il est écrit qu’un produit est illégal si: « Il améliore ou a le potentiel d’améliorer la performance sportive, son utilisation peut nuire à la santé de l’athlète ou que son utilisation est contraire à l’esprit sportif. » Le cannabis s’inscrit donc dans une démarche dopante évidente puisqu’il permet de repousser les limites et de franchir des plateaux en entraînements ou en course grâce à de l’aide extérieure.

 

Le PCA tranche également concernant l’huile de cannabis (cannabidiol), un dérivé non psychoactif du cannabis. Depuis janvier dernier, ce produit à frictionner aux vertus anti-inflammatoires n’apparaît plus sur la liste des substances interdites par l’AMA. Toutefois, on rappelle aux athlètes que cette huile contient souvent une certaine concentration de tétrahydrocannabinol (THC) qui, lui, est interdit. Ainsi, l’athlète qui utilise de l’huile de cannabis le fait à ses propres risques.

 

Pour être assuré de courir dans la légalité et ne pas enfreindre les règles antidopage pendant sa carrière sportive, un athlète élite canadien doit donc prôner l’abstinence de cannabis. Il n’existe aucun autre moyen d’éviter totalement les risques, mais il est possible de les atténuer considérablement en s’assurant que la consommation de marijuana se fait au moins 30 jours avant le début de la compétition.

 

Personnellement, je loge à une seule enseigne et c’est celle d’un sport propre et sans dopage. Dans le cas de la course à pied, le simple fait de courir procure déjà un « buzz » bien documenté et étudié par la communauté scientifique. Ça s’appelle les endorphines! Je n’ai besoin d’aucune drogue pour me mener  à un sentiment de plénitude lorsque je pratique mon sport préféré. Pourquoi irais-je consommer du cannabis pour m’empêcher de ressentir les signaux que me lance mon corps pendant un marathon? J’ai ma santé trop à cœur.

 

Et pour les coureurs élites canadiens qui seraient tentés de s’allumer un joint, la mise au point du Programme canadien antidopage est on ne peut plus clair. Ils savent à quoi s’en tenir. À eux de respecter les règles.