Il nous a fait vibrer sur les routes du Tour de France. Il a été un coéquipier fabuleux en contribuant à la 6e place au classement général du Colombien Miguel Angel Lopez. Hugo a passé à l’histoire en inscrivant le meilleur résultat d’un Québécois sur une étape avec une 7e place. Il a même été dans le top 15 à cinq reprises. Je pourrais continuer à énumérer ses résultats remarquables dans d’autres épreuves, mais j’ai eu envie de savoir comment il en était arrivé là. Lorsque que je l’ai joint à Monaco, il a accepté de partager avec générosité quelques moments marquants de sa route vers le succès.

À 30 ans, Hugo est un modèle pour les futurs cyclistes, mais son succès n’est pas apparu par hasard. Retournons en 2008. Alors qu’il a 18 ans, il participe à ses premiers championnats du monde. Couronné champion canadien quelques semaines plus tôt, il raconte que la réalité l’a frappé de plein fouet lors de cette épreuve. « Cette année-là, j’ai fini dernier. J’étais tellement loin derrière que Spider techquand j’ai finalement terminé la course, les organisateurs étaient en train de démonter l’arche d’arrivée et les barrières. Disons que j’ai pris une claque. » Le champion canadien junior venait de découvrir ce qu’était le niveau international.

Cet épisode n’a pas empêché l’équipe pro continentale SpiderTech powered by C10 de voir le potentiel d’Hugo en 2011. Il venait de terminer sa technique policière et allait exercer ce métier. La vie elle, lui réservait autre chose. Son destin allait changer. « Ça été le point tournant de ma carrière. J’ai senti que je devais saisir l’opportunité de joindre les rangs de cette formation. J’avais 20 ans. Je me suis dit, si je fais 2-3 ans avec l’équipe, ce sera ça. J’ai foncé. » 10 ans plus tard, Hugo est toujours sur le circuit. Cette équipe aura été un tremplin et lui aura permis de progresser sur la scène internationale.

À la fin de la saison 2012, on lui annonce le retrait d’un partenaire majeur de sa formation, forçant l’arrêt soudain de leurs opérations. Son futur en tant que cycliste devenait alors incertain. En route pour les championnats du monde, sa performance allait être un enjeu. Sur la ligne de départ cette année-là, on retrouve Sam Bennett aujourd’hui maillot vert sur le Tour de France et Alexey Lutsenko, vainqueur d’étape également sur le Tour de France.

La mission d’Hugo était fort différente qu’à ses premiers mondiaux. Il devait faire un gros coup pour poursuivre sa carrière chez les pros. Il terminera au pied du podium en livrant une performance inoubliable qu’il décrit encore aujourd’hui comme étant l’un des moments forts de sa carrière. « Ce résultat est arrivé à un moment clef. C’est grâce à cette 4e place que j’ai signé un contrat avec la formation World Tour Ag2r La Mondiale. Sans ça, je ne pense pas que ça aurait débloqué. » Quatre ans après avoirLa mondiale terminé à plus de 18 minutes du vainqueur, il venait d’avoir la confirmation qu’il pouvait maintenant rivaliser avec les meilleurs au monde.

Nouvelle saison, nouvelle équipe et nouvelle réalité pour Hugo en 2013. Toujours en Europe, c’était terminé le temps où il était entouré de ses amis dans la même demeure comme c’était le cas avec son ancienne équipe. Loin de sa famille et de sa copine, la solitude est apparue. Le moral était mis à mal.  « J’étais motivé quand je partais pour une compétition, mais parfois ça n’allait pas comme prévu et je chutais. Je revenais chez moi et j’étais seul avec mes égratignures à regarder le mur blanc. Ça m’est arrivé de me demander pourquoi je faisais tous ces sacrifices. Les gens s’imaginent que quand tu es World Tour, le vélo c’est facile, mais ce n’est pas le cas. » Par la suite, son bon ami Antoine Duchesne a été son coloc. Ensemble, ils se sont soutenus.

Revenons aux sacrifices. Pourquoi continuer à les faire? Comment rester motivé? Ce mode de vie est devenu une seconde nature pour Hugo. « Chaque jour, je donne le meilleur de moi. C’est très rare que je ne fais pas un entrainement. Je suis positif. Je me concentre sur le moment présent. Je suis prêt à travailler fort, même quand c’est dur. Ce qui me stimule, c’est que je m’améliore et je me rapproche de mon rêve de gagner une course sur un Grand Tour. Pour y arriver, chaque détail compte. »

7 jours sur 7/24 heures sur 24, voilà un bref aperçu de la formule :

  •  Déjeuner optimal en fonction du programme de la journée
  • 30 minutes d’activation et renforcement musculaire
  • Sortie à vélo de 5 à 6 heures
  • 30 minutes d’étirement, yoga et relaxation
  • Souper nutritif planifié selon l’entraînement du lendemain

 

Hugo Houle œuvre au sein de la formation professionnelle Astana depuis 2018. Il y sera jusqu’en 2022. Deux années consécutives à être parmi les 8 coureurs sélectionnés sur 30 pour le Tour de France. Sa 7e place est maintenant sa source de motivation. Cette page d’histoire, est-ce que ça le fera briller davantage?

Chose certaine, celui qui roule avec une petite croix sur son vélo en mémoire de son frère Pierrik, est le seul qui pourra nous le dire. « Il me protège, c’est mon porte-bonheur. Un jour, je vais en gagner une pour lui. »