Il a répondu à mon appel téléphonique. Essoufflé, il roulait à vélo.

 

Il aura 77 ans le 16 mars 2021. Une inspiration, un verbomoteur, le sourire continuellement accroché à son visage, fuyant continuellement le négatif.  Roland Robichaud constitue un être particulier.

 

Né à Dolbeau et arrivé à l’âge de 15 ans à Montréal, la vie n’aura pas toujours été facile pour cet homme aux milles métiers. Débrouillard comme pas un, il a décidé de prendre une retraite partielle à 65 ans. Mais n’ayez crainte, il n’a pas complètement abdiqué puisqu’il comble ses moments libres dans le paysagement l’été et le déneigement l’hiver.

 

Durant l’entrevue, il ne cessera de s’esclaffer. Son rire est communicateur et m’incite à embarquer dans la danse. Impossible de rester indifférent face à ce personnage. On m’en avait parlé et je doisRobichaud 5 admettre que ces gens avaient raison. Il vaut le déplacement.

 

C’est sous l’invitation d’un groupe d’amis qu’il s’initie à la course à pied en 1979. Il adore immédiatement cette discipline. Roland fumait à l’époque. On lui conseille d’arrêter. « Si tu écrases la cigarette Roland, on est certain que tu vas tous nous battre ». Il suit cette recommandation et octobre 1980 marquera le point de départ d’un rejet définitif de la cigarette. Tel qu’anticipé, Roland devient le meilleur de son groupe. Il deviendra même champion canadien en salle pour le 1500 mètres et le 5 km.

 

Avec plus de 300 compétitions dont 11 marathons derrière la cravate, la pandémie l’empêche actuellement de poursuivre mais il promet de reprendre dès que tout cela sera derrière. « Je suis beaucoup trop jeune pour balancer la course à pied. Puis, il devient sérieux pour dix secondes.

 

« Tu sais Daniel, on est chanceux, toi et moi d’être là aujourd’hui. Et c’est pour cette raison que l’on peut converser. Ce n’est pas juste de courir qui nous rend heureux. Le sourire, c’est primordial dans nos vies. On me dit souvent que je suis une machine mais ne t’en fait pas, mes deux pieds touchent à la terre car dans ma tête, il fait toujours beau, même quand c’est nuageux, même quand il pleut, même lorsque je traverse des épreuves. Sérieux, je parviens à me nourrir de bonheur », m’explique ce père de deux enfants, Jean-Yves, 41 ans et Denis, 33 ans.

 

Roland ne vit plus avec son épouse depuis quelques années mais il tient à préciser que cette rupture s’est faite sans ennui, en toute douceur. « Nous sommes même restés des amis », tient-il à spécifier.

 

Par son attitude, il nous donne forcément une belle leçon de vie qui nous invite à la prendre du bon côté. Membre des Vainqueurs et des Godasses du Nord, il porte avec fierté les deux chandails de ces
Robichaud 2regroupements. Adepte de ski de fond et de marche athlétique durant l’hiver, il met la course à pied en veilleuse pendant ces quelques mois.

 

Sur la Covid, il me réservait cette formule. « Je me dis depuis huit mois qu’elle ne viendra pas perturber ma vie, qu’elle n’aura pas ma peau. Tout se passe dans notre tête, il ne faut pas se laisser déranger par le négatif, il faut aimer et apprécier la vie. Mon café chez Tim Horton, je le prends à la maison car je n’ai plus le choix. Je dois écouter les recommandations »

 

Concernant les blessures, il n’a pas été éprouvé. Adepte d’une petite sieste durant l’après-midi, il relaxe et s’inspire d’une philosophie dont on aurait avantage à copier. Régulièrement lors de notre conversation, il m’appellera « Hey men », démontrant admirablement bien la familiarité qui s’était installée rapidement entre nous.

 

Il termine en me lançant ces sages paroles. « Je n’arrêterai pas de courir et tu peux écrire que je devrais Robichaud 3mourir aux alentours de 115 ans. Il me reste encore 30 ans à courir et j’anticipe prendre une vraie retraite vers 100 ans. C’est ainsi qu’il faut voir la vie mon cher Daniel. »


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