J’ai rencontré cette semaine une amie de longue date, coureuse de demi-marathons, qui ne me semblait pas dans une forme resplendissante! Elle boitait légèrement et portait un pansement à la main droite.

 

Inquiet, je me suis enquis de la mésaventure qui l’avait conduite dans un pareil état. Revenait-elle d’une randonnée en vélo de montagne? D’un saut en parachute à l’atterrissage un peu abrupt? Ou d’une séance de patinage à roues pas vraiment alignées?

 

Rien de tout cela! Elle avait plutôt participé, quelques jours auparavant, à une course à pied organisée de 10 kilomètres dans son coin de pays. Ce qui s’annonçait comme une course facile s’était malheureusement terminée par une visite à l’urgence en raison d’une vilaine chute sur le bitume.

 

Cette chute était survenue à une table de ravitaillement alors que de nombreux coureurs s’arrêtaient pour boire quelques gorgées d’eau. Une certaine confusion régnait si bien que mon amie n’a jamais pu éviter un participant slalomant parmi les coureurs pour attraper un verre d’eau. Elle fut projetée au sol!

 

Depuis des années, je rédige chaque semaine une chronique sur la course à pied. Je vous parle des meilleurs athlètes au monde, des techniques d’entraînement, de vêtements et chaussures. Bref, de tout ce que je juge important à savoir pour un passionné de course à pied comme moi.

 

La rencontre avec ma copine éclopée m’a fait réaliser à quel point le ravitaillement lors d’une course revêt un aspect primordial, mais souvent négligé. Que ce soit seul ou lors d’une course organisée, une mauvaise technique ou stratégie de ravitaillement viendra assurément handicaper le résultat souhaité. Je prends donc quelques instants pour vous rappeler que le ravitaillement est un talent qu’il est important de posséder!

 

Seul ou en groupe

 

Se ravitailler en course consiste à prendre quelques gorgées d’eau, de boisson ou de gel énergétiques. Cela peut aussi être une bouchée de nourriture si vous faites une longue distance. Évaluez votre forme physique et veillez à ne pas la surestimer. Il est important de bien s’hydrater, même en hiver!

 

Les courses organisées s’assurent de positionner des tables de ravitaillement à intervalles réguliers sur leurs parcours. Vous n’avez pas ce luxe lorsque vous courez seul pour votre entraînement. Toutefois, il existe une panoplie de ceintures avec pochettes ou de bouteilles avec ganses qui rendent le transport de vos ravitaillements faciles.

 

Si vous n’aimez pas courir en portant une bouteille ou un sac de jujubes, optez pour un parcours avec des boucles vous faisant revenir régulièrement à votre point de départ. Vous y aurez laissé au préalable ce dont vous avez besoin pour boire ou manger.

 

Il peut paraître plus simple de se ravitailler lors d’une course avec dossards. Après tout, pas besoin de se casser la tête. Un simple coup d’œil sur le site officiel de l’événement vous dira où sont situés les points d’eau ou de nourriture.

 

Lors de courses importantes et longues, comme des marathons, il n’est pas rare d’avoir une description très précise de ce qui se trouve aux tables. Chocolats au 21e kilomètre, quartiers d’oranges au 26e, éponges d’eau au 30e, sachets de sel au 35e, sachets de gel au 37e, etc. Au Marathon de Paris, je me souviens d’un verre de vin au 35e kilomètre. Pas évident à apprécier!

 

Cette simplicité occulte par contre le danger que peut représenter un mauvais ravitaillement. Et celui-ci croît au même rythme que le nombre de participants. Au même titre qu’un triathlète possède l’art des transitions, un coureur doit détenir celui des ravitaillements.

 

Lorsqu’un coureur veut se ravitailler à une table, il doit faire vite et, surtout, ne pas s’arrêter. Cela créerait un bouchon monstre et entraînerait des collisions et des chutes. C’est ce qui est arrivé à mon amie! S’il tient absolument à marcher pour boire, il doit le faire à l’écart en changeant de trajectoire sans nuire aux autres participants. Boire un verre d’eau en courant requiert une certaine dextérité. Pour éviter de s’éclabousser et perdre le précieux liquide, le coureur doit pincer le haut du gobelet.

 

Lorsqu’il se débarrasse de son verre ou de sa bouteille d’eau, il doit tenter de les déposer dans une poubelle ou un bac situé dans l’aire où œuvrent les bénévoles. Une route jonchée de verres ou de bouteilles vides est glissante et dangereuse.

 

Lorsqu’il arrive dans une zone de ravitaillement, le coureur ne doit pas avoir peur de jouer un peu du coude pour se rendre jusqu’à son verre d’eau. Il peut pointer du doigt un bénévole pour lui signifier qu’il veut son verre. Souvent, de l’eau est offerte sur un côté de la route et des boissons sportives de l’autre. Attention pour ne pas confondre. Rien de plus fâcheux que de s’envoyer du Gatorade en plein visage pour se rafraîchir! Ça m’est déjà arrivé. Ça pique les yeux et c’est collant!

 

Un petit truc enfin : lorsque vous vous arrivez aux ravitaillements, visez la dernière table. C'est souvent la moins achalandée car le réflexe de plusieurs est de s'arrêter aux premières

 

Et pour ceux qui demandent à des proches de les attendre à un endroit précis du parcours avec leur ravitaillement personnel, révisez vos plans! Le rendez-vous souhaité n’a souvent pas lieu pour de multiples raisons. On doit alors travailler très fort pour survivre jusqu’au prochain ravitaillement.

 

En conclusion, le ravitaillement est un élément essentiel d’une course. Il l’est pour tous les coureurs. Nous devons donc tous nous assurer que notre comportement sur le parcours ne nuira pas aux autres participants qui souhaitent se ravitailler également. Il est possible de le faire sécuritairement tout en ne perdant pas trop de temps. Courir ne doit surtout pas devenir un sport extrême!

 

Bonne course!