Le Marathon international de Montréal avait besoin d’un sérieux coup de barre! Parcours inintéressants, absence de coureurs élites, bourses ridiculement basses et qui tardaient à être versées aux coureurs, pas assez de toilettes au départ, désintéressement de la population, etc. La liste des irritants était longue.

 

Heureusement, un vent de renouveau souffle à quelques jours de la 28e édition de l’événement de course à pied le plus populaire du Québec qui se tiendra les 22 et 23 septembre prochain. Près de 25 000 coureurs y sont attendus. Le calendrier des très nombreuses activités au programme sera piloté par une équipe québécoise sous la bannière IRONMAN, une franchise reconnue qui exploite un portefeuille mondial d’événements sportifs. Le producteur et directeur de la course, Dominique Piché, s’est dit « fier de donner une nouvelle impulsion au Marathon ». Et comment! L’organisation qu’il chapeaute a choisi de revisiter chaque facette de cette grand-messe des coureurs. Il était temps de le faire.

 

Pendant de nombreuses années, j’ai été très critique à l’endroit du marathon montréalais. Par honnêteté, je me dois maintenant d’avouer que je suis impressionné par le programme de la prochaine édition. Elle se déroulera sur deux jours et son quartier général s’est déplacé au Quartier des spectacles, lieu du point de départ et d’arrivée de toutes les courses. Cinq nouveaux parcours mettant en valeur les plus beaux attraits de la ville seront proposés aux coureurs.

 

Il était important de faire en sorte que les Montréalais se réapproprient leur marathon, que cet événement signifie autre chose pour eux que des fermetures de rues! Ainsi, du 17 au 20 septembre, des conférences sur la santé seront offertes au complexe Desjardins par la fondation du centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM). Le vendredi, la population sera invitée à bouger lors d’une marche citoyenne gratuite de trois kilomètres. Et j’aime l’idée d’un spectacle annoncé d’une durée de 2 h 02 de Gregory Charles le samedi soir à 20 h. Un clin d’œil au record du monde détenu jusqu’au dimanche 16 septembre par le Kényan Dennis Kimetto (2 h 02 : 57), établi en Allemagne en 2014. Est-ce que le chanteur écourtera son spectacle d’une minute maintenant que le record a été amélioré par le Kényans Eliud Kipchoge à Berlin (2 h 01 : 40)?

 

À noter que l’événement prend un virage vert. Des citernes d’eau et verres biodégradables seront utilisés sur l’ensemble des parcours. Aucune bouteille d’eau ne sera distribuée. On sensibilisera également les coureurs à la nouvelle tendance mondiale du « plogging » qui consiste à courir tout en ramassant les déchets qui trainent au sol. Idéal pour ceux qui souhaitent faire de petites pauses pour reprendre leur souffle ou qui s’entraînent par intervalles.

 

Le retour de l’élite

 

Sur le plan purement sportif, car après tout c’est de course à pied qu’il s’agit, c’est le retour de l’élite qui retiendra l’attention. La meilleure façon de savoir si votre marathon s’inscrit parmi les plus importants de la planète, c’est de jeter un coup d’œil aux gagnants et à leurs chronos. L’année dernière, en raison de la chaleur caniculaire, la course de 42,2 kilomètres avait été annulée. En 2016, l’Islandais Kari Steinn Karlsson avait triomphé en 2 h 24 : 19. En 2015, le Québécois Nicholas Berrouard (2 h 26 : 43). En 2014, l’Américain Ben Bruce (2 h 22 : 38). En 2013, le Québécois David Savard-Gagnon (2 h 30 : 15).

 

Arianne RabyChez les dames en 2016, c’est Arianne Raby, de Repentigny, qui avait franchi le fil d’arrivée en premier (2 h 48 : 54). En 2015, une autre Québécoise, Geneviève Asselin Demers, avait remporté l’épreuve (2 h 59 : 00).  Johanne Normand en 2014 (3 h 01 : 27) et Nadia Bolduc en 2013 (2 h 51 : 33) ont également gagné la course montréalaise.

 

Loin de moi l’idée de vouloir diminuer le formidable exploit que représente une victoire au marathon. Il n’en demeure pas moins que les chronos des récents gagnants et gagnantes sont à une petite éternité de ceux réalisés par de véritables coureurs élites de calibre mondial. Il faut dire que les bourses offertes, quelques centaines de dollars, n’aidaient pas à les attirer.

 

Cette année, après huit années d’absence, les athlètes de catégorie Élite seront de retour au marathon et des bourses spécifiques leur sont destinées, totalisant 50 000 dollars. Les deux vainqueurs, homme et femme, toucheront 10 000 dollars chacun. Les meilleurs Canadiens recevront 1 000 dollars. Et les premiers Québécois auront droit à 1 000 dollars. À noter que la Fédération québécoise d’athlétisme a collaboré avec l’organisation du Marathon international de Montréal pour mettre sur pied ce programme de bourses visant à soutenir davantage le développement des athlètes d’ici.

 

Le recrutement des athlètes de catégorie élite a été fait auprès d’athlètes capables de courir sous les 2 h 17 chez les hommes et sous les 2 h 40 chez les femmes. Cela signifie qu’une dizaine de coureurs kényans et éthiopiens débarqueront à Montréal, dont Wicliffe Biwot (2 h 09 : 55) et Ezekiel Mutai (2 h 11 : 15). Chez les femmes, l’Éthiopienne Joan Kigen (2 h 30 : 33) sera à surveiller, mais également sa compatriote Emebet Anteneh qui participera à son premier marathon. Anteneh a remporté le plus récent demi-marathon d’Edmonton avec un chrono (1 h 11) qui laisse présumer de belles performances sur le double de la distance. Même s’ils n’aspirent pas à la victoire, quelques Québécois seront à surveiller. C’est le cas d’Anthony Larouche (2 h 24 : 42).

 

Il reste à souhaiter que les amateurs de course à pied ne bouderont pas leur plaisir et se déplaceront tout au long du parcours pour encourager les participants. Les coureurs élites qui termineront la course en 2 h 15 ont beaucoup de mérites, mais que dire de ceux qui auront besoin de cinq ou six heures pour le compléter!

 

Et pas besoin de courir pour s’impliquer dans cette 28e édition du Marathon international de Montréal. L’organisation est toujours à la recherche de bénévoles (benevole@marathondemontreal.com). Si vous voulez vivre une expérience nouvelle de bénévolat, allez donner un coup de main. Ça vous incitera peut-être à y participer à nouveau l’année prochaine, mais à la course cette fois!