Je suis un très grand amateur de Formule 1. Ce n’est pas un hasard si je décris les qualifications et courses lorsque mon collègue, Pierre Houde, doit s’absenter pour un conflit d’horaire. J’aime pas mal tout de ce sport.

 

Ceux pour qui ce n’est pas le cas me disent souvent de leur montrer une bonne voiture et ils me montreront un bon pilote. D’autres prétendent que les pilotes de Formule 1 ne sont pas des athlètes puisqu’ils ne font que tourner un volant.

 

Je ne pourrai peut-être jamais convaincre les premiers que ça prend plus qu’une bonne voiture pour gagner des courses, mais je vais dans cette chronique expliquer aux seconds qu’il faut être dans une forme exceptionnelle pour survivre à une course de F1, encore pus à une saison de 23 courses comme celle qui se met en branle en 2021.

 

 

De vrais athlètes

 

Piloter un bolide à des vitesses folles sur des circuits de F1 est tout sauf un hobby! Il ne faut pas uniquement s’assoir au volant d’une voiture très rapide et conduire. Peut-on comparer la forme d’un pilote de F1 à celle d’un joueur de hockey, de soccer ou d’un marathonien? Absolument!

 

Un pilote de F1 en 2021 a une condition physique tout aussi bonne que tous les athlètes des sports que je viens de mentionner. Aucun sport ne garde la fréquence cardiaque des athlètes aussi élevée et pour une aussi longue durée que la F1. La situation est identique pour la température corporelle qui atteint des niveaux record chez les pilotes de F1.

 

Comment cela est-il possible alors que le boulot des Lance Stroll, Sebastian Vettel, Lewis Hamilton et Max Verstapen de ce monde consiste essentiellement à être… assis? Allons-y de quelques explications simples qui feront tomber quelques murs de sarcasmes! 

 

 

Une forme physique exceptionnelle

 

Ce sont des athlètes hors-norme qui doivent endurer des vitesses folles et subir des forces allant jusqu’à 5G dans les virages, les accélérations et les freinages.  Si un homme en bonne santé avait la chance de piloter une F1, il devrait arrêter son bolide après quelques tours en raison d’étourdissements, de nausées et possiblement d’un risque d’évanouissement.  Un pilote (un peu bedonnant) de Nascar trouverait l’expérience périlleuse et éprouvante.

 

Il est vrai que la qualité de la voiture compte beaucoup pour la victoire. Je ne le nie pas!  Mais pour terminer une course, que ce soit au volant de la meilleure ou de la pire voiture de F1, un pilote doit s’astreindre à un entraînement structuré et difficile. Tous peuvent compter sur des entraîneurs personnels qui préparent des plans visant à développer leur endurance grâce, par exemple, au vélo, à la natation, à la course à pied ou au ski de fond.

 

Pendant toute la durée d’une épreuve, la fréquence cardiaque d’un pilote se situe à une moyenne de 80% de sa fréquence maximale. Imaginez votre cœur à 170 battements par minute pendant deux heures (avec des pointes à 200 bpm) alors que les ceintures et les courroies qui vous lient à votre siège sont tellement serrées qu’elles entravent votre respiration! Certains pilotes n’hésitent pas à dire qu’un tour de piste sur certains circuits de F1 (Monaco, entre autres), c’est comme une plongée en apnée.

 

Lors d’un grand prix, un pilote ne peut pas prendre une petite pause pour souffler et se rafraîchir. Ou bien actionner l’air climatisé dans son cockpit. S’il veut s’hydrater, il doit puiser dans son petit litre d’eau tiède embarquée à bord. C’est peu pour éviter la déshydratation et les risques que cela implique sur la concentration en piste. En transpirant un pilote perd de trois à cinq kilos lors d’une course. C’est encore pire dans les pays où règne une température chaude et humide comme la Malaisie.

 

Les pilotes de F1 doivent s’astreindre à un entraînement éreintant visant à muscler leurs bras, leurs jambes et, surtout, leur cou. Car les force G multiplient le poids de tout! Ainsi, le poids moyens d’un casque et du système de protection HANS (Head and Neck Support) qui y est rattaché est de 7 kilos ce qui signifie que, lors d’un freinage brusque à 5G, le pilote essaie de garder la tête droite malgré un poids de 35 kilos pour pouvoir se concentrer et négocier le virage suivant. Vous essaierez de lever 35 kilos avec votre tête! Bravo si vous y parvenez. Maintenant faites-le une cinquantaine de fois en moins de deux heures.

 

Les pilotes respectent également des diètes sévères et un entraînement rigoureux pour maintenir une forme physique optimale qui leur permettra, bien sûr, d’être alertes en piste. Mais c’est aussi pour se donner une meilleure chance de survie en cas d’accident majeur. Avec les voitures de plus en plus rapides, une concentration de tous les instants est primordiale. Romain Grosjean a réussi à s’extirper de son bolide en feu au Bahreïn en novembre dernier puisqu’il ne s’était pas évanoui. Il a eu beaucoup de chances, mais sa condition physique y est pour beaucoup également. 

 

À tous ceux qui remettent en cause la forme physique des pilotes de formule un, sachez qu’ils sont des supers athlètes. À force de s’entraîner, plusieurs sont devenus d’excellents coureurs ou cyclistes. L’ancien pilote Jenson Button était même devenu un des meilleurs triathlètes de la Grande-Bretagne il y a quelques années.  

 

Un pilote s’entraîne six jours par semaine, deux fois par jour, pendant la saison morte entre décembre et mars. Il lève des poids en matinée et fait des exercices de cardio en après-midi. Lorsque la saison débute, tous les pilotes sont au summum de leur forme. Leur défi est ensuite de maintenir cette forme pendant l’éprouvant calendrier qui les trimbale un peu partout sur la planète et au milieu de toutes les activités promotionnelles qu’ils doivent honorer.

 

Malgré tous les arguments cités dans cette chronique, plusieurs continueront de croire que les pilotes de F1 ne sont que des hommes qui tournent un volant et qui pèsent sur des pédales. Pourtant, lorsque vous conduisez des bolides à plus de 300 km/h et que vous poussez votre corps à la limite des lois de la résistance humaine pendant deux heures en brûlant plus de 1 500 calories, vous avez légitimement le droit de revendiquer le titre d’athlète.

 

Il est malheureux que ceux qui doutent ne puissent embarquer dans une F1 pour faire quelques tours de piste avec un pilote professionnel. Quelques minutes suffiraient à les convaincre!

 

Bonne saison de F1 à RDS tout le monde!

 

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