Maude Pelletier a 7 ans.

Avant de quitter pour l’école dans sa ville natale de Val d’Or, elle regarde son voisin qui se prépare. Il s’apprête à partir pour courir un entraînement. Intriguée, elle va à sa rencontre dans le but d’obtenir de plus amples informations. Il l’informe qu’il s’entraîne dans le but de courir un marathon.

Sans trop savoir pourquoi, à son retour à la maison, elle dit à sa mère: « Maman, un jour, je vais courir un marathon.»

Aujourd’hui âgée de 43 ans, cette avocate conseillère au secteur des négociations nationales à la Fédération professionnelle de la santé du Québec, se préparait à concrétiser cet objectif qu’elle caresse depuis sa tendre enfance lorsque nous l’avons rencontrée dans un petit café à Montréal jeudi dernier, à quelques jours du marathon de Rimouski.

Elle m’avait écrit, croyant que j’allais y participer. Elle voulait me rencontrer. Comme vous savez, considérant le facteur fatigue, j’ai dû modifier mon horaire, préférant prendre part à celui de Baie Comeau en juillet. Cette sage décision m’a permis de prendre une pause de deux mois et demie pour me consacrer par la suite à mes 99e et 100e marathons à Montréal et Québec.

Toutefois, alors que je lui expliquais les raisons de mon absence, elle m’informe qu’elle est la mère de huit enfants ! Wow ! Inutile de vous dire que cette phrase à eu pour effet de piquer ma Maude Pelletier #3curiosité et immédiatement, je lui ai proposé un entretien afin de mettre la table pour la rédaction de ce texte.  Je voulais connaître sa méthode pour dénicher le temps nécessaire à bien se préparer en vue de ce défi. Voilà l’histoire d’une professionnelle déterminée qui réalisera son rêve.

En premier lieu, elle me présente ses enfants, Sarah-Jade, 19 ans, Anne-Laurence, 16 ans, Lou, 14 ans, Charlie, 12 ans, Billie-Rose, 8 ans, Lilo, 5 ans, Alfie et Milo, deux jumeaux identiques, âgés de 3 ans. « Après le marathon, mon chum et moi allons trancher à savoir si un autre enfant suivra, une décision qui sera difficile car on parle d’un projet de vie commune.»

Mariée avec Karl Johnson, un conseiller cadre en psychoéducation au CIUSSS à Québec ainsi que chargé de cours à l’université Laval, il l’accompagnera pour ce 42km et c’est justement là la beauté de la chose.

Maude se souvient qu’à 14 ans, elle avait participé à un cross à l’école. À un certain moment, des gars qui couraient avec elle lui ont signifié qu’elle occupait le 3e rang. Maude croyait dur comme fer qu’ils se moquaient d’elle. Quelle ne fut pas sa surprise de constater au terme de l’épreuve qu’elle se classait 3e, ce qui lui accordait le privilège de se rendre aux Jeux régionaux. Depuis cette journée, la course à pied l’a toujours habitée.

Elle courait lors de ses premières grossesses et son premier 21km, elle l’a réalisé deux mois après la naissance de son 6e enfant. « Ça fait cinq ans que je parle de courir un marathon. Karl et moi en discutions et rapidement, il accepté de me suivre dans cette belle aventure. Ainsi, il arrive régulièrement que nous partions ensemble pour nos entraînements et les plus vieux de nos enfants surveillent les plus jeunes. Karl est plus rapide que moi mais il ne m’abandonne jamais.» Il lui a dit que sans sa présence, il n’aurait jamais pensé courir un marathon dans sa vie.

Dès les premières semaines d’entraînement, Maude croyait qu’elle pourrait franchir la ligne d’arrivée des 42km aux alentours de 4h30 mais depuis qu’elle a réussi son 30km, elle reconnaît que cette intention pourrait bien être modifiée. Malgré un petit malaise à une hanche et des journées de fou au travail récemment, rien ne pourra l’arrêter, si près du but.  « Les dernières nuits ont été courtes », elle qui travaille autant à Montréal qu’à Québec.

 « Je suis tellement bien quand je cours, autant au niveau de ma santé psychologique que mon équilibre. Courir m’aide à prendre du recul. Je ne m’impose pas cette discipline car elle fait partie intégrante de ma vie.

Maude Pelletier #4Peu importe ce qui se produira à Rimouski, Karl talonnera Maude du premier au dernier kilomètre et si jamais, elle abandonne, il abandonnera également. « Mon marathon, je le compare à un accouchement. Et je t’assure que ce ne sera pas mon dernier. Je ne veux absolument rien prouver à personne, il s’agit de motifs bien personnels qui me poussent et ce défi m’appartient. »

Il y a deux ans, elle s’était inscrite à un pèlerinage avec deux de ses enfants sur les sentiers Kapatakan au Lac Saint-Jean et le trio avait franchi la distance de 209km en sept jours.

Alors, après un tel défi et huit accouchements, le marathon de Rimouski viendra assurément satisfaire une attente qu’elle couve dans son esprit depuis 36 ans.