Qu’ont en commun David Veilleux, Antoine Duchesne et Hugo Houle? Premier point : Ils sont les seuls athlètes originaires du Québec à avoir participé au Tour de France. Deuxième point : Ils Hugo Houleont travaillé tous les trois avec le même entraîneur. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé quelle est la route à prendre pour espérer un jour se retrouver sur la ligne de départ de la course la plus prestigieuse au monde? Pierre Hutsebaut, l’entraîneur qui leur a fait goûter à ce succès a accepté de nous expliquer.

Tout d’abord, il faut savoir que Pierre n’a pas réussi cet exploit par hasard. Son expérience ainsi que la contribution qu’il a apporté dans le domaine est assez spectaculaire.

Il a été le responsable technique des épreuves cyclistes sur route aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. En 1982, il a été l’un des premiers entraîneurs de la fédération du Québec et entraîneur national. Par la suite, il a été directeur des programmes nationaux et directeur de l’association cycliste canadienne mettant en place le centre national de cyclisme de Bromont. En 2003, il a organisé les championnats du monde de cyclisme sur route au Canada et c’est en 2006 qu’il a ouvert le PEAK centre, ce centre de haute performance qui a permis à ces trois Québécois de passer à l’histoire.

Lorsqu’il débute son cheminement avec un athlète, Pierre prend bien soin d’être à l’écoute afin de savoir quelle est la direction à prendre. « Quand j’entraîne quelqu’un de moins de 19 ans, je ne sais pas combien de temps il va rester motivé, car il y a beaucoup de choses qui peuvent arriver. C’est important d’identifier les étapes à franchir pour se rendre au Tour de France. C’est pourquoi je veux comprendre comment mon athlète se sent émotionnellement par rapport à cet objectif. Le physique c’est une chose, mais lorsqu’on fait le bilan de saison, le désir de performer et d’aller plus haut doit venir de l’athlète et ça, je dois le ressentir. »

Comme vous le savez, faire une course par étape de trois semaines avec les meilleurs cyclistes au monde, ce n’est pas une mince tâche! Il faut donc être prêt à travailler fort, mais ça ressemble à quoi travailler fort dans le monde du cyclisme? Selon Pierre, tout est une question de progression. « Avec un athlète de 17-18 ans, ça prend 500 heures d’entraînement par année pour le développer. Ensuite sur une période de 5 ans, j’augmente d’un certain pourcentage par année. Pour être sur le circuit World Tour, il faut s’entraîner 1000 heures par année. C’est donc 25 000 à 30 000 kilomètres de vélo par année. ».

Pierre ajoute qu’Hugo Houle est le modèle à publiciser pour les jeunes. « Il est l’exemple même de quelqu’un qui a progressé tranquillement avant d’être sur le World Tour. Il y a un chemin à parcourir et il faut être très patient. J’ai commencé avec lui en 2006 et c’est seulement en 2019 qu’il a fait son premier Tour de France. Il est maintenant un des meilleurs équipiers sur le circuit. Ce qu’il a acquis avec le temps, c’est être fort la 5e et la 6e heure de course, parce que c’est là que son leader a besoin de lui. » Pas surprenant qu’il en soit à son deuxième Tour de France et le seul athlète au Canada à y prendre part cette année!

David VeilleuxRevenons maintenant en 2013. Lors de la première étape du Critérium du Dauphiné, David Veilleux passe à l’attaque dès le premier kilomètre et gagne en solitaire. Derrière lui, Alberto Contador, Tony Martin et Chris Froome. Ça vous dit quelque chose ces noms? Résultat : Il portera le maillot jaune jusqu’à la troisième étape de huit et passera à l’histoire comme étant le premier athlète originaire du Québec à participer au Tour de France cette même année.

Pierre explique qu’il faut cibler des objectifs de performance dans le calendrier pour parvenir à faire un grand coup comme celui-là, mais ça prend également de la force mentale. « Je mets beaucoup l’accent sur l’aspect psychologique, parce que ça fait mal atteindre le meilleur niveau, mais ça fait la différence. Lorsque je regarde tous les coureurs qui sont sur la ligne de départ, je vois sur leur visage ceux qui sont armés mentalement pour gagner. »

Quant à Antoine Duchesne, il est l’exemple même de résilience. Ayant été aux prises avec des problèmes de santé, il a vu sa deuxième participation au Tour de France s’effondrée lorsqu’on lui a Antoine Duchesneannoncé qu’il avait la mononucléose. Pierre sait qu’il reviendra vite à ce qu’il aime le plus : Se mettre en tête du peloton pour son leader et voir le peloton tout étiré derrière lui! « Antoine est toujours de bonne humeur et prêt à faire ce qu’on lui demande. Il n’y a pas de oui mais. C’est une question de personnalité et il est un atout dans son équipe. »

Évidemment, j’ai voulu savoir ce que ça représentait pour un entraîneur d’avoir amené les trois seuls Québécois à participer au Tour de France. « Je suis content de contribuer et d’aider ces coureurs à franchir les étapes. C’est comme si j’avais apporté ma pierre à l’édifice. »

Maintenant, qui sera le prochain? L’histoire nous le dira ou Pierre nous le fera découvrir très bientôt!

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