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RÉSULTATS

Un doigt dans l'oeil!

Daniel Lequin - rds.ca
Publié
Mise à jour

Les bonnes personnes, il faut savoir les apprécier, les conserver dans notre entourage, les respecter et accomplir les gestes qui prouveront et démontreront notre appréciation envers elles.

 

Je sais ce que représente un gars comme Jonathan Garneau, ce qu'il dégage comme bonté et gentillesse, ça se voit, ça se sent, ça n'a pas besoin d'être écrit en grosses lettres sur une affiche. Rien d'éblouissant, de spectaculaire mais combien chaleureux.

 

 

Alors, je me devais de participer à son DÉFI 20COEUR qu'il a planifié à Québec, il y a quelques jours. Marcher 80 km, des Plaines d'Abraham à Québec jusqu'au Lac St-Charles, aller-retour sur deux jours avec en grande partie sur un sentier en forêt et des escaliers à n'en plus finir. Je me disais : Je suis capable de courir 42 km, alors, je devrais normalement être en mesure de réaliser ce défi !

 

 

Détrompez-vous, je me suis mis royalement un doigt dans l'œil.

 

En fait, je vous dirais que j'ai sous-estimé le défi, sans vraiment me préparer adéquatement et en bout de ligne, j'en ai payé le prix.

 

Nous étions approximativement une centaine à prendre le départ mais tous n'avaient pas en tête de le parcourir en entier. Honnêtement, je ne possède aucune base dans les longues marches. J'ignorais quels souliers enfiler. Je me suis dit que mes vieux souliers de course allaient être adéquats. J'en ai déduit que si j'ajoutais mes bas de course, j'allais être confortable.

 

Quelques minutes avant de partir, j'ai fait la connaissance de Jean-Paul Trudeau, un ancien militaire maintenant à la retraite, qui a déjà couru quatre marathons à Ottawa et hautement expérimenté dans la marche. Dans ma tête, j'en ai conclu qu'il pouvait devenir un partenaire exceptionnel, moi qui allais vraiment de découvertes en découvertes.

 

EN AFGHANISTAN À DEUX REPRISES

 

 

Nous sommes partis ensemble. Au fur et à mesure que nous marchions, j'ai constaté qu'il n'était pas là pour contempler les paysages. Cadence rapide, je devinais qu'il se retrouvait en mission. Au lieu de l'Afghanistan où il s'y est déjà retrouvé à deux reprises durant sa carrière dans l'armée, nous étions à Québec. Partis en queue de peloton, je voyais notre progression jusqu'au moment où nous nous sommes retrouvés en tête.

 

Au milieu du trajet, mon inconfort me hantait. Je commençais déjà à ressentir des douleurs à mes deux pieds. Je marchais trop rapidement. Je tenais à suivre Jean-Paul qui savait où il s'en allait car ce n'était pas toujours évident de suivre ce trajet remplis de détours. Intérieurement, je me disais que si je le perdais de vue, j'étais foutu, je me serais assurément égaré.

 

Je n'avais donc pas le choix de le talonner.

 

À la pause du dîner, pas question de flâner trop longtemps pour Jean-Paul. Il a mangé son sandwich en un temps record et il était déjà prêt à décoller alors que je venais à peine de m'asseoir. « Je ne peux rester inerte trop longtemps, sinon, je vais m'endormir », m'a-t-il dit à ce moment-là.

 

Alors, nous avons décollé.

 

Je souffrais le martyr avec mes pieds. Plus nous avancions, plus je souffrais. Naomi (Pellerin-Swenne) s'est jointe à nous. Je ne me souviens même plus comment elle est apparue, tellement je ne vivais plus le moment présent.

 

Une jeune de 26 ans, tellement fringante, je l'enviais. Ah ! Si j'avais 20 ans.

 

PROSTATE OBLIGE

 

 

Jean-Paul était régénéré et il ne ralentissait pas. À l'occasion, je devais faire mon petit pipi, prostate oblige. Lorsque je me retournais, Jean-Paul et Naomi filaient à toute allure et avaient disparu de mon champ de vision. À un certain moment, je les ai vraiment perdus. Je me suis présenté à une intersection où je devais choisir entre le sentier de gauche ou celui de droite pour les rattraper. Je me souvenais que Jean-Paul m'avait dit de toujours suivre la rivière.

 

Alors, j'ai choisi celui de gauche. Au pas de course, j'avançais sans pourtant les voir. Une femme assise sur un banc pouvait m'informer. « Auriez-vous vu une personne avec un chandail rouge comme le mien, accompagnée d'une jeune femme vêtue en noir ? Elle me répond qu'elle ne les a pas vus. Je panique. Est-ce que j'ai choisi le mauvais sentier ? Pourtant, la rivière est à ma gauche.

 

Je décide de continuer à courir. Puis, après quelques minutes, je les reconnais au loin. Ouf ! Quel soulagement.

 

J'ai appris à connaître Jean-Paul et Naomi car nous avons jasé amplement et contrairement à la course, on peut se permettre d'échanger de la sorte, du début jusqu'à la fin.

 

À l'arrivée, je savais que mes pieds étaient endommagés.

 

J'ai enlevé mes souliers mais je ne voulais pas retirer mes bas. J'avais peur de voir le résultat.

 

PRÊT POUR LE MARATHON DE MONTRÉAL

 

 

De retour chez ma fille Marie-Ève qui réside à Québec et qui m'avait hébergé, j'ai constaté une immense ampoule sous le pied droit. Je marchais péniblement. Je m'inquiétais sérieusement pour le lendemain.

 

Au réveil le dimanche matin, j'ai dû me rendre à l'évidence que je ne pouvais plus continuer. J'étais frustré. Cette marche venait de me donner toute une leçon. Je veux être capable de courir le marathon de Montréal dans un mois, je suis déjà inscrit et je ne voulais pas aggraver cette blessure.

 

Sage décision puisque de retour à la maison, je peinais à me déplacer.

 

Je retire énormément de positif de cette aventure qui m'aura permis de rencontrer de belles personnes. Dorénavant, je n'oserai plus négliger ce genre de défi et je jure de me préparer plus adéquatement.

 

Merci à vous tous. Il me semble que j'ai grandi une fois de plus.