Chaque fois qu’une personne entrait dans la place où je réalisais l’entrevue, inévitablement, elle détournait son regard. Pourtant, c’est arrivé en 2011, un 4 novembre précisément. Elle reste encore traumatisée. Forcément, elle revient sur le sujet, pour les besoins de la cause. On se rend finalement compte que cette évasion lui fait grand bien.

À l’époque employée à la SAAQ,  elle travaillait au comptoir, accompagnée d’une collègue. Soudainement, un homme fait irruption dans la place. Il porte une cagoule. Impossible de le reconnaître. Il bondit dans le visage de Stéphanie. Stupéfaite, elle lui répond : « Tu me niaises-tu ? » Il exige l’argent. Il ne blague pas. Le réflexe immédiat de Stéphanie est de le frapper.

C’est à ce moment que le voleur appose son gun près de sa tempe. Il n’entend pas à rire et la tension palpable, monte d’un cran. « Mon premier réflexe fut de protéger ma compagne. Je craignais qu’il lui arrive quelque chose. »

Stéphanie lui remet l’argent dont elle dispose. Le voleur insiste. « Je sais qu’il y en a d’autre ailleurs. »  Il l’a pousse violemment sur une chaise. Puis, il l’amène dans la cuisine et il ferme la porte. Stéphanie parvient à la rouvrir. Finalement, il quitte les lieux.

« J’avais le goût de vomir ! » Puis, les policiers sont arrivés. « J’ai appelé ma mère. Je n’ai pas dormi de la nuit. Le lendemain, je me suis présentée au travail mais mon patron m’a envoyée à l’urgence. Le médecin sur place m’a dit que j’avais une tête dure. J’ai refusé les médicaments. J’ai pris deux jours de congé et je suis retournée au travail. »

Stéphanie Leblanc se souvient encore des moindres détails. Elle ignore ce qu’il est advenu du voleur. Voilà pourquoi elle semble être aux aguets. Les huit mois qui ont suivi ce méfait, elle a visité une psychologue, Louise Susor détenait la solution pour soulager le traumatisme qu’elle traversait: La course à pied !  Pour la première fois avec le présent article, elle accepte de publier une photo d'elle, ce qui n'a jamais été fait depuis la création de sa page facebook personnelle.

Stéphanie #3Question d’abaisser son niveau de stress très élevé, Stéphanie accepte sauf qu’elle ne peut courir à l’extérieur et vous comprendrez pourquoi. Ses débuts s’amorcent sur un tapis roulant. Il faudra attendre en 2013 pour qu’elle sorte à l’extérieur, uniquement le jour.

Puis, survient un accident d’auto marine alors qu’elle se cogne la tête sur l’eau après une perte de contrôle de la personne qui conduisait le bolide. Elle fait un saut de 200 pieds. « J’ai senti mon cerveau bouger à l’intérieur de ma boîte crâniennuie. La mâchoire a également subi un violent choc.  Quelque temps après, je déparlais, je me cognais partout, j’avais perdu la notion des distances. On m’a alors conseillé de prendre un repos.»

Âgée de 40 ans, on l’avait déjà avisée durant sa jeunesse qu’elle ne pourrait pratiquer un sport, ni avoir d’enfants, à cause d’une malformation de la colonne vertébrale, une Spina bifida. Une grossesse pouvait devenir dangereux pour sa santé. Sauf qu’en 2012, elle se voit impliquée dans un accident d’automobile. Elle doit passer des radiographies. Elle apprend alors que sa fameuse Spina bifida n’a rien de dangereux ! Or, le mal est fait, elle qui s’était résignée à ne pas donner naissance. Elle ne pourra revenir sur sa décision.

Malgré toutes ces malchances, Stéphanie retient la solidité de son entourage. « J’ai une mère très forte. Je l’appelle affectueusement mon Roc de Gibraltar. Elle aussi fut impliquée dans un accident d’auto. Sérieusement blessée elle a perdu mon frère dans cette tragédie. Puis, il y a deux ans, des intrus ont pénétré dans ses appartements en pleine nuit. Elle m’a appelée. Le temps de me rendre chez elle furent les cinq minutes les plus longues de ma vie », raconte Stéphanie.

Alors, on peut affirmer sans se tromper : Telle mère, telle fille !

Des modifications importantes ont marqué la suite de ces événements. L’arrivée de la course à pied dans sa vie, elle a vécu une séparation puis elle a quitté son emploi. « Il le fallait pour mon mental. Je ne suis même pas capable de courir devant l’endroit où ce drame s’est déroulé ! » Et dire que cette SAAQ a été la proie d’une autre irruption du genre l’an dernier !

Stéphanie participera au demi-marathon de Montréal en septembre en compagnie de ses deux amies, Élisabeth Lamontagne et Laurie Tanguay. Elle vivra son premier marathon en octobre prochain avec celui du Petit Train du Nord. Elle s’implique également pour  la course de Norah et Nathan, deux enfants malades de Saint-Jacques-de-Montcalm, afin d’amasser de l’argent pour les soutenir. Une cause qui lui tient à cœur puisqu’elle se souvient du décès de son père suite à un cancer.

C’est suite à une rencontre avec Patrick Charlebois qu’elle a décidé de courir un marathon. « Pour réaliser un défi, tu dois avoir peur », lui a confié Patrick. Et justement, un 42km la traumatise.Stéphanie #2

Toutefois, elle devra porter une attention particulière à sa pression artérielle qui a tendance à baisser sérieusement durant les efforts soutenus. « Je sais que ça peut devenir dangereux, j’en suis consciente. »

Celle qui célèbrera son 41e anniversaire de naissance le 16 novembre prochain souhaite que lorsqu’elle franchira la ligne d’arrivée à Saint-Jérôme, elle puisse chasser ses démons et que tout soit loin derrière elle. « Je compare le tout à un cancer alors que la personne craint toujours que ça revienne. Moi, c’est le brigand qui me fait peur. »

Elle reconnaît que jadis, rien ne l’effrayait. « Je recevais des signes mais je les repoussais. Je me disais que j’étais capable. Aujourd’hui, l’effet ballon me revient en plein visage », conclut celle qui travaille maintenant chez Joliette Dodge.

Les limites à la tolérance auront solidement éprouvé Stéphanie jusqu’à présent. Dorénavant,  elle mérite de profiter des joies de la vie vous ne pensez pas ? "Ça me fait tout drôle de ne plus porter un masque aujourd'hui", a-t-elle conclu.