Par Mario J. Ramos - Un médium en santé est un médium qui se diversifie. Anamorphine est un parfait exemple d’un jeu expérimental qui propose de nouveaux paradigmes, qui cherche à faire réfléchir, à faire ressentir plutôt qu’à divertir. Artifact 5 propose ici une expérience visuelle qui touche des sujets difficiles tels que la dépression et le suicide.

Premièrement, il est important de noter qu’Anamorphine peut être joué sur un écran régulier ou en réalité virtuelle. Je l’ai joué en version “régulière”, mais si vous avez accès à un casque de réalité virtuelle, c’est dans cette version que l’expérience peut atteindre un autre niveau.

 

 

Bien qu’il s’agit d’un jeu narratif, il ne s’agit pas d’un récit linéaire; l’expérience ressemble davantage à un rêve où on fait des vas et viens constant dans le temps et l’espace et dans des endroits imaginaires… et cauchemardesques. Il n’y pas d’interface de jeu, de puzzles à résoudre ou des objets à actionner. On regarde, on bouge. À la première personne, nous sommes Tyler, le mari d'Elena, une jeune violoniste qui ne peut plus jouer suite à un accident. Je n’en dis pas plus, Anamorphine ne se raconte pas, ça se vit.

 

 

Le jeu est visuellement impressionnant de par sa mise en scène et ses idées visuelles, bien que les textures des objets et personnages sont peu détaillés. Le personnage d'Elena est malheureusement peu animé et elle semble à peine plus vivante que les figurants sans visages.

 

Les transitions d’une scène à l’autre sont particulièrement déconcertantes, dans le bon sens du terme. De par ses sujets, Anamorphine ne cherche pas à nous divertir ou nous faire sentir bien, on cherche à transmettre des émotions négatives, dans le but de les comprendre; comprendre le mal de vivre des protagonistes, comprendre ce que c’est que de vivre avec un trouble mental. On ne sent pas bien, mais on veut se rendre au bout. On doit se rendre au bout.

 

 

 

Par contre, bien que le jeu ne soit pas très long, je pense qu’il aurait gagné à être un peu plus court. Les idées visuelles sont originales, mais se répètent. Certaines limitations techniques viennent aussi endommager l’immersion, notamment les longues séquences de chargements… et leur emplacement. Il n’y a rien de plus frustrant qu’une pause de chargement alors qu’on passe une porte ouverte. C’est déconcertant, cette fois-ci dans le mauvais sens du terme.

 

Un autre problème est le design de niveau des séquences en bicyclette dans un paysage désertique. À certains endroits, le chemin à suivre n’est pas clair; on fonce dans les roches, on reste coincé… c’est frustrant et ça brise complètement le mood.

 

Anamorphine est loin d’être parfait, mais ça reste une oeuvre originale, frappante, touchante et importante. Si possible, à jouer en réalité virtuelle.

 

 

 

Verdict

Bon

 

Positifs

Sujets importants

Visuellement original

Touchant et déconcertant

 

Négatifs

Chargements longs et mal placés

Design de niveau confus à certains endroits

 

Anamorphine

Date de sortie: 31 juillet 2018

Développeur et éditeur: Artifact 5

Cote ESRB: T pour adolescents

Plateformes: PC, PS4

Joué sur PS4