Par Jean-Philippe Ravenelle - Inspiré de la série de bandes dessinées américaines éponyme, parue à la fin des années 1990 - début 2000, Battle Chasers : Nightwar est un JRPG de style dungeon crawler vraiment prenant.

Bien que je ne connaisse pas l’univers fantasy des bandes dessinées de Joe Madureira, je me suis rapidement familiarisé avec les divers personnages, le système de combat et les multiples créatures du titre d’Airship Syndicate. Essentiellement, le but de ce jeu de rôle est de parcourir la carte du monde, de défier les nombreux ennemis sur notre chemin et d’explorer les différents donjons, tout en gagnant en puissance après chaque victoire. Lancés sur les traces du héros légendaire Aramus, les aventuriers que l’on incarne se retrouvent en mauvaise posture dès le début de notre périple. En effet, suite à une attaque, ils sont contraints d’abandonner leur vaisseau aérien pour se voir dispersés à l’intérieur des terres inhospitalières de l’Île du Croissant.

Si, en somme, six personnages peuvent être joués, on débute la partie avec Gully, la fille d’Aramus, qui rejoint rapidement le golem Calibretto de même que le guerrier paladin Garrison. Notre trio de héros ainsi formé part à la recherche de leurs amis perdus, soient le magicien Knolan et la fugitive Red Monika. En cours de route, Alumon, un chasseur de démons, se joindra lui aussi à notre équipe d’aventuriers afin de venir à bout des forces ténébreuses à l’œuvre sur l’île. Ce qui est bien avec ces personnages, c’est que chacun possède ses propres caractéristiques et habiletés permettant d’alterner nos trios pour un maximum d’efficacité. Si, quant à lui, le scénario est un peu simpliste, il nous plonge néanmoins au cœur d’un univers, rappelant le classique Donjons et Dragons, où l’on doit affronter plusieurs créatures et larbins, explorer et piller des donjons pour gagner en expérience afin de vaincre des Boss plus puissants et ainsi compléter notre quête.

Avant de jouer à Battle Chasers : Nightwar, ma seule expérience avec les jeux de rôles dont les séquences de combat se déroulent au tour par tour me venait des jeux Pokémon. Quoique semblable, le système de combat est ici plus complexe. Face à l’adversaire, plusieurs options sont disponibles chaque tour : actions, compétences, charge, objets et fuite. Il est impératif, surtout devant un ennemi particulièrement coriace, de bien planifier notre stratégie et d’assigner les meilleures actions possible à nos protagonistes si l’on désire triompher. On peut ainsi employer nos compétences qui utilisent notre mana, ou recharger celle-ci comme notre santé à l’aide de potions, ou encore faire l’usage d’actions gratuites qui nous octroient des points de surpuissance. Cette dernière agit comme un bonus de mana, qui se vide en premier, de sorte que l’on puisse varier nos attaques le plus longtemps possible. Également, la jauge de charge qui se remplit progressivement après chaque tour permet de lancer des attaques puissantes instantanées qui nous donnent un sacré coup de pouce. Si l’on est fin stratège, il est possible de venir à bout de monstres plus dangereux que soi. Si, par contre, on est mis K.O., on est envoyé à l’auberge du village de Harm’s Way pour nous reposer (et recharger notre santé de même que notre mana) en échange de quelques pièces d’or. Pour quelqu’un qui n’est pas très habitué, comme moi, au tour par tour, on apprivoise rapidement le genre jusqu’à développer un certain intérêt pour ce type de jeu de stratégie.

Entre les donjons, quelques possibilités s’offrent à nous. Outre les combats sur la carte, il est possible (et recommandé) de fabriquer divers objets : des armes, des armures ou des potions pour mieux nous préparer aux prochains défis. On peut aussi pêcher, enchanter des objets ou échanger des artefacts à un collectionneur en échange de pièces spéciales permettant de se procurer un équipement de meilleure qualité ou encore des livres de connaissances développant les compétences de nos héros. Également, si l’envie nous prend de tenter notre chance dans une arène de combat ou d’affronter des Boss secondaires, mais assez puissants, c’est tout à fait possible, pourvu que l’on soit assez fort pour triompher.

Un des meilleurs aspects de ce jeu est décidément l’inspiration de la bande dessinée Battle Chasers. Visuellement, les graphiques sont très jolis et le style BD des séquences animées et narratives est sublime. On ajoute à cela une bande sonore ravissante digne d’un monde fantaisiste et l’on se retrouve immergé dans cet univers qui fourmille de dangers. En plus d’être accrocheur, le style comics donne envie de parcourir la vaste carte du monde, d’anéantir les divers monstres qui nous barrent la route tout en fouillant chaque recoin des donjons en quête d’artefacts, d’expérience et de connaissances.

Le volet difficulté est, selon moi, adéquatement proportionnel à notre progression avec en plus la possibilité d’ajuster les donjons en mode normal, héroïque ou légendaire, permettant d’obtenir de meilleures récompenses si l’on opte pour une option plus dangereuse. Toutefois, même en mode normal les combats peuvent s’avérer un réel défi à relever : si l’on n’a mal planifié nos coups ou que nos héros n’ont pas assez acquis d’expérience, il peut être très ardu d’arriver à vaincre un monstre de haut niveau, ce qui risque de nous envoyer au tapis. Il apparaît donc essentiel de parfois recourir au grinding, c’est-à-dire de combattre des monstres à moult reprises seulement pour obtenir des gains de niveaux et améliorer nos personnages. En soi, cela ne me dérange pas, mais ce qui pose davantage problème, à mon avis, est que chaque héros acquiert de l’expérience de façon indépendante. En effet, seuls ceux qui combattent deviennent plus forts. C’est en forgeant que l’on devient forgeron, non? D’un côté, je trouve ça bien parce que ça confère un certain réalisme au jeu, cependant si l’on désire que tous les aventuriers soient de mêmes niveaux, il faut « grinder » avec chacun d’eux, ce qui engloutit beaucoup de temps de jeu à faire peu. Ce qui aurait pu être une bonne idée est d’accorder un certain gain d’expérience et d’habiletés aux protagonistes en attente même lorsqu’on parcourt le monde avec un trio différent. Je pense ici à l’exemple de Dragon Age où les personnages non utilisés gagnent tout de même des niveaux lorsqu’on explore des donjons avec d’autres héros, assurant un certain équilibre au sein de notre équipe quand vient le temps de les interchanger. Autrement, certains combattants pourraient être laissés de côté afin d’éviter de gaspiller trop de temps. Ceci dit, Battle Chasers : Nightwar est un très bon JRPG dans lequel on a envie de s’investir et d’y explorer les moindres recoins et donjons.

VERDICT

Très bon

 

Points positifs :

+ Bonne durée de vie : facilement une vingtaine à trentaine d’heures de jeu

+ Style bande dessinée de l’univers très joli

+ Système de combat intéressant : la surpuissance et la charge encouragent à varier les stratégies

+ Scénario classique style D&D

 

Points négatifs :

- Indépendance des gains de niveaux des personnages : encourage un peu trop le grinding

- Temps de chargement parfois lent entre les combats ou les donjons

- Scénario quelque peu simpliste

 

- Titre du jeu : Battle Chasers : Nightwar

- Date de sortie : 3 octobre 2017 (15 mai 2018 pour la version Nintendo Switch)

- Éditeur : THQ Nordic

- Développeur : Airship Syndicate

- Cote ESRB : T pour adolescents (13+)

- Plateformes : PC, Mac, Linux, SteamOS, PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch

- Joué sur : Xbox One