Par Alexis le Marec - Comme promis, Become Human offre un scénario aux multiples embranchements et une longue et belle histoire… parfois naïve.

C’est une toute une aventure que propose le studio français Quantic Dream. À travers les yeux de trois protagonistes, on vivra une enquête policière, un road trip, et un soulèvement. Ces trois histoires s’entrecroisent dans un scénario d’une bonne quinzaine d’heures. Become Human propose un subtil mélange d’exploration, d’analyse, et d’action, bourrée de dialogues et de choix qui ont tous leurs conséquences. Tout est dans le scénario et les longs dialogues qui arrivent à captiver le joueur, même si la phase soulèvement j’y reviendrai plus loin, est très ordinaire et plutôt naïve scénaristiquement parlant. Cependant, les deux autres aventures  arrivent à captiver.  Ce sont elles qui vous font accrocher!

Le jeu nous plonge dans un futur proche où les robots ont une apparence et un comportement humain. Remplaçant avantageusement les salariés, tout en devenant leurs domestiques, ils sont haïs, tout en étant devenus indispensables. L’univers dépeint a été pensé pour être réaliste. Les flashs télévisés nous informent de la façon de faire du gouvernement en place, les articles de journaux portent sur divers domaines et contribuent à renforcer le réalisme de ce monde.

Certains décors sont idylliques

Au-delà de ses graphismes avantageux, Become Human repose sur des personnages forts. Nous avons droit ici à de vrais acteurs qui ont prêté leurs traits et leurs voix pour le jeu. On pourra donc faire équipe avec Clancy Brown alias le lieutenant Anderson, suivre Jessie Brown et Lance Henricksen, ou encore traverser les États-Unis et les multiples dangers et réconforts qu’elle peut offrir à travers les yeux de Valorie Curry.

Les dialogues et les multiples choix et conséquences qui en découlent sont omniprésents. C’est à tel point qu’il offre une rejouabilité totale où vous vivrez un nouveau scénario. Une même scène peut pour quelque chose d’anodin devenir totalement différente. Vous êtes allés sur le toit plutôt que dans la cuisine, et il ne se passera pas du tout la même chose.  Même une petite chose insignifiante comme une porte mal fermée peut avoir des répercussions fortes, comme sur la vie ou la mort d’un personnage important. C’est un jeu où les détails comptent, et où les choix ne se prennent pas à la légère.  

Techniquement somptueux

Exclusivité PS4 oblige, Quantic Dream bénéficie de l’entier soutien de Sony, et maîtrise la PlayStation à la perfection. C’est superbe où que l’on regarde. Les personnages sont criants de vérité, les textures de peau et les visages ultras réalistes. Cette variété et ce soin particulier se retrouvent à tous les niveaux comme dans les décors desquels se dégage une ambiance toujours différente. Et comme le jeu présente des environnements différents presque à chaque scène, ce sont des dizaines de lieux qui ont été reproduits. D’été, comme hiver, ou sous les averses. Des maisons abandonnées qui glacent le sang, commissariats, scènes de crimes, ou en pleine nature, on n’en finit pas d’être transporté. Seuls les centres-ville font un peu décor, mais une fois dans la mission, on y prête même plus attention.

Connor, l'enquêteur robot que l'on incarne

Des irritants dans ce tableau

Il y aurait trois choses à reprocher cependant à Become Human. La première vient des dialogues et des choix à effectuer qui parfois n’ont rien à voir ou ne vont pas dans le sens de ce que l’on pense que la personne va dire. Par exemple, on décide de donner une explication rationnelle en choisissant le mot "rationnel" et le robot que vous incarnez dit l’exact contraire. Ajouter parfois une phrase qui permettrait d’être sûr, un peu comme dans les dialogues de Elder Scrolls qui laissent voir le début.

Le deuxième problème vient de rares choix parfois arbitraires, certes pour le scénario, mais qui entrent en contradiction avec la richesse d’action et de dialogues. Par exemple, un humain présente un risque pour vous en pouvant donner l’alerte. On a le choix entre le laisser vivre ou le tuer. L’option "tirer dans les jambes" ou "assommer" est aux abonnés absents.

Mangeons sous la pluie

Enfin, scénaristiquement, le côté soulèvement est plutôt naïf et rappelle les moments les plus malaisants de Watchdogs 2. On a des robots bien plus intelligents que des humains, capables d’analyser une société en pouvant la pirater à loisir. Mais non, tout ce qu’ils trouvent à faire, c’est de se comporter comme des étudiants qui bloquent l’entrée de leur université pour exiger l’arrêt du capitalisme mondial. Surtout qu’un des protagonistes se trouve doté d’une capacité qui pourrait lui permettre de monter une armée à travers le pays et de prendre les É.-U. en une heure. Au lieu de ça, messieurs les robots et leur 500 de QI veulent changer le monde comme des bras cassés avec des actions innocentes et mal préparées.

Un quartier de la ville qui recèle un secret

Conclusion

Become Human offre une jolie et longue histoire, soutenue par une réalisation plus que somptueuse. Sa force reste cependant en deçà de ce que l’on attendait à cause du scénario plutôt conventionnel. Il offre néanmoins de beaux moments et est servi par une ambiance solide. Une fois fini, on pourra le rejouer et effectuer des choix contraires qui changeront totalement la donne, aboutissant alors à une nouvelle aventure.

Niveau gaspillage, l'homme du futur a l'air champion en enterrant ses robots brisés sans autre forme de procès

Verdict

Très bon

 

+Réalisation

+Ambiance

+Personnages forts

+Richesse des choix

+rejouabilité

 

-Scénario du soulèvement trop naïf

-Des robots aussi bêtes que leurs créateurs

-Dialogues choisis à l’encontre du mot proposé

-Quelques choix trop manichéens

 

Titre du jeu: Detroit Become Human

Date de sortie: 24 mai 2018 sur PS4

Éditeur: Sony

Développeur: Quantic Dream

Cote ESRB: M 17+

Plateformes: PS4

Joué sur: PS4 Pro

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