Par Alban Quénoi

La conclusion de plusieurs compétitions internationales majeures avait lieu cette dernière fin de semaine. D’un côté, la Coupe du monde sur Overwatch et les World Championship Series de Starcraft II au sein de la BlizzCon à Anaheim, et de l’autre, la finale tant attendue des Championnats du monde de League of Legends, à Pékin. Point commun entre ces trois finales : ce sont cette fois les perdants qui auront retenu l’attention. Trois parcours totalement différents, trois histoires distinctes aux ambiances aussi variées que peut proposer le monde compétitif.

League of Legends : la chute du roi SK Telecom

C’est certainement l’image la plus forte de cette fin de semaine : le « Dieu Faker », abattu, masquant ses larmes le visage dans ses mains. Le Mid Laner des triples champions du monde n’aura rien pu faire face à la furie de Samsung Galaxy, qui prend ici sa revanche sur la finale de l’an passé. On savait déjà le colosse SKT bien plus fragile depuis le début de ces phases finales, passant proche de l’impensable face à Misfits puis RNG, mais qui aurait pu prédire une telle gifle? Le score sans appel de 3-0 se passe de commentaire, tellement la domination des joueurs de SSG fut forte.

Si les performances de Faker sur l’ensemble de la compétition ont semblé en demi-teinte, les doigts se sont surtout pointés sur Bang, le Carry AD pour SKT, dont les erreurs durant cette finale auront trop souvent coûté cher à son équipe, à un niveau de jeu où la moindre erreur se paye cash. Samsung Galaxy repart donc avec la Coupe de l’Invocateur, et la scène League of Legends avec de belles promesses pour la saison à venir : le règne de SKT T1 a pris fin dimanche dernier, laissant place à des Samsung Galaxy impériaux.

Coupe du monde d’Overwatch : le Canada en invité surprise

Blizzcon Jour 1

Autre jeu, et tout autre contexte avec officiellement cette seconde Coupe du monde sur Overwatch. Officiellement, car si l’événement de l’an dernier regroupait surtout des influenceurs ou célébrités communautaires, cette seconde édition reposait sur une véritable scène professionnelle, établie désormais depuis plus d’un an. En grands épouvantails de la compétition, les Sud-Coréens ont su se tailler leur place en finale sans trop d’encombre. À peine inquiétés par les États-Unis en quart de finale, la confrontation face à la France représentée par feue l’équipe Rogue sonnait comme une finale avant l’heure, dont le score de 3-1 ne fait pas tout-à-fait honneur à la ténacité des tricolores.

Mais c’est de l’autre côté de l’arbre que les exploits eurent lieu : avec le Québécois Félix « xQc » Lengyel en fer de lance, les Canadiens surent s’arracher sur chacun de leurs matchs, éliminant coup sur coup l’Australie, puis la Suède, sur le plus faible des écarts 3-2.

Un parcours aussi flamboyant qu’inattendu, même si les talents ne manquent pas dans cette formation : Surefour aura certainement marqué les esprits, tout comme xQc qui repart avec le trophée de joueur par excellence de la compétition. Le Canada s’est incliné en finale 4-1 face aux favoris sud-coréens, mais n’a certainement pas à rougir de sa performance. Chapeau!

WCS Global Finals : soO et la loi des séries

Le troisième finaliste a certainement le destin le plus tragique de ces trois parcours.

Eo « soO » Yoon Su , Zerg sud-coréen, et considéré comme certainement l’un des meilleurs joueurs qu’ait connu la scène professionnelle de Starcraft II, est surtout tristement réputé pour son sinistre compte de défaites sur la dernière marche.

Cette finale était pourtant si bien partie, menant 2 à 1 face à Rogue, certainement l’autre Zerg le plus solide du moment. Et si on s’attendait à une opposition sauvage comme le veut un affrontement miroir en Zerg, ce sont des parties magnifiques qu’ont offertes les deux joueurs. Mais une fois de plus, le mental aura fini par encore craquer chez soO, respectant bien trop son adversaire. La polyvalence et le génie de Rogue auront payé, comme l’illustra cette feinte de canal de Nydus, pour devenir le huitième joueur à battre soO dans une finale.

Un titre mérité pour Rogue, et une nouvelle chute pour soO.

La Corée du Sud donne un nom à ces « non-champions » : les « Kong », dont le premier de la lignée fut YellOw sur Starcraft : Broodwar. soO, lui, a concédé ce samedi sa neuvième finale dans un tournoi majeur, dont six en GSL, compétition reine dans son pays. Son unique victoire en KeSPA Cup en 2015 est presque anecdotique. Et si sa force de volonté, lui permettant d’inlassablement repartir au charbon est admirable, le paradoxe de son chandail portant dans son dos « Built to win » restera certainement une énigme du sport électronique.

Reste à voir s’il saura encore et encore se relever en 2018.