Par Sylvain A. Trottier - Avec le succès incontestable qu’a eu Pokemon Go, il était évident que d’autres grandes licences allaient emboîter le pas. Et c’est en 2018 que ça va se concrétiser : Walking Dead, Harry Potter, Ghostbuster... il y en aura pour tous les goûts ! Et les fans de dinosaures ne seront pas en reste, car Ludia a aussi décidé de suivre dans le mouvement en proposant le jeu Jurassic World Alive. À quelques jours du lancement mondial, on a profité que leurs bureaux soient au Vieux-Port pour aller leur rendre visite.

Entrevue avec Vincent Noiret, producteur, qui sous sa casquette Jurassic World a plus de 73 jeux.

 

 

Sylvain A. Trottier (SAT) - Bonjour et merci de prendre un moment pour nous rencontrer malgré votre horaire qui doit être débordé.

Vincent Noiret (VN) - Ça me fait bien plaisir, j’ai juste 250 courriels en attente. *rires*

 

SAT - Avant de commencer, pourriez-vous nous dire comment vous vous êtes retrouvés en charge du projet ?

VN - Tout jeune, et c’était il y a déjà 37 ans, j’étais un grand fan de jeux vidéo. J’ai participé à une compétition en France organisée par Nintendo et j’ai gagné le championnat. Ça m’a amené à devenir testeur pour Nintendo. Puis, j’ai évolué dans le milieu en occupant toutes sortes de postes : concepteur de niveau et de jeu, gestionnaire de contenu et finalement producteur.

 

C’est comme ça que j‘en suis venu à intégrer l’équipe Ludia en 2012 pour prendre en charge une licence nouvellement acquise par le studio : Jurassic Park.

 

SAT - Parlant de Jurassic Park, ce n’est pas le premier jeu Ludia avec cette licence. Comment avez-vous acquis les droits ?

VN - C’est Alex Thabet, le PDG de Ludia, qui a eu du flair. En 2010, personne n’était intéressé par les droits; tous disaient que c’était une licence morte. Il a donc acheté les droits à un prix vraiment intéressant. Au même moment, il y avait chez Ludia, une équipe en attente d’un nouveau projet. En croisant ces éléments, je me suis retrouvé à la tête du premier jeu de type builder (ndlr : jeu de construction) de Ludia.

 

Le jeu a été très populaire. Ce n’est pas surprenant parce que les dinosaures, quoi qu’on puisse en penser, c’est toujours à la mode. Et ce qui est intéressant de remarquer c’est que Jurassic Park Builder a relancé l’intérêt du public et donc d’Universal qui a décidé de faire le film Jurassic World dans la foulée. Et pour nous, ça nous a permis d’augmenter l’équipe puis de faire Jurassic World: The Game mais aussi d’aller chercher d’autres partenariats comme le jeu Dragons: Rise of Berk.

 

 

SAT - Cependant, cette fois-ci, ce n’est pas un builder, mais un jeu de collection et géolocalisation. C’est une première pour Ludia. Comment cela s’est-il passé pour vous ?

VN - C’est effectivement un changement drastique. Mais j’ai fait ce qui me semblait le mieux à faire : j’ai beaucoup joué à Pokemon Go. Je suis allé voir les joueurs à l’extérieur, j’ai discuté avec eux, je suis sorti en plein hiver par grand froid... tout ça pour vivre et comprendre l’expérience. De plus, j’ai la chance d’avoir une équipe d’environ 80-90 personnes passionnées et compétentes qui travaillent sur le projet. Et, ensemble, on y va étape par étape. En mars, on a sorti le jeu au Canada, en Belgique et en Australie seulement. L’idée était de couvrir différents fuseaux horaires pour que le jeu soit actif en tout temps. De plus, on prend le temps nécessaire pour analyser le comportement des joueurs. L’idée est de leur offrir une expérience qui va leur plaire.

 

SAT - J’ai essayé le jeu et je dois avouer qu’il y a beaucoup de ressemblances avec Pokemon Go. En quoi se distingue-t-il ?

VN - Au lieu de créatures imaginaires, on collectionne des dinosaures. *rire* En fait, c’est quand même sérieux parce qu’on doit s’assurer que leur aspect et leurs animations soient réalistes. D’autant plus qu’il est possible de les avoir en réalité augmentée : on peut photographier des dinosaures dans sa cour, dans le parc ou même dans sa maison! (ndlr : au moment du test cette fonction n’était disponible que sous iOS)

 

Mais sinon, un des éléments clairement différents est la possibilité de jouer entièrement à la maison. Évidemment, ça va aller beaucoup moins vite qu’en partant à la chasse aux dinosaures dans son quartier, mais c’est possible de compenser en dépensant de l’argent pour acheter des seringues ou des batteries. (ndlr : l’idée du jeu est prendre de l’ADN de dinosaures en lançant des seringues à partir d’un drone qui nécessite une batterie -oui! oui!- et quand on a assez d’ADN on peut faire évoluer les dinosaures ou même créer des hybrides).

 

Finalement, on peut lancer notre drone à 150m du dinosaure, ce qui donne une bonne portée pour capturer les dinosaures : pas besoin d’être collé sur le point précis! À cela s’ajoutent les combats. On peut former une équipe de 4 dinosaures dont on a récolté l’ADN et aller affronter les autres joueurs. Y’a rien de plus cool que des combats de dinosaures; ça ramène en enfance.

 

SAT - Un des gros problèmes qui avait suivi la sortie de Pokemon Go était la question de la sécurité. En effet, certains points d’intérêts se situaient dans des zones dangereuses. Comment avez-vous envisagé ce problème?

VN - Justement, la portée de 150m permet de capturer un dinosaure qui se trouve de l’autre côté de l’autoroute; pas besoin de le traverser. Aussi, nous travaillons en partenariat avec Google qui nous donne des cartes avec des bases de données mises à jour et plus ciblées. On a évidemment éliminé les bases militaires et autres lieux dangereux, mais ça reste un travail constant auquel s’affaire l’équipe.

 

 

SAT - J’ai vu qu’il y avait la possibilité de prendre un abonnement VIP payant à 12,99$/mois, mais je n’ai pas saisi les avantages?

VN - L’idée est d’offrir aux joueurs la possibilité d’aller plus vite pour être le plus fort. Premièrement, la portée des drones passe à 200m et la durée de la batterie est plus longue. Aussi, les points de ravitaillement donnent plus de seringues, batteries, etc.

 

Il y aura sûrement d’autres avantages lors d’évènements. D’ailleurs, les membres non VIP pourront, selon certaines occasions, profiter eux aussi de certains avantages particuliers. Question de leur faire découvrir l’intérêt de prendre un abonnement.

 

SAT - Avec la sortie du prochain film Jurassic World Fallen Kingdom qui s’en vient dans moins d’un mois, avez-vous prévu des surprises?

VN - Il y aura 30 nouveaux dinosaures en plus des 70 actuels. Ce qui nous amène à 100 plus 1. Pourquoi plus 1? Parce qu’il y aura évidemment le dinosaure vedette du prochain film. Mais de façon générale, on prévoit avoir des évènements, avec du contenu spécial ou des bonus particuliers, mais je ne peux en dire plus pour le moment...

 

Et pour les amateurs de compétition; on vient tout juste mettre en place un Leaderboard qui permet de connaitre le classement mondial des joueurs en fonction de leur pointage au cours des parties. On est convaincu que ça va motiver les joueurs à former la meilleure équipe de dinosaures possible.

 

Je suis moi-même un compétiteur et même si je joue de façon intensive, je me rends compte qu’il y a des joueurs qui sont en mesure de me battre!

 

SAT - En somme, c’est un jeu que vous avez pensé autant pour plaire à ceux qui aiment collectionner qu’à ceux qui aiment la compétition?

VN - Tout à fait et on prévoit déjà avoir du contenu pour les cinq prochaines années. Ne reste plus qu’à voir comment les joueurs de partout dans le monde vont s’approprier le jeu.

 

SAT - Merci de nous avoir accordé de votre temps et bon lancement mondial!

VN - Merci à vous! J’aimerais juste ajouter que je n’ai jamais vu autant de monde, d’une équipe de développement, jouer à son propre jeu et être excité quant à son lancement. En cela, j’aimerais les remercier personnellement. Et bonne chasse aux dinosaures!