Par Mario J. Ramos - En 1993, Wizards of the Coast a révolutionné le monde des jeux de table avec Magic: The Gathering, un jeu de carte à échanger complexe, mais prenant avec ses mécaniques amusantes et son univers intrigant.

 

Tu es un planeswalker, un être puissant qui peut voyager à travers le multivers et qui peut faire appel à la force vitale des différents univers visités pour produire du mana et ainsi jeter des sorts et invoquer des créatures pour combattre d’autre planeswalkers. Comment dire non à une telle prémisse?

 

 

Magic: The Gathering Arena n’est pas la première tentative d’adapter le jeu de table en jeu vidéo. Les résultats ont été peu concluants. Plus récemment, la série de jeux annuelle “Duels of the planeswalker” s’est conclue avec l’échec de Magic Duels qui ne sera plus mis à jour. En 2002, Magic The Gathering Online a vu le jour, un jeu seulement en ligne qui reproduit fidèlement l’expérience papier et la même économie d’achat et d’échange de cartes. Malgré sa popularité, Magic The Gathering Online est reconnue pour son interface laide et non intuitive et dans l’ensemble est peu accessible pour de nouveaux joueurs.

 

La difficulté d’adapter Magic The Gathering en jeu vidéo réside principalement dans le fait que le jeu de cartes est extrêmement complexe avec ses nombreuses phases et mécaniques qui ne s’expliquent pas d’elle-mêmes. Après la sortie de Hearthstone, qui a été développé et pensé en tant que jeu vidéo de A à Z, les problèmes des adaptations de Magic sont devenus plus apparents.

 

 

Bonne nouvelle: ils ont finalement réussi. Magic The Gathering Arena est accessible, agréable visuellement et offre une jouabilité fluide tout en respectant les règlements et la complexité du jeu de table. La transition entre les différentes phases est automatisée s’il n’y a pas d’action possible, sinon les joueurs peuvent configurer les “stops” qu’ils désirent. Visuellement, on s’inspire de Hearthstone avec des animations et effets visuels, tout en respectant le ton plus “sérieux” de Magic versus son compétiteur. À ce niveau-là: Magic Digital Studio peut dire “mission accomplie”.

 

Il est facile de commencer à jouer rapidement: on obtient plusieurs booster packs gratuitement en commençant, ainsi qu’un bon nombre de decks pré-construits. Cela dit, il devient rapidement apparent qu’il soit difficile d’être compétitif avec un deck pré-construit. L’idéal est de chercher sur Internet des modèles de deck compétitifs qu’on peut construire (et facilement importer dans notre collection, mais il faut avoir obtenu les cartes pour les utiliser), ou améliorer un deck pré-construit avec les cartes données aux nouveaux joueurs.

 

 

Le jeu, présentement en bêta fermé, donc toujours en développement, est très prometteur, mais l’offre est plutôt maigre pour le moment. Trois modes sont disponibles: “Constructed play”, des parties simples rapides avec le deck de notre choix dans le but de monter dans les rangs; “Quick constructed” avec le prix d’entrée de 95 gemmes ou 500 pièces d’or où on doit performer avec le même deck jusqu’à un maximum de sept victoires ou trois défaites; “Quick Draft: Dominaria”, avec le prix d’entrée de 750 gemmes (4.99$ plus taxes) ou 5000 pièces d’or, où comme le format équivalent du jeu de table, on pige des cartes dans une sélection limitée pour se faire un deck de 40 cartes (au lieu de 60) pour affronter des adversaires avec ce deck jusqu’à un maximum de sept victoires ou trois défaites. Vu le prix d’entrée, le joueur garde dans sa collection les cartes pigées dans le draft.

 

Vous comprendrez que Magic the Gathering Arena reprend le modèle économique du free-to-play avec microtransactions. Si vous êtes un fan de Hearthstone, vous serez en terrains connus, mais les joueurs du jeu de table et de Magic Online risquent d’être rebutés par ce modèle d’achats de gemmes qui est volontairement obtus et qui ne permet pas l’échange de carte entre joueurs. Cela dit, le jeu est toujours en version bêta et rien n’empêche que le modèle puisse être révisé et qu’un système d’échange soit ajouté. Il n’est pas nécessaire d’acheter des gemmes pour progresser. Simplement en jouant et en complétant des missions qui progressent d’un match à l’autre (exemple: jouer 50 sorts rouges ou blancs), on peut gagner des pièces d’or virtuelles qui permettent d’acheter des booster packs pour obtenir de nouvelles cartes aléatoires, ainsi que de participer dans les modes qui demandent un prix d’entrée.

 

 

Contrairement à Hearthstone, on ne peut pas transformer les cartes non voulues dans une monnaie qui permet de crafter celles qu’on veut, mais on peut obtenir des “wild card” dans des booster packs qu’on peut transformer en carte commune, non commune, rare ou mythique de notre choix.

 

Pour le moment, la sélection de cartes est limitée aux expansions Amonkhet, Hour of Devastation, Ixalan, Rivals of Ixalan et Dominaria. Le format “standard” du jeu de table n’est donc pas présent au complet. Est-ce que cela va être corrigé d’ici la sortie officielle ou est-ce qu’on s’enligne pour que Arena soit sa propre bête avec son propre méta? Ça reste à voir.

 

 

Magic The Gathering Arena est une expérience agréable et c’est déjà un énorme accomplissement en soi. L’offre est maigre, mais rien de surprenant pour un bêta. Il sera gratuit de télécharger et jouer, donc aucune raison de ne pas au moins l’essayer à sa sortie.