MONTRÉAL – À travers les nombreux défis auxquels il devra s’attaquer, le nouveau directeur général Danny Maciocia a promis de rehausser le nombre de joueurs québécois chez les Alouettes, de renforcer la présence de dépisteurs en sol américain et d’améliorer le rendement de la ligne défensive.

Si les Alouettes de Montréal ont repris du poil de la bête en 2019, Maciocia n’arrive pas dans son nouveau bureau pour se prélasser. Au contraire, il admet d’emblée que lui et ses alliés ont du rattrapage à effectuer.

« On accuse clairement un retard, je ne vais pas le cacher. L’idéal aurait été que tout ça se fasse il y a un mois. J’ai regardé les enjeux par rapport à la formation. Il y a des bonis qui approchent, les joueurs autonomes (ça débute le 11 février) et la gestion de notre liste de négociation. Ça fait beaucoup de travail devant nous sans oublier le repêchage. On va tout simplement s’y lancer, mais ça fait partie de ce qui m’excite le plus. On va trouver une manière pour accomplir tout ça et ça devient plus gratifiant ensuite », a témoigné celui qui revient dans la Ligue canadienne de football après un passage convaincant avec les Carabins de l’Université de Montréal.

Pendant la conférence de presse de sa nomination et celle du président Mario Cecchini, Maciocia a évoqué le dossier de mieux ratisser les États-Unis parmi ses priorités.

« Une chose très importante, c’est d’engager des dépisteurs aux États-Unis. J’ai déjà des contacts, des gens qui veulent s’associer avec nous. C’est important d’être actif là, d’avoir des gens sur le terrain et d’amener les meilleurs éléments. On doit couvrir ce pays en entier et ce sera sûrement mon plus grand défi », a-t-il précisé.

De l’extérieur, on pourrait croire que son réseau de contacts en sol américain s’est affaibli en se consacrant aux Carabins, mais il a effectué cette précision.

« J’ai un réseau assez intéressant aux États-unis parce que j’y passe la plupart de mon temps de la saison morte. J’ai eu la chance d’aller à l’Université de Miami et de côtoyer Urban Meyer d’Ohio State. »

Il reconnaît donc qu’il s’agit de l’une des faiblesses actuelles des Alouettes, mais il s’empresse de ramener le tout ici.  

« Identifier le talent de l’autre côté de la frontière et le contenu canadien. Pour moi, il faut s’améliorer. Quand tu regardes le nombre de joueurs québécois qui ont un impact ailleurs dans la LCF, je trouve ça un peu décevant qu’ils ne soient pas à Montréal. Je pense à Sean Erlington, un choix de sixième ronde (Hamilton), et Kerfalla Exumé, en huitième ronde (Winnipeg). Il y en a plusieurs, il faut que ça change et ça presse », a insisté l’homme de football.

« Je ne veux pas dire si ce fut négligé ou non avant, mais on sera très visible à partir de maintenant au Québec. On ne pourra pas tous les avoir, mais on va essayer d’en sécuriser certains », a ajouté celui qui a déjà contacté les entraîneurs des programmes universitaires québécois pour augmenter les liens avec eux.

Avant même de penser à cette relève, Maciocia et ses collègues du département football vont consacrer bien des efforts pour renflouer la ligne défensive, une unité dont le rendement n’a pas été satisfaisant.

« C’est sûr qu’on a besoin de profondeur à plusieurs positions, mais si je devais cibler une position pour devenir plus forts, ce serait la ligne défensive. On a eu 27 sacs je crois (c’est exact et ça vaut le dernier rang, NDLR). On doit trouver une façon d’avoir quatre joueurs qui sont en mesure de se rendre au quart-arrière », a avoué Maciocia, qui souhaite ainsi aider le reste de la défense avec un tel renfort.

Les défis de Maciocia et Cecchini

Ce souhait passera sans doute via le marché des joueurs autonomes, mais le temps presse à ce chapitre. Dès le 11 février, les clients les plus intéressants vont conclure de nouvelles ententes. Maciocia prétend que Montréal peut croire en ses chances d’attirer de grosses prises.

« Quand j’étais à Edmonton, Montréal était une destination désirée par plusieurs joueurs même si les installations étaient pires que maintenant. Si on peut ramener cette fierté, je suis convaincu que les joueurs vont suivre », a prédit le DG qui peut également miser sur le facteur Khari Jones.

Au passage, notons que Chris Ackie, Bo Banner, Woody Baron, Ryan Brown, Ciante Evans, Jeremiah Johnson, Patrick Levels, Eugene Lewis et Kristian Matte sont au nombre des joueurs importants des Alouettes qui peuvent tester le marché à moins de s’entendre avec les Alouettes.

Maciocia renoue avec la LCF et il admet qu’il a retenu des leçons de ses années comme entraîneur-chef et directeur général à Edmonton où il n’a pas que connu du succès.

« Je ne changerais pas une journée de mes deux dernières années (il était alors DG) parce que j’ai eu la chance d’apprendre plusieurs choses. Ce que j’ai appris m’a aidé pour mettre en place des choses avec les Carabins. Ce sont des leçons de vie que je ne vais jamais oublier. S’il y a quelque chose en particulier, ce serait de s’entourer de gens qui ont des forces que tu considères comme des faiblesses chez toi », a détaillé le dirigeant de 52 ans.

À ses côtés, il misera évidemment sur Jones, dont l’apport sera plus que crucial cette année.

« Il va jouer un rôle primordial, il va me donner une évaluation de chaque personne. On va regarder où sont nos forces et nos faiblesses. Ensuite, ce sera à moi et les opérations football d’aller chercher les réponses désirées. Il connaît les personnes, leur caractère et si elles sont faciles à diriger ou non. On va prendre les décisions en équipe », a expliqué Maciocia.

Heureux d’être sollicité à fond pour cette tâche, Jones n’a toutefois pas voulu demander « un mot à dire » dans les décisions football.  

« Non. Danny a précisé sa vision pour les entraîneurs (en disant que ça revient à Jones de les choisir, NDLR) et je l’apprécie. J’aime le fait qu’il a été entraîneur-chef, il sait comment ça fonctionne de ma perspective. Je suis bien content de la dynamique qui s’installe et je ne me soucie pas trop de la structure décisionnelle. Quand les gens sont sur la même longueur d’onde, ça n’importe pas qui prend telle décision ou telle autre », a répondu Jones qui sera heureux d’alléger son mandat qui a été surchargé avant cette nomination.  

Quant aux allusions répétées du propriétaire Gary Stern à la conquête de la coupe Grey dès 2020, Maciocia a prétendu que ça ne lui ajoutait pas de pression supplémentaire. Par contre, il a mentionné ceci de manière révélatrice.

- « Moi, je ne vais rien garantir. »

- « Non, tu l’as fait », l’a interrompu Stern en riant.   

- « Mais ce que je promets, c’est que je vais tout donner, c’est plus qu’un travail pour moi », a poursuivi Maciocia.

Cecchini veut explorer plus d’options

Alors que Maciocia promet de traiter les joueurs et les employés avec dignité même quand des décisions difficiles seront nécessaires, le président Mario Cecchini assure que les deux hommes ont cliqué au niveau de leurs valeurs.

« Le mandat est très clair »

Quant à son style de gestion, il devrait être plus visible que son prédécesseur, Patrick Boivin, tout en laissant rayonner son entourage. Ses défis vont notamment inclure de séduire davantage la communauté des affaires.

« On va aller beaucoup plus loin, peut-être que ça ne pouvait pas être exploré avant en raison du contexte », a-t-il avancé.

Cecchini espère capitaliser sur l’engouement créé en 2019. S’il y parvient, il aimerait renoncer aux sections recouvertes d’une toile, mais ça paraît plus réaliste à moyen terme.

En plus de son expérience dans le milieu des affaires, il s’inspirera de sa passion de longue date du football pour propulser les Alouettes à un autre niveau.

« Je suis devenu un fan de football avec l’Immaculate reception (un jeu célèbre dans la NFL, NDLR) en 1972, j’avais huit ans. Je me souviens des billets à 4$ au Stade olympique. Dès que j’ai pu prendre le métro seul, je venais presque toujours aux matchs. Pour moi, les Alouettes, c’était Gabriel Grégoire, Junior Ah you, Chuck Zapiec, Gerry Dattilio et tous ces joueurs des années 1970. Je ne crois pas avoir manqué un jeu des Alouettes depuis quatre ans », a conclu Cecchini qui désire explorer plus d’options avec la communauté des affaires.

Danny Maciocia et Mario Cecchini dans l'Antichambre