MONTRÉAL – Khari Jones adore confondre les sceptiques et il voudrait bien que l’histoire se répète. Sous-estimé pendant plusieurs années comme quart-arrière, il a fini par prouver sa valeur dans la Ligue canadienne de football et il espère en faire autant comme entraîneur-chef.

 

La commande ne sera pas de tout repos puisqu’il n’a pas hérité d’une puissance à Montréal. De plus, Jones n’a rien cassé l’an passé avec les Alouettes en tant que coordonnateur offensif alors qu’il ne pouvait pas se fier uniquement à ses préférences stratégiques. Ce sera à lui d’exposer que c’était la raison principale de ce rendement insuffisant.

 

Mercredi après-midi, Jones n’était pas encore envahi par les papillons en vue de son premier match.

 

« Non, pas encore. Quand j’étais joueur, c’était semblable. Je les ressentais uniquement avant la partie. J’ai été tellement occupé que je n’ai pas trop eu le temps de réfléchir. Ce qui importe, c’est le sort de l’équipe », a répondu celui qui a connu une carrière plus que respectable comme joueur. 

 

Peut-être que le stress ne le tenaille point parce qu’il a « gagné ses épaulettes ».  

 

« Ça m’apparaît être la même chose, j’ai été partant uniquement à 29 ans. J’ai dû patienter longtemps et je savais que je pouvais accomplir ce rôle. J’avais besoin de la confiance de quelqu’un et je me sens dans les mêmes dispositions présentement. Je veux simplement être la ressource appropriée pour ces joueurs, c’est la chose cruciale. Je suis bien reconnaissant et je veux être à la hauteur », a commenté Jones.  

 

Telle une coïncidence savoureuse, Jones vivra son baptême face aux Eskimos, l’organisation qui l’a libéré deux fois sans même qu’il ne puisse jouer un match avec eux! Mais ne comptez pas sur lui pour être rancunier.

 

« Non, vraiment pas. Je n’ai aucune amertume envers les autres équipes, j’ai plutôt fait le tour du circuit. Dans ce milieu, tu ne décides pas quand tu quittes, on t’indique la sortie. Je n’ai jamais perçu ça personnellement », a indiqué Jones en souriant.

 

L’entrée en scène précipitée de Jones ne semble pas effrayer la plupart des joueurs des Alouettes.

 

« Khari était déjà avec l’équipe, il s’impliquait dans le vestiaire, les joueurs le connaissent bien. Je ne sais pas ce que tu souhaites que je te dise, mais nous sommes des joueurs et nous devons nous adapter à toutes les circonstances. C’est ainsi que ça se passe, c’est quand on joue sur le terrain », a plaidé l’ailier défensif John Bowman.

 

Qui plus est, Jones peut se fier sur bien des alliés dans le vestiaire. Ce n’est pas étonnant car il est un entraîneur plus près de ses joueurs que pouvait l’être Mike Sherman. Voilà pourquoi Jones ne peut s’empêcher de rire quand on lui demande s’il est un « player’s coach ».

 

« Je trouve toujours que c’est étrange comme expression. Après tout, ce sont eux qu’on dirige donc c’est normal. Oui, je crois que c’est le cas parce que j’ai été dans leurs souliers. Les gars savent aussi que je serai sévère et critique quand ce sera nécessaire. Je suis prêt à trancher pour de grosses décisions. Les joueurs savent que je suis là pour les aider à obtenir du succès », a confié Jones.

 

Du renfort chez les Alouettes

Quand il voudra inspirer ses troupes pour leur indiquer l’ADN à posséder, Jones se tournera vers son parcours.  

 

« Je veux simplement que les joueurs soient intelligents dans leur approche sur le terrain tout en s’exprimant avec beaucoup de passion et de plaisir. Voilà comment j’ai vécu ma carrière et je veux qu’ils puissent s’amuser à leur tour. Ça exige de la discipline, mais je veux avoir le pouls de l’équipe », a exprimé l’homme de 48 ans qui a entamé sa carrière d’entraîneur en 2009.

 

La grande question demeure de voir si les Alouettes parviendront à surpasser les attentes disons pessimistes à leur endroit. On ose tout de même croire qu’ils ne se limiteront pas à un dossier de 5-13 comme l’an dernier.

 

« Je ne me suis jamais soucié de ça dans ma vie, je me concentre uniquement sur les joueurs. Si je n’avais pas agi de la sorte, je ne serais pas ici aujourd’hui parce que personne ne croyait que je pouvais jouer à ce niveau », a conclu Jones en marquant un premier point.