MONTRÉAL – Samedi soir, les Alouettes obtiendront enfin la chance d’effacer quelques douloureux souvenirs de la saison 2017. Avec Mike Sherman à la barre du club et des modifications à l’effectif, la formation montréalaise peut se permettre d’espérer une renaissance.

 

L’enjeu sera plutôt de déterminer s’il s’agira d’un retour en force convaincant ou d’un simple regain de vie au cœur d’une reconstruction.

 

Les Alouettes, qui ont dû se contenter d’un dossier de 3-15 l’année passée, ont procédé à leur dernier entraînement avant de décoller en direction de Vancouver pour y affronter les Lions (dès 21h à RDS).

 

Au tout début de l’entraînement, Sherman s’est assuré de discuter avec le receveur Ernest Jackson. En fait, c’était surtout l’entraîneur qui parlait et son message n’était pas bref. Même s’il entame sa première saison dans la LCF, Sherman sait bien que Jackson a connu une saison plus que décevante en 2017 et ses performances n’ont épaté personne dans les matchs préparatoires.

Ernest Jackson

 

« Il m’a dit à quel point je peux être bon, il m’a parlé d’élever le niveau de mon jeu pour que les autres en fassent autant. Il m’a précisé de ne pas être médiocre, parce que je suis un bon joueur et qu’il voit mon potentiel. Il veut que je le démontre », a raconté Jackson qui a le mérite d’avoir accepté d’aborder le sujet.

 

Évidemment, si Jackson retrouvait son aplomb de 2014, 2015 et 2016, l’attaque montréalaise serait nettement plus dangereuse. Grâce à l’ajout de Chris Williams, qui est plus reconnu pour sa constance, les Alouettes disposeraient de deux menaces de haut niveau. La mission des B.J. Cunningham, Eugene Lewis, Patrick Lavoie, Stephen Adekolu et George Johnson serait de compléter ce groupe de leur mieux autour du quart-arrière Drew Willy.

 

« La confiance est au rendez-vous, on a le potentiel d’avoir plus gars qui vont franchir le plateau 1000 verges comme à Ottawa en 2016 (Greg Ellingson, Brad Sinopoli, Williams et lui-même) », a plaidé Jackson qui a intérêt à ne pas décevoir Sherman trop longtemps.

 

Parlant de l’entraîneur-chef, il s’apprête à vivre ses débuts officiels aux commandes d’une équipe de la LCF. Rappelons qu’après un long parcours dans la NCAA et la NFL, son dernier mandat avait été d’accepter de diriger la formation d’une école secondaire.

 

« J’ai hâte de vivre ce premier match, on affronte une très bonne équipe qui est bien dirigée. Je suis intrigué de voir comment on se débrouillera, comment on peut se comparer à un tel club; ce sera un bon test pour nous », a-t-il confié.

 

Mais l’examen sera aussi valide pour lui. Le transfert dans le football canadien exige une adaptation considérable et il en est conscient.

 

« Je ne vais pas me donner une note dès maintenant. Je pense que c’est ce que vous (les médias) faites bien. Vous êtes meilleurs que moi pour le faire. Je suis un work in progress. Je ne vais pas dire que je suis aussi à l’aise qu’un vétéran de 10 ans, mais j’apprends des choses chaque semaine dans les matchs et les entraînements ou en étudiant des vidéos. Je me sens confortable, mais pas complètement confortable encore. Il va y avoir des choses inattendues qui vont se présenter que je devrai gérer », a admis Sherman.

 

Le moment était propice pour lui demander où se situait, à son avis, son équipe par rapport à la dernière partie préparatoire ?

 

« C’est vraiment difficile d’évaluer une équipe en se fiant uniquement aux entraînements, ça prend un match. On a assisté à deux matchs différents la semaine dernière selon la demie. Après la mi-temps, on a surtout utilisé des réservistes ou des joueurs qui ne sont plus avec l’équipe », a précisé l’ancien patron des Packers de Green Bay.

 

Invité à identifier les forces de sa troupe, Sherman a cité la ligne défensive en premier lieu. Quant à l’attaque, sa vision n’était pas embrouillée par la pluie qui ruisselait sur ses lunettes.

 

« Oui, l’attaque est un work in progress, il n’y a aucun doute là-dessus et on essaie de mieux faire jour après jour », a reconnu l’entraîneur de 63 ans.

 

Dans un monde idéal pour l’organisation montréalaise, cette attaque cliquerait dès le décollage du calendrier à Vancouver. Mais, à part une victoire, Sherman sait ce qui lui ferait plaisir.

 

« Avant tout, on voudrait terminer ce match en santé. Ensuite, j’aimerais assister à un match clean de notre équipe, je ne veux pas une formation indisciplinée. Je veux une équipe qui joue de manière professionnelle avec classe et caractère. »

 

Bomben à son poste avec un plâtre ?

 

Cette séance n’a toutefois pas permis de confirmer si le garde Ryan Bomben sera en mesure d’être à son poste. Muni d’un plâtre à la main droite, le garde s’est entraîné autant comme bloqueur à droite que comme sixième joueur de ligne offensive sur certaines situations. Le dossier de Bomben n’est pas banal puisque le front offensif des Alouettes n’a pas encore affiché la constance désirée.

 

« Il (Bomben) a eu un bon entraînement, mais je dois vérifier avec lui comment il se sent et comment se porte sa main. On veut aussi découvrir quelle sera sa condition vendredi. On dirait qu’il y a une possibilité qu’il puisse jouer.

 

Ryan Bomben« Je ne veux pas faire quelque chose qui pourrait hypothéquer sa carrière ou sa saison. On sera très prudent à ce sujet, on en discutera avec lui et les médecins », a exposé Sherman.

 

Installé au poste de centre partant depuis le début du camp d’entraînement, Kristian Matte a vu une panoplie de joueurs défiler surtout à sa droite. Jeudi matin, Kirby Fabien (un vétéran de cinq saisons avec les Lions) et Ruben Carter (une recrue) ont piloté la majorité des répétitions comme garde et bloqueur de ce côté. Carter a parfois cédé sa place à Bomben ce qui laisse planer une incertitude.

 

« On a travaillé fort durant tout le camp d’entraînement, on a eu plusieurs combinaisons sur la ligne. C’est certain qu’on a dû s’adapter quand même assez vite. On doit être prêts peu importe ce que les entraîneurs nous demandent de faire. On sait que les Lions ont une très bonne ligne défensive. Si on est en mesure de bien jouer ensemble et de procéder aux bons ajustements selon leur défense, on va s’en sortir », a exprimé Matte qui est le dernier à se plaindre.

 

Le Québécois semble toutefois comprendre l’insertion de Fabien à sa droite.

 

« C’est un garde quand même assez imposant à six pieds six pouces et plus de 300 livres. Il est physique et solide tout en possédant beaucoup d’expérience. Ça nous a aidés, il sait plus à quoi t’attendre. En plus, il a déjà pratiqué contre la défense de Mark Washington », a relevé Matte en parlant du coordonnateur défensif des Lions, l’ancienne équipe de Fabien.

 

Du côté des dossiers plus clairs, on peut présumer que John Bowman ne croisera pas le fer avec la ligne offensive des Lions. Bowman n’a pas encore recommencé à s’entraîner. La ligne défensive devrait donc surtout être composée des frères Jamaal et Jabar Westerman, Woody Baron et Vantrel McMillan.