MONTRÉAL – Luc Brodeur-Jourdain est un Alouette jusqu’au bout des doigts. Le Québécois de 35 ans respecte l’organisation au point d’accepter de s’envoler vers la retraite si la relève est assurée.

 

Le vétéran centre a conservé un moral d’acier malgré les embûches de l’équipe depuis quatre saisons. Ce contexte ne ressemble en rien à ses deux premières années dans la LCF qui s’étaient conclues par deux championnats.

 

Le dernier choix au repêchage de 2008 pourrait bien avoir le goût de tirer sa révérence, mais la passion demeure trop forte.

 

« Je ne sais pas si c’était mon dernier match en tant que joueur. Je vais entamer la saison morte comme je l’ai fait depuis 20 ans : je vais me préparer pour une autre saison. Si on a besoin de moi, je serai là. Si ce n’est pas le cas, je ne serai pas là », a-t-il indiqué avec sa sagesse habituelle.

 

Plusieurs facteurs peuvent influencer la réflexion d’un joueur. Il y a la famille (une copine et trois enfants dans le nid familial), la santé physique, la motivation, les autres aspirations… Dans son cas, ça ne se résume qu’à une priorité.

 

« C’est vraiment l’équipe avant tout. Il n’y a plus grand-chose à investir dans un joueur de 35-36 ans, tu veux investir dans ton présent et ton avenir, pas dans ton passé. Si on a les ingrédients faisant en sorte qu’on n’a pas besoin de moi, je vais l’accepter simplement. Je suis encore fortement attaché à ce sport, je souhaite continuer de jouer. Mais je suis extrêmement serein et conscient de la situation.

 

« Mais est-ce que je me sens déclassé ou surpassé ? La réponse est non », a développé le numéro 58.

 

Cet avenir repose notamment sur les grosses épaules de Trey Rutherford et Tyler Johnstone. Le premier a peiné à s’adapter à la LCF lors de sa saison recrue et il a subi une blessure. Le deuxième a démontré des signes prometteurs avant de se blesser à son tour.

 

« Ce sont deux jeunes avec un très bon potentiel pour émerger dans la prochaine saison. Les attentes sont élevées envers eux parce que l’équipe a investi des choix de première ronde sur eux. Ils peuvent nous procurer la possibilité d’avoir une ligne offensive exclusivement canadienne, ce qui est un luxe pour le ratio », a noté LBJ.

 

En continuant de songer au futur, Brodeur-Jourdain a émis un souhait pour favoriser le rendement des quarts-arrières et de l’attaque.

 

« Pour bien bâtir un quart-arrière, il doit avoir le moins de pression possible », a-t-il d’abord noté en faisant allusion à un recours plus fréquent à l’attaque terrestre et à une meilleure protection.

 

« On a fini par alléger la pression sur nos quarts et ça donnait une attaque plus productive. J’espère que c’est la dynamique qui sera employée pour la suite des choses. »

 

Advenant qu’on lui retire son chandail, Brodeur-Jourdain ne quittera pas avec amertume.

 

« La relation est très bonne (avec les dirigeants de l’organisation). Ce ne serait pas un divorce houleux avec beaucoup de chicane. C’est comme ça dans le sport professionnel, ils doivent faire un passage vers un autre centre et une autre ligne offensive. Si mon éthique de travail a pu inspirer les jeunes, que le dernier droit de saison leur a démontré que j’étais prêt, encore frais et capable de maintenir une bonne condition physique, j’aurai démontré c’est quoi être un professionnel. C’est ce que je voulais partager », a conclu celui qui devait se contenter d’un rôle d’observateur en début de campagne.

 

Quelques notes en bref

 

Outre les ennuis de la ligne offensive, les receveurs n’ont pas impressionné cette saison. Le directeur général Kavis Reed aura bien du pain sur la planche pour rebâtir cette unité. Eugene Lewis (qui a été le meilleur du lot), B.J. Cunningham et Ernest Jackson terminent tous la dernière année de leur contrat.

 

Bien qu’il soit heureux de son rendement, Lewis n’est pas satisfait de son année.

 

« Je crois que je peux être le premier receveur d’une équipe. Mais ce que je veux, ce sont des victoires et une bonne production personnelle », a exposé Lewis précisant que son agent discute déjà avec Reed à propos d’une nouvelle entente.

 

Au sein des Alouettes, on prétend que Johnny Manziel sera bien plus efficace en 2019 grâce à un camp d’entraînement. Antonio Pipkin ne veut pas lui laisser toute la place pour autant, il veut lui livrer toute une compétition.

 

« Je serai prêt pour ça. Je serai heureux d'avoir seulement l'occasion de me battre pour ce poste et tenter de poursuivre ce que nous avons amorcé cette saison », a-t-il convenu.

 

L’attaque a connu plus de succès par la course alors que William Stanback est devenu une belle révélation. Stanback entamera sa deuxième saison avec l’intention de se surpasser surtout que la NFL demeure dans sa mire à moyen terme.

 

En début d’année, l’attaque aurait d’ailleurs eu intérêt à miser plus souvent sur les porteurs de ballon. En fin de saison, le coordonnateur offensif Khari Jones a intégré plus de créativité et d’audace dans ses stratégies. Quant à l’entraîneur Mike Sherman, Kristian Matte a témoigné de son évolution.

 

« C’est sûr qu’il y a eu une progression tout au long de l’année. C’est un football différent, ça s’apprend avec le temps et c’est la réalité de tous les entraîneurs qui arrivent au Canada. Il a beaucoup appris des autres entraîneurs comme André Bolduc et Jason Tucker. Vers la fin de la saison, on a vu que nos plans de match étaient plus diversifiés », a-t-il admis.

 

Le mot de la fin revient à Henoc Muamba, le joueur par excellence des Alouettes, qui a été la consolation de l’année. Il a terminé l’année au deuxième rang de la LCF pour les plaqués, mais il veut que la défense montréalaise atteigne un autre niveau en 2019.

 

« C’est définitivement de gagner le championnat. Je veux qu’on soit l’une des meilleures défenses de la LCF. C’est un défi que je me lance. Ce ne serait pas suffisant pour moi de simplement avoir une autre bonne année individuelle la saison prochaine. Mon défi, c’est de bien jouer, mais d’aider tous les gars autour de moi à devenir très bons », a conclu l’athlète de 29 ans.

 

Rappelons que les dirigeants procéderont à leur bilan jeudi puisque le président Patrick Boivin sera à Toronto en début de semaine avec des collègues pour déposer la candidature de Montréal en vue de la présentation de la coupe Grey en 2020 (ce serait une première pour Montréal depuis 2008).