Encore une victoire pour les Alouettes!

Les Moineaux ont signé un troisième de gain de suite, vendredi, face aux Lions de la Colombie-Britannique.

Pour être honnête, ce n’était pas la victoire la plus éclatante, mais ces deux points au classement sont cruciaux. À la fin de l’année, tout ce qui compte, c’est le chiffre dans la colonne des victoires.

Même si les Alouettes étaient favoris, ils n’ont pas été dominants contre l’équipe avec la pire fiche de la ligue. On savait qu’il y avait quand même du talent chez les Lions et ils l’ont prouvé. Le match a été chaudement disputé jusqu’à la fin.

Lions 16 - Alouettes 21

À la blague, l’entraîneur-chef Khari Jones devrait peut-être dire à ses joueurs qu’ils n’ont pas besoin de créer autant de suspense. C’est correct de dominer et de se donner une belle avance. Pas besoin d’attendre la dernière passe du match pour s’assurer la victoire.

La bonne nouvelle, c’est que les Alouettes ont prouvé qu’ils sont capables de rester unis dans des matchs chaudement disputés où il y a des hauts et des bas. Dans un match de football, ce n’est pas compliqué, il y a deux éléments principaux qui mènent au succès : jouer pendant 60 minutes et dominer les trois facettes du jeu. Mais combien d’équipes sont vraiment capables de faire ça match après match?

Les Alouettes n’ont pas joué pendant 60 minutes car il y a eu un gros passage à vide au troisième quart et ils n’ont pas non plus dominé dans les trois facettes. Je pense qu’il y a surtout beaucoup de travail à faire au niveau des unités spéciales et c’est ce qui fait que les matchs sont serrés. C’est donc le prochain défi des Alouettes, et le défi de toutes les équipes : respecter ces deux éléments. Mais respecter un plan de match, c’est plus facile à dire qu’à faire et c’est bon pour toutes les équipes et peu importe le sport.

Je tiens particulièrement à revenir sur la performance de Vernon Adams. Il n’a pas connu un très grand match côté statistiques avec 232 verges de gain et une interception sur une mauvaise passe, mais il a quand même complété 72 % de ses passes (18 en 25). Si la passe avait été de meilleure qualité, ça aurait pu mener à un touché. On pourrait en débattre, mais c’est à se demander pourquoi on a essayé de forcer le jeu en fin de demie alors qu’on aurait pu se contenter d’une courte passe pour ensuite faire un botté de placement. On a donc laissé des points sur le terrain.

Cependant, là où Vernon Adams m’a impressionné, c’est dans ce qu’on appelle le money down : l’essai que tu dois absolument réussir et où c’est évident qu’une passe s’en vient. Au football américain, c’est le troisième essai, mais au football canadien, c’est le deuxième. C’est là qu’Adams a été à son meilleur, il a fait la différence dans les situations cruciales de passe évidente en deuxième essai et long. Sur 14 situations (dont un cas en troisième essai et 2), il a converti 10 fois ses passes pour aller chercher un premier essai et permettre de continuer la séquence. Deux fois il est allé chercher des premiers jeux avec ses jambes. Il est ainsi allé chercher 76 % de ses verges là-dessus, soit 180. Ça, c’est être bon sous la pression et c’est impressionnant. C’est important de le souligner.

« Je voulais tout donner et l'emporter avec mes coéquipiers »

Bref, Vernon Adams est en train de jouer toute une saison. Incluant les 3 touchés d’hier, les Alouettes en cumulent 27 au total en 2019. Adams est directement impliqué sur 20 d’entre eux, avec 10 passes de touché et 10 touchés au sol. Il a tout un impact sur le match.

Cela dit, ce n’est pas encore la huitième merveille du monde car il y a encore du travail à faire et de la constance à avoir. Il y a eu quelques mauvaises passes hier d’ailleurs. Par contre, à sa défense, certaines d’entre elles auraient dû être captées mais ont été échappées. Mais ça fait partie des hauts et des bas d’une rencontre. L’important, c’est comment on réagit après les mauvais jeux. L’exemple parfait : DeVier Posey. Il a échappé deux passes qui n’étaient pas tout à fait précises mais à sa portée pour un gars de sa trempe. Il aurait dû les attraper. Malgré tout, quand c’était le temps d’écouler les secondes en fin de rencontre, il a capté une grosse passe de 27 verges en deuxième essai en milieu de terrain. C’est un exemple de résilience après un petit passage à vide et ça représente bien à quel point les Alouettes sont bons pour oublier les mauvais jeux et passer à autre chose.

Le plus gros passage à vide a eu lieu au troisième quart. Les Alouettes se sont retrouvés dans le négatif après six jeux en attaque et 3 min 40 de possession. Non seulement ils n’ont gagné aucune verge, mais ils en ont perdu trois. Au moins, Vernon Adams a été en feu au quatrième quart pour se rattraper. Sur la séquence de touché de Quan Bray, il a été 5 en 5 pour des gains de 69 verges et sa passe de touché a été sur un deuxième essai.

Soulignons également le retour de William Stanback, qui a été en feu, et c’était une bonne nouvelle. C’est clair qu’il amène une dynamique intéressante. Il a retrouvé son côté explosif, malgré son gros gabarit, et avait beaucoup de vitesse. Il a réussi quelques gros jeux, dont sur une passe piège de 36 verges et une autre grosse course de 21 verges.

Si seulement les Alouettes pouvaient jouer de façon constante... Il y a tellement de potentiel au sein de l’équipe.

La défense doit créer plus de revirements

Ce qui manque à la défense, c’est la capacité de créer plus de revirements. On en avait provoqué 18 dans les six premières rencontres de la campagne, mais dans les quatre dernières, il n’y en a eu que 4.

Ce serait le fun de retrouver nos bonnes vieilles habitudes en créant des revirements tôt dans le match pour donner le ton. Pour l’instant, la défense accorde des verges, mais au moins elle ne casse pas. Au final, on a concédé seulement 16 points et un touché hier. Dans un match qui se termine par un écart de 5 points, une statistique en particulier fait foi de tout : les Alouettes ont marqué trois touchés sur les quatre fois qu’ils sont allés dans la zone payante alors que les Lions n’en ont marqué aucun en étant allés deux fois dans la zone payante. Si tu marques deux touchés plutôt que deux bottés, ça change complètement la donne.

C’est ce qui fait que la défense des Moineaux est solide présentement : elle ferme la porte quand l’adversaire se trouve dans la zone payante. C’était du bon boulot à ce chapitre.

Khari Jones prend de bonnes décisions

On sait par ailleurs que les Alouettes revenaient de leur troisième semaine de congé de la campagne, et leur dernière. C’était la première fois qu’ils gagnaient après une pause. Cette victoire va faire du bien, surtout à domicile.

Je trouve que l’entraîneur-chef Khari Jones pousse les bons boutons pour préparer son équipe. L’exemple parfait est à mon avis survenu au début du deuxième quart alors que les Alouettes sont à la ligne de 33 des Lions. Plutôt que de faire un placement de 40 verges, Khari Jones a décidé de faire confiance à l’attaque et de tenter sa chance en troisième essai et deux on a marqué un touché deux jeux plus tard. Il a le don de prendre des décisions qui créent du rythme, parfois avec un jeu truqué ou comme hier en forçant un troisième essai et deux. Dans le passé, les Alouettes n’étaient pas si audacieux. Jones a fait confiance à son attaque et il a été récompensé. C’est le fun de voir ça.

Il a aussi une bonne gestion du cadran. Selon le règlement, une équipe compte deux temps d’arrêt en banque mais n’a pas le droit de les utiliser dans les trois dernières minutes de la rencontre. À 3:04 de la fin, Jones a pris son premier temps d’arrêt sur un gros deuxième essai et 10 alors que les Lions sont à la ligne de 40 des Alouettes. C’était un moment charnière. On a calmé le jeu et on a bien pensé à notre stratégie. Sur le jeu suivant, les Lions lancent une passe incomplète grâce à un très bon jeu de Boseko Lokombo sur un des receveurs adverses et on force le botté de précision.

Jones est un jeune entraîneur-chef qui a été parachuté dans cette position à six jours du début de la saison. C’est beaucoup d’apprentissage en peu de temps. Pour l’instant, son équipe est bien préparée et organisée. Elle est reposée et joue mieux. En plus, pour l’instant il ne fait pas d’erreur de gestion. Il est quand même impressionnant dans ses fonctions car je suis certain qu’il en a beaucoup sur les épaules chaque jour. En plus, ce qui est intéressant, c’est que pour un sixième match consécutif, les Alouettes sont moins punis que leurs adversaires. Ça fait la différence dans des matchs serrés.

La seule chose qui reste à solutionner, ce sont les unités spéciales. Je ne suis pas satisfait de leur travail. On avait une belle occasion contre la pire équipe de la ligue. Quand Shakeir Ryan est arrivé en début de saison, il a réussi un gros touché contre la Saskatchewan à son deuxième match. Ça faisait un an que les Als n’avaient pas marqué un touché sur un retour de botté. Ça redonnait espoir. Depuis ce temps-là, il ne se passe rien sur les retours. Ryan a une moyenne de 5 verges de gain sur les retours de dégagement et de 17 verges sur les retours de bottés d’envoi. J’étais optimiste contre les Lions car ils sont septièmes en couverture des deux types de botté, ayant concédé huit retours explosifs et quatre touchés. Les Alouettes avaient une belle occasion et sont passés à côté. C’est quelque chose qui me chicote...

Maintenant, on a bien hâte au match contre les Roughriders sur la route. C’est une équipe qui joue du bon football et qui a une bonne fiche. Ça va être un autre bon test.

* Propos recueillis par Audrey Roy