MONTRÉAL – « S’il y a des jeunes filles qui se cherchent une idole, Caeli et Meaghan nous ont montré c’était quoi être des femmes fortes. »

En une phrase, Alexandre Dupuis, centre-arrière des Alouettes de Montréal, a résumé à merveille l’essence de la résilience démontrée par sa copine Meaghan Benfeito et sa partenaire Caeli McKay qui ont raté le podium par un demi-point lors de l’épreuve de plongeon synchronisé à la tour de 10 mètres

Si ses yeux petits en raison de la fatigue de sa très courte nuit à suivre la compétition avec les parents et les sœurs de Benfeito, Dupuis ressentait une immense fierté à l’égard de sa conjointe. 

Après le report des Jeux olympiques, de la mortalité dans sa famille et son condo qui est disparu en flammes, Benfeito a dû surmonter une autre immense épreuve – sportive cette fois – alors que McKay a été victime d’une sévère entorse à la cheville gauche à la fin juin. 

« En plus, la blessure est survenue pratiquement au même moment que j’ai signé avec les Alouettes. Ma première réaction a été de dire à Meg de se préparer au pire comme d’avoir une autre partenaire. On sait bien que ce n’est pas facile de faire du plongeon avec une blessure à la cheville. Au final, elle avait raison de vouloir rester avec Caeli », a raconté Dupuis qui a souligné la contribution de Roseline Filion, l’ancienne partenaire de Benfeito, qui a été d’un grand support, dont pour l’entraînement.  

« C’est sûr que mon premier choix aurait été d’être là-bas. Je sais que sa mère était également très déçue de ne pas être sur place. Mais, en fin de compte, je suis vraiment content qu’elle ait la chance de faire les compétitions; c’était ça l’essentiel. Elles ont tellement travaillé fort et traversé tant d’épreuves pour s’y rendre », a exposé Dupuis. 

La blessure a été si contraignante que Benfeito et McKay ont uniquement été en mesure de compléter les cinq plongeons de leur liste tout juste avant d’arriver à Tokyo. 

« Oui, c’était abasourdissant de savoir que Caeli s’était blessée. Mais, encore une fois, il fallait trouver une manière de passer à travers en y allant une étape et un jour à la fois », a-t-il ajouté. 

Fier de les voir s'amuser sous le plus haut niveau de stress

Sans un quatrième plongeon raté, la paire canadienne serait parvenue à grimper sur le podium. 

« À partir de là, je me disais juste que je serais présent pour elle peu importe la manière dont elle aurait besoin de moi. Étrangement ou grâce à une bonne préparation mentale, elle était juste fière de ce que Caeli et elle venaient de faire », a confié Dupuis qui n’a pas tant eu besoin de consoler Benfeito cette fois. 

Puisqu’il a été au cœur du soutien déployé pour mener Benfeito jusqu’à cette autre aventure olympique, Dupuis a remarqué des détails réconfortants.  

« C’est sans doute passé un peu inaperçu pour certains, mais ce qui m’a rendu le plus fier, c’est de les voir rire sur la plate-forme et avoir du plaisir. Elles formaient une équipe. C’est un sport individuel et, si tu regardes les autres duos, ils n’ont pas tous la même relation qu’elles. De les voir s’amuser alors que le stress est à son plus haut niveau et après un plongeon qui ne s’était pas bien passé, ça en dit gros sur leur préparation et leur résilience », a souligné l’athlète de 31 ans qui lui avait répété avant la compétition de savourer le moment.  

Dupuis se fait donc un plaisir de tirer des leçons du parcours de sa copine.  

« Je retiens que je dois savourer tous les moments que je vis. Il ne faut pas tenir ça pour acquis. Le football a une date d’expiration assez rapide. Tu ne peux pas vraiment jouer au football à l’extérieur d’une ligue organisée, tu ne peux pas en faire toute ta vie. Elle m’a montré de vraiment d'apprécier ces moments », a confié celui qui a passé trois saisons avec Toronto et deux avec Edmonton avant de joindre les Alouettes. 

Grâce à son expérience et à la force venant des épreuves surmontées, Benfeito a déployé une attitude inspirante. 

« Le leadership qu'elle a eu avec Caeli, tout au long du parcours. J'ai vu la photo de CBC quand elle la transporte sur son dos après la compétition parce qu’elle a trop mal pour marcher », a relevé Dupuis. 

La semaine prochaine, la plongeuse de 32 ans participera aussi à l’épreuve individuelle au 10 mètres qui se déroule sur deux journées ou plutôt deux nuits.  

« Oui, mais ce sont des moments uniques. Notre travail, comme groupe de support, c’est d’être là pour elle. On est tous là pour elle », a conclu Dupuis qui se remet graduellement d’une blessure à une cuisse qu’il ne veut surtout pas traîner cette saison. 

Alexandre Dupuis