MONTRÉAL – Il y a trois mois, jour pour jour, la Ligue canadienne de football décidait de renoncer à la saison 2020. Puisque c’était l’heure de procéder à un bilan inusité, le président des Alouettes de Montréal, Mario Cecchini, a admis ressentir des regrets et de la déception. 

La situation n’est pas rose présentement dans la deuxième vague de la COVID-19, mais il faut tout de même se demander si la LCF n’aurait pas pu procéder à une saison écourtée dans un contexte de bulle à Winnipeg comme le plan qui avait été étudié. 

Comme le soulevait le collègue Didier Orméjuste à Cecchini dans ce bilan virtuel, le monde du sport n’a que très peu à offrir présentement outre la NFL. Ainsi, on peut présumer que la LCF aurait attiré les regards vers elle. De plus, la Ligue nationale de hockey a démontré que le concept de bulle pouvait se gérer à condition de respecter des mesures strictes. 

Cela dit, la LCF ne dispose pas des mêmes moyens que la LNH et la demande d’aide gouvernementale a avorté. En évaluant le tout, Cecchini arrive à ce constat. 

« Oui, regret et déception. Mais, quand on recule au printemps, on doit se rappeler qu’on était parmi les premières ligues, avec le Baseball majeur, à composer avec cette réalité et le confinement avait été décrété au Québec en mars. Ensuite, les négociations ont commencé (avec le gouvernement). En rétrospective, quand on regarde, on aurait fait plein de choses de manière différente. On est les premiers à le dire. La communication avec le gouvernement a été dans le même sens », a-t-il d’abord mentionné. 

« Je ne cherche pas d’excuses, mais je donne du contexte. Il faut toujours faire attention quand on regarde derrière avec une vision actuelle. Même si on avait forcé le gouvernement à aller plus vite, il n’aurait pas pu répondre. Si on avait dit plus rapidement qu’on ne jouerait pas, on aurait été accusés de lever les voiles trop vite. L’équilibre n’était pas facile à atteindre, c’est une pandémie mondiale et il n’existe pas de plan de match pour ça. On va quand même apprendre de ça pour mieux gérer certaines situations », a ajouté Cecchini. 

Ainsi, est-ce l’échec du dossier de l’aide gouvernementale qui provoque le plus grand regret ?

« La réponse du gouvernement a été très décevante »

« La réponse du gouvernement a été très décevante et je ne peux pas le dire autrement. Plusieurs options étaient sur la table. Quand on n’a pas le résultat souhaité, on a le droit d’être déçus », a répondu Cecchini qui a évité de se prononcer sur la gestion critiquée du commissaire Randy Ambrosie. 

Au moment de l’annonce en août, Cecchini l’avait dit de manière polie, mais on comprenait que c’était plus logique, économiquement parlant, pour les Alouettes de renoncer à un calendrier 2020 dans une bulle. Les dépenses auraient été trop astronomiques avec une baisse draconienne des revenus. 

« Avec tous les coûts impliqués, c’était la bonne décision. D’ailleurs, si on pense à la situation actuelle au Manitoba, alors que 50-60% des lits de soins intensifs sont occupés, ç’aurait été un risque qu’on ne pouvait pas prévoir. Ça nous pousse vers la prudence », a mentionné le dirigeant.   

Huit mois après l’éclatement de la pandémie, rares sont ceux qui n’ont modifié aucune habitude dans leur vie quotidienne. Le circuit canadien pourrait donc subir des répercussions de cette absence du paysage en 2020. Les équipes devront reconquérir une partie de leur auditoire.  

« Vous aurez le droit de me traiter d’éternel optimiste, mais je ne souscris pas à cette possibilité. Les gens nous indiquent par sondage qu’ils ont hâte de revenir au stade et de retrouver leurs Alouettes. Toutes les habitudes ont été chamboulées, mais c’est une situation totalement hors de notre contrôle. On ne pouvait pas faire grand-chose. Je pense que les gens qui aiment le sport vont revenir tout comme ceux qui aiment les Alouettes. On va travailler pour les gagner un par un comme c’était notre mandat pour remplir le stade », a évoqué le président qui a cité le retour en force de la LNH après les conflits de travail. 

Très encouragé de jouer devant des partisans en 2021 

N’allez surtout pas dire à Cecchini ou au directeur général Danny Maciocia que la possibilité d’annuler une deuxième saison d’affilée existe.  

« C’est la question à laquelle personne ne veut répondre. Je ne veux même pas qu’on y songe. Pour être bien honnête, je ne crois pas que ça arrivera », a lancé Cecchini pour écarter cette hypothèse. 

« Aujourd’hui, ça peut paraître un peu particulier de parler de ça dans le contexte actuel, mais on regarde le portrait pour une saison dans huit ou neuf mois. On peut se permettre d’être très encouragés par les nouvelles. Nos experts sont encouragés de nous voir jouer devant des partisans en 2021 », a assuré Cecchini qui espère même qu'aucune aide gouvernementale ne soit requise en 2021. 

D’ailleurs, pas plus tard que mardi matin, il a discuté avec un médecin qui a espoir que la vaccination soit entamée au Québec d’ici mars. 

Alouettes : Comment bâtir l'édition 2021

Le président des Oiseaux puisent également son optimisme dans la réaction des détenteurs de billets de saison du club. 

« Environ 85 à 86% ont laissé leur dépôt en vue de 2021. Pour nous, ce sont des gestes importants, ce fut une aide encourageante et très appréciée.

Il décèle aussi de la lumière au bout du tunnel quand il entend Geoff Molson, le grand patron du Canadien, dire que le Tricolore pourrait jouer devant 4000 spectateurs. 

« J’ai lu ça de manière positive dans le sens qu’on parle de janvier tandis que notre saison débuterait quelques mois plus tard. De plus, on parle d’un aréna comparé à un stade extérieur », a-t-il cerné.  

« On se prépare comme si on allait jouer, c’est la seule façon d’aborder les choses. Toutes les indications pointent dans cette direction », a conclu Cecchini. 

Cecchini prêche pour plus de contenu francophone de la part de la LCF

Sur une autre note, il s'agit de la semaine de célébrations de la LCF et quelques joueurs ont dénoncé le peu de contenu francophone dans les nombreux événements virtuels. Le commissaire Randy Ambrosie semble se fier grandement sur les Alouettes pour compenser alors que l'implication devrait provenir de la LCF au départ. 

« On est fiers du contenu que l’on produit sur notre site, on va fêter notamment le 50e anniversaire de la coupe Grey de 1970. Je suis un ardent défenseur et un promoteur. Je pense que, de plus en plus, on sera capable d’offrir du contenu francophone avec la LCF. C’est une question de bonnes habitudes à développer », a souhaité le président que l'on déduit actif en coulisses pour que ça change. 

*À noter que Alouettes tiendront, mercredi à 17h, une clinique d’entraîneurs virtuelle et gratuite sur leur site web. Les participants seront Danny Maciocia, André Bolduc, Luc Brodeur-Jourdain et Pierre-Olivier Breault des Carabins en plus du médecin des Alouettes, le Dr. Vincent Lacroix. 

Il y a 50 ans, les Alouettes gagnaient leur 2e Coupe Grey