MONTRÉAL – « Comme Macho Man disait, la crème remonte à la surface! » Nik Lewis n’a jamais rien fait comme les autres et il l’a encore prouvé en citant l’ancien lutteur pour expliquer la clé de son succès l’ayant mené au Temple de la renommée du football canadien.

 

Exubérant et volubile comme ce fabuleux lutteur, Lewis a toujours été animé par un immense sens de la compétition. Voilà pourquoi son implication n’a pas chuté malgré les déboires des Alouettes de Montréal durant le dernier droit de son illustre carrière.

 

Lié aux Alouettes de 2015 à 2017, Lewis devait se démener au sein de l’unité offensive qui en arrachait avec des quarts-arrières comme Rakeem Cato, Jonathan Crompton, Kevin Glenn et Darian Durant. L’équipe avait dû se contenter de dossiers de 6-12, 7-11 et 3-15.  

 

La transition a donc été brutale pour Lewis qui avait été une pièce maîtresse des Stampeders de Calgary, l‘étalon de mesure de la LCF, pendant 11 ans. Voilà pourquoi il chérit sa saison de plus de 1000 verges dans l’uniforme montréalais.

 

Nik Lewis« Je dirais qu’elle est plus significative que les autres à mes yeux en raison de l’adversité surmontée. Mon expérience à Montréal m’a beaucoup appris. J’ai été élu capitaine pour la première fois de ma carrière. J’ai pu jouer avec de futurs membres du Temple comme Chip Cox et John Bowman ainsi que d’autres bons joueurs comme S.J. Green, Fred Stamps, Tyrell Sutton, Brandon Rutley, Stefan Logan... », a raconté Lewis en visioconférence.

 

Cette adversité pesait lourd sur un joueur comme lui. Plus d’une fois, Lewis ne s’est pas gêné pour exprimer son mécontentement devant les médias alors que les défaites s’accumulaient.

 

« Je détestais perdre toutefois et je détestais voir John Bowman quitter le terrain après une défaite. Je voulais tellement gagner pour lui », a lancé Lewis qui voue un grand respect pour ce compétiteur d’exception.

 

En quelque sorte, Lewis se reconnaissait en Bowman dans le sens qu’il a toujours eu à prouver sa valeur et il n’a jamais voulu lever le pied de l’accélérateur par la suite.

 

L’ailier rapproché a puisé dans ses anecdotes pour illustrer le tout à merveille.

 

« Avant le camp, à Calgary, on avait l’habitude de me montrer des images des receveurs qui se joignaient à l’équipe. Je disais ‘OK, ils ont l’air de bien se débrouiller, mais allons sur le terrain pour rivaliser maintenant. Je savais ce que je valais et que personne ne travaillerait plus fort que moi », a raconté Lewis.

 

À Calgary, Lewis a franchi le plateau des 1000 verges aériennes durant neuf saisons d’affilée et il a soulevé la coupe Grey à deux reprises. Le succès collectif n’a pas été au rendez-vous à Montréal, mais il est capable de retenir du positif.

 

« La famille Wetenhall a été merveilleuse avec moi dès mon arrivée. Ils m’ont dit ‘Tu as une nouvelle maison ici et ça voulait beaucoup à mes yeux. Ça prouvait que j’étais désiré et que je n’étais pas là à cause de mon nom ou pour attirer des partisans. Je me suis beaucoup amusé à Montréal. J’ai pu aider des plus jeunes comme Ernest Jackson, B.J. Cunningham, mes petits frères », a décrit Lewis.

« Je n’ai pas de fans, j’ai des amis ! »

 

Bien accueilli à Montréal, Lewis n’a pas perdu de temps pour se rapprocher des partisans, une marque de commerce fascinante chez lui. Après chaque partie au stade Percival-Molson, il avait l’habitude d’aller prendre une bière avec quelques coéquipiers dans un bar situé à proximité. Les partisans étaient toujours sous le choc de le voir débarquer et il fraternisait avec eux.

 

À Calgary, Lewis a développé un lien unique avec les fidèles des Stamps.

 

« J’ai toujours pensé que les gens sont en mesure de faire des choses que je ne suis pas capable. Ce n’est pas parce que je fais mon métier à la télévision que ça me rend spécial. Au départ, j’avais cette crainte d’échouer. Je pense aux athlètes qui, dès qu’ils commettent une erreur, se font retirer le piédestal sous leurs pieds. Quand on y pense, personne n’a demandé à y être placé et personne ne veut vivre ça. J’ai toujours voulu être authentique, que les gens sachent exactement qui je suis. Être 100% moi-même avec mes coéquipiers, mes entraîneurs et les partisans », a-t-il expliqué.

 

« Je n’ai pas de fans, j’ai des amis ! », a ajouté Lewis qui a même accueilli des partisans à sa maison.

 

Cette relation se bâtit aussi autour des anciens grands noms d’une équipe. En comparant avec ce qu’il a vu à Calgary, Lewis avait été étonné de voir si peu d’anciens des Alouettes dans l’entourage de l’organisation.

 

« J’avais demandé à Peter Dalla Riva pourquoi on ne le voyait jamais autour de nous et il m’avait dit qu’il ne se faisait pas inviter, que rien n’avait été mis en place pour que les anciens soient présents. Mais c’est important, la plupart des joueurs arrivant des États-Unis ne connaissent pas l’histoire de la LCF et d’où vient la passion des gens », a confié l’homme de 38 ans.Nik Lewis

 

En raison des circonstances, Lewis n’a pas été en mesure de marquer l’histoire des Alouettes autant qu’il aurait pu le souhaiter. Mais ça ne le rend pas trop amer puisqu’il est fier de ne pas avoir sombré dans l’égoïsme.

 

« J’ai retiré beaucoup de fierté à effectuer des blocs pour mes partenaires. Quand tu y penses, j’ai attrapé en moyenne 4,5 attrapés par match sur 60 à 70 jeux donc la plupart du temps est consacré à bloquer et courir pour créer des ouvertures aux autres. C’est donc énormément d’altruisme », a cerné Lewis.

 

Il a également eu à piler sur son orgueil. Comme bien des athlètes américains, le receveur au physique atypique rêvait de la NFL, mais sa première véritable occasion au football professionnel est venue des Twisters d’Arkansas de l’Arena Football League.

 

« Je devais plutôt être repêché en autour de la cinquième ronde. Je passais de ce scénario à faire 200$ par semaine. Je m’étais dit ‘Non, je ne fais pas ça !’ Mais ma mère a répliqué ‘Tu vas y aller, tu seras très bon et je vais te regarder jouer au niveau professionnel de nombreuses années, j’en suis persuadé’ », s’est rappelé Lewis qui a perdu sa mère en janvier.

 

Cette longue et fructueuse carrière professionnelle a été ponctuée d’une panoplie d’attrapés spectaculaires, une grande force de Lewis grâce à ses qualités athlétiques. Il est heureux que ça se retrouve sur le web puisque sa fille aura une idée concrète de ce qu’il a accompli. Elle verra que son père appartenait assurément à la crème de la crème de son époque.