TROIS-RIVIÈRES – Quand on dit que le bien collectif doit primer sur les enjeux personnels dans un conflit de travail, Marc-Antoine Dequoy constitue un exemple probant. 

En 2020, Dequoy a vu la pandémie miner ses chances avec les Packers de Green Bay et provoquer l’annulation de la saison de la LCF. En 2021, il a dû composer avec une saison écourtée et une blessure. La saison 2022 devait lui permettre de se reprendre alors qu’il est pressenti comme le maraudeur partant du club. Il était ainsi impatient de sauter sur le terrain. 

C’était avant que la première grève dans la LCF depuis 1974 ne se pointe le bout du nez...

Vêtu de son chandail de l’Association des joueurs de la LCF, Dequoy a pris quelques minutes, lundi, pour relativiser les choses avec le collègue Didier Orméjuste et l’auteur de ces lignes.

« Le camp d’entraînement permet de te prouver, mais il y a parfois des enjeux plus grands que ta situation personnelle. On doit aborder les choses de la bonne manière présentement. Oui, il y a nos accomplissements personnels, mais c’est plus gros ce qui se passe. C’est une question d’avoir une meilleure ligue qui prend soin de ses joueurs et de ses partisans. Sans eux, la LCF n’existerait pas », a déduit l’ancien des Carabins de l’Université de Montréal. 

Même s’il ne possède qu’une saison professionnelle derrière la cravate, Dequoy a compris qu’il devait se rallier à l’objectif commun. 

« Exactement. Un de nos vétérans, Geno (Eugene Lewis), me parlait. À son arrivée, les vétérans lui disaient ‘Hey, pensez à long terme’. Quand tu es jeune, tu veux aller sur le terrain tout de suite et prouver ta valeur. Il a dit de ne pas répéter les mêmes erreurs. Tu peux écouter et moins anticiper de retourner immédiatement au jeu. Il faut davantage écouter le savoir de ceux qui sont dans la LCF depuis longtemps et se dire ‘Je crois en cette cause’. On se tient les coudes serrés pour avancer dans ce dossier », a mentionné Dequoy qui a ajouté une dizaine de livres à sa charpente durant les derniers mois. 

N’empêche que l’arrêt du camp d’entraînement provoque de l’incertitude et les joueurs doivent s’ajuster à cette réalité. 

« Ce qui est important, c’est qu’on soit unis, les joueurs. On est en train de se battre pour une cause. On veut s’assurer que, si on accepte une entente, on est respectés dans celle-ci. Le but, ce n’est pas de rester (en conflit) le plus longtemps possible, c’est de retourner sur le terrain et laisser les partisans venir aux matchs. Je suis quand même confiant qu’on va trouver une façon de résoudre le tout », a jugé celui qui s’est amusé en participant à l’émission Big Brothers Célébrités durant la saison morte. 

Pour une rare fois, les joueurs de la LCF disposent d’un certain pouvoir dans cette négociation. Notamment car les propriétaires ne peuvent pas tant se permettre une autre déception auprès de leurs partisans après la saison annulée en 2020 et celle réduite en 2021. 

Les entraînements des Alouettes suspendus

« Le noyau de joueurs qui forment la LCF depuis longtemps, on est autour d’eux. Ils ont de l’expérience, ce n’est pas leur première négociation. Ce ne sont pas quelques personnes qui veulent telle affaire et l’autre moitié qui est moins certaine. On sent qu’on pousse dans la même direction », a maintenu le numéro 24. 

Par la force des choses, ce sujet retient toute l’attention au sein de l’équipe. C’est encore plus vrai puisque les joueurs doivent « passer le temps » sans pouvoir risquer de s’entraîner à fond de train. 

« On ne fait que discuter de ça depuis deux jours. On est tombés en grève, mais on est laissés à nous-mêmes vu qu’on ne travaille pas avec les équipes présentement. On est logés et nourris, mais on s’organise des trucs de notre côté. Bref, on ne parle que de ça. Qu’est-ce qu’on fait? Comment on aborde ça? Est-ce qu’on reste ou on retourne à la maison? Ce sont ces discussions qui ont aidé chacun à forger son point de vue. Même moi, j’ai changé d’avis deux ou trois fois et on est tous dans la même mentalité présentement », a exposé Dequoy. 

En septembre dernier, Dequoy s’est blessé à un pouce lors de son premier match comme maraudeur partant. Il a raté les six parties suivantes de son équipe avant de participer au dernier droit de la saison. À 27 ans, il sait qu’il doit saisir sa chance cette année.

La LCF n'a qu'elle à blâmer