C’est mission accomplie pour les Alouettes de Montréal, qui ont conclu le calendrier régulier avec une victoire face au Rouge et Noir d’Ottawa vendredi soir.

C’était un autre match où on avait le luxe de faire jouer des joueurs et d’en reposer à certains moments, de faire des tests et d’essayer des stratégies. On a voulu créer de la profondeur et donner des répétitions de qualité à tous les joueurs hier. C’est le fun parce qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver dimanche prochain face aux Eskimos d’Edmonton en éliminatoires. Quelqu’un pourrait se blesser dès le premier jeu du match. Il faut comprendre qu’avec le nouveau règlement et le volet santé et sécurité au football, il n’y a plus de contacts à l’entraînement et les gars ne portent plus d’épaulières. On peut recréer un peu de rapidité à l’entraînement, mais pas l’aspect robustesse en même temps, ce qui est pourtant une partie essentielle du sport. Le seul moment où on peut le faire, c’est en situation de match.

On disait que le calendrier n’avait pas été favorable aux Alouettes cette année parce qu’ils ont eu leur troisième et dernière semaine de congé dès la fin du mois d’août. Étant donné que les positions au classement étaient déjà coulées dans le béton depuis plusieurs semaines, ç’a au moins permis à l’entraîneur-chef Khari Jones de planifier des semaines de relâche pour certains joueurs de son équipe. On a eu la chance de reposer des gars, d’essayer d’autres joueurs à d’autres positions. On est allé recréer une semaine de de congé pour plusieurs joueurs et je pense qu’on peut dire mission accomplie.

Il y a plusieurs joueurs qui sont tombés au sol hier, mais la majorité d’entre eux sont retournés au jeu. De toute évidence, ça ne doit pas être trop grave à moins de découvrir quelque chose de plus sérieux les jours qui suivent. On va donc souhaiter que les Alouettes ne reçoivent pas de mauvaises nouvelles dans le bilan médical. C’est le danger de ces matchs qui ne veulent en quelque sorte rien dire. On veut essayer de s’améliorer mais on ne veut pas se blesser. C’est un dossier à suivre…

Ç’a l’air de rien, mais comme ancien joueur, j’aime beaucoup mieux faire partie d’une équipe qui finit le calendrier avec une fiche gagnante de 10-8, plutôt que de 9-9. On aurait dit hier qu’il y avait une ambiance de célébrations et de party sur le terrain comme sur les lignes de côté. Peut-être que l’équipe a constaté tout le chemin parcouru depuis le camp d’entraînement et les deux premières défaites de la saison quand on se demandait dans quelle direction on s’en allait avec le nouvel entraîneur et tous les changements.

Il y avait une vibe positive. J’ai beaucoup aimé la dynamique, c’est venu me chercher. Tout le monde était content pour tout le monde. Tout le monde célébrait les bons coups entre joueurs comme entre entraîneurs. C’est important pour moi dans une équipe de voir les vétérans aller féliciter les recrues, de voir les partants féliciter les réservistes ou encore voir les joueurs en défense féliciter les joueurs en attaque, vice-versa. On a vu tous ces types d’interaction. En regardant ça, j’ai trouvé qu’on voyait un groupe homogène. Personne ne se pense plus important que l’autre. On ne sent pas ça dans cette équipe.

Vernon Adams en possession de ses moyens

Si on entre plus dans le côté technique, ce que j’ai trouvé bien intéressant hier, c’est encore une fois la prestation du quart-arrière Vernon Adams. Il a été bon, il a pris de bonnes décisions et il a lancé le ballon rapidement. Il a pris ce que la défense lui donnait, il n’a pas été téméraire. Il n’a pas été victime de revirement contrairement à la semaine passée, où il en a été victime d’une et presque deux. À aucun moment on aurait pu dire qu’il est passé proche de se faire intercepter et c’est une bonne nouvelle. Dans les matchs éliminatoires, il y a des statistiques qui ont plus d’influence que d’habitude, et les revirements en font partie. J’ai trouvé qu’Adams a performé encore mieux que la semaine dernière car il a protégé le ballon et c’est essentiel à la position de quart. Il faut protéger le ballon, ne pas ouvrir la porte à l’adversaire.

C’est juste dommage qu’il n’ait pas réussi à atteindre le plateau des 4000 verges puisqu’on l’a retiré du match avant la fin de la première demie. Je comprends toutefois qu’on n’ait pas voulu étirer l’élastique avant qu’il éclate. Sur la dernière séquence où Adams était sur le terrain, il y a eu une pénalité de rudesse contre Ottawa, quand Adams s’est fait frapper, il s’est ensuite fait frapper à nouveau après avoir décoché sa passe sur un jeu légal et enfin il a subi un sac du quart. Il s’est donc fait frapper trois fois sur la même séquence. Khari Jones a vu défiler le scénario catastrophe dans sa tête et il a voulu éviter le pire. C’était correct comme décision.

La cerise sur le gâteau, les Alouettes ont marqué leur premier touché défensif cette saison. Ils ont attendu la dernière minute de la dernière rencontre pour en réussir un. Bravo! Ils ont ainsi quitté un club sélect car seuls Edmonton, Vancouver et eux n’y étaient pas encore parvenus avant hier. Quand les Alouettes ont marqué le touché, le banc a éclaté de joie, c’était le point d’exclamation, il y avait de la bonne humeur partout. Je trouve ça important dans une dynamique d’équipe.

Le début des éliminatoires

Projetons-nous vers la semaine prochaine en vue du premier match éliminatoire face aux Eskimos le 10 novembre (RDS, 13 h). Les Alouettes vont avoir du temps pour se reposer et peaufiner la stratégie d’ici là, même si on s’entend que ça fait plusieurs semaines que les entraîneurs se concentrent sur les Eskimos et leurs tendances, sur comment on va les attaquer et comment on pense qu’ils vont nous attaquer. Bref, le jeu d’échecs.

On se souviendra du 20 juillet, quand les Alouettes les avaient battus 20-10. C’était la deuxième plus faible production offensive des Eskimos cette saison, outre les 9 points inscrits contre les Stampeders le 2 septembre.

Le quart adverse, Trevor Harris, avait été victime de ses deux premières interceptions de la campagne à ce moment-là, sur un éventuel total de six. Il avait également lancé pour seulement 271 verges, soit son deuxième plus bas total de la saison, si on ne compte pas le match contre Calgary où il s’est blessé en début de rencontre.

Les Eskimos n’avaient pas marqué de touché offensif face aux Alouettes. Ça ne veut pas dire que ce sera pareil en éliminatoires, car chaque match a son histoire, mais ça montre que les Alouettes ne devraient pas être complexés. Au contraire, ils peuvent être confiants.

Regardons les grandes lignes sur le plan des forces et faiblesses. On sait que l’attaque d’Edmonton passe par Trevor Harris. Harris dégaine rapidement, c’est comme si ses mains brûlaient et qu’il devait se débarrasser du ballon au plus vite. Edmonton est l’équipe qui a alloué le moins de sacs dans la ligue alors que Montréal est celle qui en a réalisé le moins. On a donc la meilleure équipe pour protéger le ballon au niveau des sacs contre la pire pour mettre de la pression sur le quart. Harris risque ainsi d’avoir du temps pour lancer le ballon. Si on pense ne pas avoir le temps de se rendre au quart, réutilisons la recette qui a déjà fonctionné en attaquant plutôt les receveurs. On va le mélanger avec les couvertures, être physique avec ses receveurs qui n’auront pas le temps de finir les tracés et il va donc devoir garder le ballon dans ses mains et on va pouvoir l’affecter. Le gros défi des Alouettes sera en résumé d’attaquer les receveurs et d’enlever à Harris la première lecture.

De l’autre côté, la force des Eskimos en défense est de mettre de la pression. Avant la dernière fin de semaine, ils étaient premiers au chapitre des sacs (55). La ligne à l’attaque des Moineaux va devoir bien gérer ça et la mobilité de Vernon Adams sera essentielle pour gagner du temps et éviter la pression. Ce sera une belle confrontation à surveiller.

Aussi, les Alouettes sont bons pour soutenir des séquences, garder le ballon en main et gagner la bataille du temps de possession. Les Eskimos sont toutefois no 1 défensivement : ils ont forcé 97 fois l’adversaire à dégager après seulement deux jeux. Ils sont bons pour te faire sortir du terrain. Ça va être une bonne bataille à ce niveau. Enfin, es Alouettes devront aussi finir leur séquence parce que les Eskimos sont bons dans la zone critique, soit dans leur zone des buts.

J’ai hâte à ce match et j’espère que les partisans aussi. Je lance le défi aux amateurs montréalais d’être un 13^e joueur énergique et bruyant pour déranger la visite. Souhaitons que le stade soit plein pour supporter les Alouettes car c’est le premier match éliminatoire depuis longtemps dans la métropole et on n’a aucune idée comment l’équipe va réagir en éliminatoires, s’ils vont être crispés, nerveux...

* Propos recueillis par Audrey Roy.