MONTRÉAL – Samedi soir, en fin de match, le scénario était parfait pour les Alouettes de Montréal afin d'obtenir leur billet éliminatoire – une première depuis 2014 – dans le stade qui leur a causé tant d’ennuis au fil des ans. Il ne manquait qu’une verge à la troupe de Khari Jones avant qu’Antonio Pipkin ne commette une gaffe humaine, mais pénible à encaisser.

 

Voilà un jeu qui a malheureusement résumé la saison difficile avec laquelle Pipkin doit composer dans son apprentissage. Après avoir entamé l’année comme quart-arrière partant de l’équipe, il était devenu le deuxième violon et il a ensuite été devancé par Matthew Shiltz dans la hiérarchie.

 

Il ne lui restait que les faufilades du quart-arrière pour contribuer sur le terrain. D’ailleurs, ça se passait plutôt bien dans cette partie avant qu’il ne puisse maîtriser la remise de Kristian Matte pour couler les espoirs des siens.

 

Après cette rencontre, Pipkin a choisi de ne pas s’adresser aux journalistes présents à Vancouver et il a tenu à s’excuser, mardi, lors du retour à l’entraînement du club.

 

« J’aimerais m’excuser de ne pas avoir été disponible pour répondre à vos questions après la partie. J’étais un peu trop émotif pour le faire », a expliqué Pipkin.

 

L’athlète de 24 ans s’est entretenu avec son entraîneur qui a tenté de lui remonter le moral tout en lui enseignant quelques leçons.  

 

« C’est difficile comme situation encore plus comme réserviste. Tu n’obtiens pas beaucoup de répétitions et tu ne veux jamais sentir que tu es responsable d’une défaite. Ça fait mal, très mal. Je l’ai moi-même vaincu comme quart-arrière et comme teneur (sur les bottés de placement). Je pensais que ce serait la fin de ma carrière avant même qu’elle ne prenne son envol », a indiqué Jones.  

 

« Mais il comprend que, peu importe ce qui est arrivé, il faut se calmer et affronter la musique ce qui est souvent de répondre aux questions des journalistes », a ajouté l’entraîneur.

 

À première vue, un tel jeu peut sembler si simple, mais il implique tous les joueurs des deux équipes et il exige une cohésion pour que ça fonctionne. Cette fois, c’est avant tout une erreur d’exécution qui a bousillé la synergie du front offensif montréalais.

 

Une erreur qui coûte cher aux Alouettes

« J’ai échappé le ballon, tout simplement. On avait une chance et j’ai adoré la sélection du jeu. Avec Mike Reilly de l’autre côté, tu ne veux pas lui laisser trop de temps. Je n’avais aucun doute qu’on pourrait exécuter ce jeu et je pensais même qu’on aurait pu marquer un touché. Mais j’ai échappé le ballon et je ne peux juste pas laisser tomber l’équipe de cette façon », a reconnu Pipkin.  

 

Selon les dires de son entraîneur, ce n’était pas la seule erreur sur la séquence.

 

« Il y avait plus d’une chose sur cette action, on n’a pas nécessairement bloqué les bons joueurs non plus. Ils ont choisi une nouvelle approche devant nous et on n’a pas bloqué comme il le fallait. Il y avait donc plus d’un élément », a précisé Jones.  

 

« On a aussi démarré le tout un peu trop rapidement et Antonio l’admet comparativement aux autres tentatives qui avaient été fructueuses. Ça exige quand même un peu de patience même s’il s’agit d’une faufilade. Il faut saisir le ballon et effectuer une lecture rapide de ce qui se passe pour choisir sa meilleure option », a-t-il poursuivi.

 

« Oui, j’étais probablement un peu excité de lancer l’action et de réussir mon mandat pour l’équipe. Peu importe la raison, j’ai déjà appris de cette erreur et je regarde maintenant vers la suite des choses. On veut encore accomplir plusieurs objectifs et il faut se concentrer là-dessus », a rétorqué Pipkin à ce sujet.

 

Un élément déclencheur?

 

Depuis le début de la saison, sans parler de ce qui se passe au niveau administratif, les Alouettes ont surmonté leur lot d’obstacles sur le terrain dont un changement d’entraîneur tardif, l’émergence d’un nouveau quart-arrière et quelques défaites crève-cœur. On présume que cet écueil supplémentaire n’anéantira pas la motivation du groupe, mais la question était pertinente.

 

Une fin de match qui fait jaser

« Je  n’ai pas l’impression que ça devient un point tournant dans notre saison. Je suis encore à l’aise avec la décision que j’ai prise. Avec le temps qui restait (1 :10), je trouvais que c’était le bon choix surtout considérant notre rendement sur les faufilades du quart dans ce match (touché d’une verge et gain de sept verges). J’étais confiant que ça fonctionne de nouveau, mais ça ne s’est pas produit. Ce sont des choses qui arrivent même si c’est dommage.

 

« Je ne crois pas une seconde que ça va affecter notre équipe ou changer le niveau de confiance qui règne dans notre groupe. J’ai vraiment aimé le rendement de notre défense dans cette partie et j’ai apprécié le regain de vie démontré par notre attaque en deuxième demie sous l’influence de Matt », a argué Jones.  

 

Pour un athlète qui n’obtenait que sa deuxième véritable chance dans la LCF, Shiltz n’a pas été mauvais. C’était toutefois impossible de ne pas s’imaginer une conclusion plus heureuse si Vernon Adams fils n’avait pas été suspendu.

 

« Je crois qu’on a accompli assez de choses pour pouvoir remporter ce match. C’est juste un jeu difficile d'encaisser ce qui s’est produit. Je trouve que Shiltz a tenu son bout. Il était légèrement hésitant en première demie, mais il est revenu en force par la suite », a répondu Adams fils sans vouloir s’aventurer trop directement sur cette question.  

 

Ce dernier, qui n’a pas voulu confirmer s’il s’était déplacé à Vancouver, s’est assuré de communiquer avec Pipkin. Il pouvait bien comprendre son désarroi puisqu’il a été si souvent relégué au rôle ingrat de réserviste.

 

« Tellement, je lui ai envoyé un message tout de suite après la partie. Je sais exactement comment il a pu se sentir. Personne ne veut vivre ça. Même si ce n’est pas uniquement de sa faute puisque bien d’autres jeux ont eu une influence sur le pointage final, il assume tout le blâme. Ça arrive à tout le monde, c’est difficile », a commenté le numéro huit.

 

Parlant de ces autres jeux, le receveur DeVier Posey a eu besoin de temps pour décolérer après le converti de deux points qui a été jugé comme une passe incomplète en sa direction. Le jeu était très serré et il s’est demandé si les responsables des reprises vidéos à Toronto ne dormaient pas déjà au moment de revoir la séquence. Mardi, Jones lui a donné raison.

 

« Je crois qu’il a attrapé la passe, je n’ai pas vu le ballon toucher le sol », a dit Jones qui n’a pas cru bon contacter la LCF pour discuter de cette décision cruciale.

 

Que peut-on lire sur le bulletin de santé?

 

Du côté défensif, les Alouettes sont déjà privés du maraudeur Taylor Loffler, du demi défensif Ciante Evans et du secondeur Chris Ackie. On a craint que le cœur de cette unité, Henoc Muamba, doive s’ajouter à cette liste quand il a quitté l’entraînement.

 

« Il devait s’occuper d’un dossier personnel », a rassuré Jones.

 

Quant à l’ailier défensif Antonio Simmons, il a bénéficié d’une journée de congé et il ne souffre pas d’une commotion cérébrale malgré deux contacts sérieux à la tête.

 

Le botteur Boris Bede a également pu se reposer mardi pour soigner quelques douleurs.

 

En terminant, soulignons que le garde à droite Sean Jamieson a été en mesure de s’entraîner avec la première unité. Il pourrait donc reprendre son poste samedi contre Calgary.