MONTRÉAL – Les nombreux déboires qui ont frappé les Alouettes de Montréal au cours des deux dernières saisons, plus particulièrement, auront finalement mené à la séparation avec Jim Popp qui était le visage de l’organisation depuis plus de deux décennies.

Sous le coup de l’émotion, le président Mark Weightman est venu annoncer ce changement majeur aux partisans et aux médias, lundi.

Les doutes étaient plus persistants envers cette possibilité lorsque l’équipe a dévoilé que Popp ne participerait plus au bilan de l’équipe qui s’est déroulé dimanche. L’ancien directeur général devait plutôt rencontrer les journalistes le lendemain, mais ce point de presse a plutôt servi à expliquer la décision aux multiples répercussions.

Luc Brodeur-Jourdain au 5 à 7

« Les dernières années ont été plus difficiles et il a été convenu de part et d’autre qu’il était temps de procéder à un changement », a exprimé le président qui sonnait encore secoué par la situation.

« Au nom de l’organisation et la famille Wetenhall, je tiens à remercier Jim pour son dévouement au cours des 21 dernières années. Il a joué un rôle de premier plan dans les succès de l’équipe. Il nous a aidés à atteindre la finale de la Coupe Grey à huit reprises obtenant trois championnats (2002, 2009 et 2010) », a prononcé Weightman.

En après-midi, Popp a réagi par la voie d’un communiqué.

« Quand une équipe ne répond pas aux attentes, tout directeur général ou entraîneur-chef sait que le temps d’un changement est peut-être venu. Je comprends cela et je souhaite remercier tout le monde pour de très belles années à Montréal », a-t-il rédigé en soulignant son attachement pour la métropole où il s’est fiancé et où ses six enfants sont nés.

Les deux exclusions consécutives des éliminatoires ont fini par motiver cette nouvelle orientation.

« Nous reconnaissons que notre rendement des dernières années est tout simplement inacceptable », a admis Weightman en précisant que la recherche de son successeur est déjà entamée.

Puisque Popp a consacré autant d’années de sa vie à une organisation, on aurait pu imaginer qu’il serait présent pour l’annonce de son départ. En dépit de sa fin de parcours plus pénible, on aurait imaginé que l’équipe lui aurait planifié une sortie par la grande porte.

« La décision a mûri au cours des dernières semaines et elle s’est concrétisée dans les derniers jours. On croyait que c’était simplement mieux de le faire ainsi », a répondu Weightman sur le scénario choisi.

« La façon de l’annoncer a changé à plusieurs reprises dans les dernières heures. Vous conviendrez que c’est une situation difficile chargée d’émotions. On a convenu que ce serait préférable que Jim ne soit pas présent pour cette annonce », a-t-il ajouté.

De plus, ça laisse perplexe de constater que les propriétaires Bob et Andrew Wetenhall n’étaient pas présents pour cette journée majeure.

« Cette fois, c’est moi qui parle au nom de l’organisation. Parfois, c’est Andrew ou bien Bob. Ça fait partie de mon rôle de faire des annonces à l’occasion », a noté Weightman sans convaincre tous les observateurs.

Retour sur l'ère Jim Popp à Montréal

En plus des dossiers de 7-11 en 2016 et 6-12 en 2015, les Alouettes ont dû composer avec une multitude d’épisodes regrettables quant au comportement de certains joueurs. La majorité de ces écarts de conduite sont survenus alors que Popp agissait dans la double fonction de directeur général et entraîneur-chef. Ces controverses sous son leadership n’ont certainement pas aidé sa cause.

« Je ne veux pas faire le procès de Jim. Si on regarde l’ensemble de l’œuvre, c’est positif et on serait ici à en parler longtemps », a réagi Weightman qui ne voulait pas s’aventurer sur ce sujet.

Un autre facteur dans l’équation concerne les partisans qui ont écorché Popp très sévèrement surtout depuis trois ans. Ils ont été nombreux à réclamer la tête de celui qui détenait une autre année de contrat.

Le tour du dossier Jim Popp

« L’opinion des partisans est très importante, mais la partie la plus importante, c’est quand ils sont déçus quand l’équipe ne gagne. C’est ce qui a le plus mené à cette situation », a rétorqué Weightman.

Tout à recommencer pour Chapdelaine?

En renversant la vapeur aux commandes des Alouettes, l’entraîneur Jacques Chapdelaine pouvait bien penser qu’il se ferait offrir de diriger l’équipe en 2017. Le processus ne repart pas à zéro étant donné qu’il a prouvé les bienfaits de son influence avec un rendement de 4-2, mais le prochain directeur général pourrait l’écarter du portrait.

Journée mouvementée dans le nid des Alouettes

« On veut d’abord embaucher notre nouveau DG et il fera partie du processus pour le choix de notre entraîneur. On pense que c’est le bon ordre pour faire les choses », a convenu le président.

Ces démarches ne devront pas trop tarder considérant que tout le personnel d’entraîneurs pourrait être remodelé, encore une fois, par le nouvel homme de la situation.

« On a tout intérêt à prendre cette décision rapidement, mais, en même temps, on veut bien faire les choses. Les équipes de plusieurs candidats potentiels sont encore en train de jouer, alors on devra attendre quelques semaines avant de parler à certains », a-t-il déclaré.

« Jim Popp ne sera pas de retour avec les Alouettes »

Le premier nom qui refait surface est celui de Danny Maciocia qui dirige les Carabins de l’Université de Montréal. Bien sûr, Weightman n’a pas voulu commenter le dossier des candidats en lice.

En attendant la décision qui sera prise par les Wetenhall ainsi que Weightman, les employés des Alouettes vont continuer de préparer la suite des choses sans connaître leur sort. Comme à chaque année, plusieurs joueurs doivent négocier une nouvelle entente.

Un héritage en deux temps

Tout au long de son règne chez les Alouettes, Popp n’a pas fait l’unanimité. Par contre, il était difficile de le contester quand il permettait à sa formation de demeurer une référence dans la LCF.

Les huit présences au match ultime en l’espace de 11 saisons font foi de sa réussite comme gestionnaire. Par contre, ses trois championnats de la LCF ont été assombris par le rendement après l’ère d’Anthony Calvillo comme quart-arrière.

L’équipe a peiné à jouer à la hauteur de sa réputation et Popp n’a pas été en mesure de dénicher une relève de premier plan à cette position (Vernon Adams fils et Rakeem Cato espèrent prouver le contraire).

Quand un chapitre aussi important se ferme, il impose de se questionner sur l’héritage qui sera retenu par le public.

« Je ne pense pas que son héritage soit en danger. Pendant ses 21 années avec nous, il a obtenu beaucoup de succès. C’est vrai que, présentement, les gens se souviennent plus des dernières années, mais quand le temps va passer, ils vont penser au portrait plus global », a interprété Weightman.

Seul le temps finira par dire si la séparation était judicieuse pour l’organisation. Pour le moment, c’est une nouvelle page de l’histoire de l’équipe qui s’écrira.

« Tout à fait, quand Jim s’est joint à l’organisation, il n’avait pas de cheveux gris et j’avais des cheveux; ça fait longtemps. C’est émotif, je le connais depuis 22 ans, ça remonte jusqu’à l’époque de Baltimore (les Stallions) en 1995. Ça va devenir un nouveau chapitre », a conclu Weightman.