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RÉSULTATS

Le dévouement de dormir au sous-sol du Stade olympique

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MONTRÉAL – Les entraîneurs de football sont dévoués jusqu'au bout des doigts. Au point de dormir au sous-sol du Stade olympique, bien loin d'une fenêtre et des rayons du soleil.

Luc Brodeur-Jourdain et Byron Archambault ont opté pour ce décor de béton pendant les réunions des entraîneurs des Alouettes de Montréal qui se sont échelonnées sur deux semaines.

Pour ces deux adjoints de Jason Maas, l'objectif était évidemment de sauver environ une tonne d'heures dans le trafic.

« Je n'invente rien en disant que d'aller sur la Rive-Sud de Montréal pour retourner, dans mon cas, à St-Hyacinthe, tu restes pris pendant 1 h 30 ou 1 h 40 pour traverser le tunnel. Tu arrives à la maison et les enfants sont couchés... », a décrit Brodeur-Jourdain.

Quant à Archambault, il se retrouvait au milieu d'un déménagement et le voyagement n'aurait fait aucun sens.

« Ça fait que, cette année, j'ai eu un cochambreur au sous-sol! », a rigolé Brodeur-Jourdain.

Sans fenêtre à leur disposition, les deux entraîneurs peuvent se plonger la tête dans leurs recherches.

« Je peux te dire que les journées durent de 4 h 30 à 21 h. Les lumières s'allument et se ferment automatiquement, ce sont tes deux seuls points de repères. Sinon, tu passes tes jours sous une belle lumière de néon », a ironisé l'entraîneur de la ligne offensive.

Tout en bûchant autant pour préparer la saison 2025, les entraîneurs doivent s'accorder des pauses.

« Tu perds un peu le fil du temps. Il faut que tu sortes pour prendre une marche. Justement, c'était un peu drôle d'aller constater l'évolution du déblaiement des rues de Montréal. Au sous-sol du Stade, il n'y avait aucun flocon de neige! », a lancé LBJ avec une touche d'humour.

D'ailleurs, le 25 février, les entraîneurs ont pu se changer les idées en assistant au match du Canadien contre les Hurricanes de la Caroline. Ils apprécient toujours d'être aussi bien accueillis par l'organisation du Tricolore.

Lundi et mardi, la première édition de l'Académie GCA (Geoffrey Cantin-Arku) nous a attiré à Lévis. Plusieurs de ses coéquipiers des Alouettes s'étaient déplacés et ils étaient fascinés par cette solution trouvée par Archambault et Brodeur-Jourdain.

« C'est le fun que tu en parles parce que c'est hallucinant le dévouement des entraîneurs. Ils investissent tellement de temps, c'est énorme. Comparativement à nous, les joueurs, c'est le double sinon le triple. De voir à quel point ils sont crinqués, ça me motive », a lancé Marc-Antoine Dequoy avec vigueur.

Davis Alexander est le premier à réaliser l'ampleur de la tâche. En tant que quart-arrière, il doit aussi multiplier les heures.

« J'ai été avec des équipes où tu ne voyais pas un tel dévouement des entraîneurs. À mes yeux, c'est évident que ça part du haut de la pyramide avec Jason et Danny (Maciocia). Dans d'autres clubs, je sentais parfois que les joueurs étaient ceux qui travaillaient le plus fort », a comparé Alexander.

« La plupart du temps, AC (Anthony Calvillo, le coordonnateur offensif) arrive au bureau à 4  h30 et il quitte souvent vers 19 h. Je me sens parfois mal puisque j'arrive autour de 6 h », a évoqué le quart-arrière.

Aux yeux des entraîneurs, ça démontre la culture inculquée dans l'équipe.

« Il y a le dicton qu'une image vaut mille mots. On est tous présents, tôt le matin, et on finit tard pour agir comme ressources pour les joueurs. Depuis l'arrivée de Jason et Danny, je vois des joueurs rester jusqu'à 17 h alors que leur présence est requise jusqu'à 13 h 30 environ. Ils se sentent bien dans l'environnement de l'équipe, ils se sentent à la maison », a décrit Brodeur-Jourdain.

Pour lui, ce n'est pas une grosse histoire de dormir dans son bureau, car ça lui arrive de prioriser cette option même durant la saison régulière. Même que ça lui rappelle de « bons souvenirs » de son époque de joueur alors qu'il avait installé un matelas dans son véhicule.

Étudier les Commanders, les Ravens, les Lions...

Oui, Brodeur-Jourdain est responsable de la ligne offensive, mais son mandat dépasse ce cadre et c'est la même réalité pour ses collègues.

En plus de décortiquer le boulot accompli en 2024, les entraîneurs sont toujours en quête d'inspiration.

« On en profite également pour étudier la NCAA et la NFL, bien des choses sont testées et pas utilisées dans la LCF. Par exemple, on peut regarder chaque match des Commanders de Washington pour examiner les concepts employés avec un jeune quart-arrière », a dévoilé Brodeur-Jourdain.

« On peut parler des Lions (de Detroit) et des Ravens (de Baltimore) aussi. Oui, ils ont les athlètes pour exceller, mais il y a des choses stratégiques intéressantes à constater. On en profite donc pour faire un amalgame de tout ça et regrouper ce qui pourrait fonctionner avec nous », a-t-il ajouté.

Par la suite, il faut planifier ces tactiques en vue de les tester au camp d'entraînement.

Brodeur-Jourdain doit également élaborer la composition de son unité. Quelques changements sont survenus dont l'ajout de Cyrille Hogan-Saindon. Donald Ventrelli devrait aussi exercer un plus grand rôle.

« Ce sera un beau casse-tête, on a de très bons joueurs qui sont arrivés avec l'organisation. Oui, on voit un mouvement de jeunesse, mais ce sont des joueurs qui ont déjà une, deux ou trois années derrière la cravate », a conclu Brodeur-Jourdain.