MONTRÉAL – Le message est lancé. Darian Durant désire poursuivre sa carrière, mais il admet que la formation montréalaise doit dénicher du renfort.

En dépit de l’une des pires saisons de sa carrière, le quart-arrière de 35 ans ne souhaite donc pas accrocher ses crampons. Celui qui a été identifié par plusieurs dénigreurs comme l’un des hauts responsables des déboires des Alouettes continue de croire en ses capacités.

« Bien sûr que je veux jouer l'an prochain! Il n’y a aucun doute dans mon esprit. Je crois que je suis encore capable de le faire », a répondu Durant avec assurance.

L’Américain s’est ensuite inspiré de l’exemple du Rouge et Noir pour démontrer que les revirements peuvent s’effectuer en un tournemain dans la Ligue canadienne de football.

« Je me souviens d’Ottawa et leur première saison qui avait été difficile (2-16) même avec Henry Burris au poste de quart. Il s’est adapté à de nombreux changements et il a pu mener cette organisation à une présence en finale et un championnat lors des deux années suivantes. J’ai eu à m’acclimater à de nouveaux receveurs et à une autre ville cette saison. Je crois que j’ai encore beaucoup de football en moi. Je vais aller sur le terrain et le prouver », a raconté l’auteur de 14 passes de touché et 14 interceptions depuis le début du calendrier.

Durant renouera ainsi avec l’action, dimanche, face aux Tiger-Cats de Hamilton au Stade Percival-Molson. Embêté par une blessure, il a raté les deux parties précédentes de son clan. À partir de ce moment, plusieurs ont cru que les dirigeants allaient laisser Durant sur les lignes de côté jusqu’à la fin de l’année pour tester à profusion Drew Willy et la recrue Matthew Shiltz.

Le directeur général Kavis Reed a cependant expliqué qu’il avait décidé de renvoyer Durant dans la mêlée pour déterminer s’il doit poursuivre l’association avec lui l’an prochain ou s’il doit emprunter une autre direction.

Malgré son expérience et son curriculum vitae bien garni, cette partie constituera une forme d’audition pour Durant.

« Toutes les parties le sont. Je dirais donc oui. On doit tous démontrer qu’on veut faire partie de cette équipe », a réagi l’athlète qui s’imaginait reprendre les commandes de l’unité offensive.

« J’espérais jouer quand j’allais être rétabli. Mes attentes allaient en ce sens et je me suis préparé ainsi. Je suis content d’avoir cette autre chance. »

Parlant d’attentes, le pilote de l’attaque des Alouettes le dit poliment devant les journalistes, mais ses demandes sont claires : ses patrons doivent embaucher des joueurs pour l’aider à relancer le club.

« Je crois qu’il manque certaines pièces, c’est certain. Je trouve qu’on aurait besoin de plus de vétérans à certaines positions pour dicter le ton. C’est mon opinion. On a de bonnes pièces en place, mais il faut en trouver d’autres et je crois que Kavis comprend ça », a prêché Durant.

Le début de sa réponse n’est pas contestable. Par contre, c’est étonnant de l’entendre évoquer l’ajout de vétérans puisque les Alouettes misent sur plusieurs joueurs dans le dernier droit de leur carrière. Reed entend d’ailleurs axer sa reconstruction sur le rajeunissement de sa troupe.

« On va se rajeunir. C’est l’éléphant dans la pièce, on ne va pas masquer la réalité. Au football, l’âge optimal se situe autour de 26-27 ans et on est au-dessus de ça. Je ne peux donc pas dire que tous ces joueurs seront de retour. Mais on ne va pas rajeunir seulement pour le faire. Si des gars sont encore très productifs et qu’ils cadrent dans notre culture, ils méritent de rester », a indiqué Reed à propos d’une question sur les vieillissants Durant, Kyries Hebert, Stefan Logan, John Bowman, Luc Brodeur-Jourdain, Nik Lewis et Chip Cox.

Tout en réclamant plus de soutien, Durant ne veut pas franchir le pas de dire que certains joueurs ont levé le pied cette année.

« Je ne pense pas que les gars ont volontairement coulé l’équipe. Mais pour gagner de manière constante, il faut que tout se passe bien sur le terrain. Dans notre cas, on ne parvenait jamais à bien se débrouiller dans les trois phases du jeu. Il faut aussi éviter les plus blessures à des joueurs importants », a argué le quart-arrière.

Prêts à supporter Reed pour la stabilité 

Il ne fallait pas s’attendre à des déclarations incendiaires devant la presse, mais quelques joueurs ont accepté de commenter le retour de Reed à titre de directeur général en 2018.

« Je trouve qu’il a formé une chambre des joueurs qui était agréable cette année et c’est resté ainsi. Il a ajouté de bonnes personnes et de bons joueurs. Mais c’est certain que les insuccès vont mener à des changements. Je trouve que c’est un directeur général qui a pris soin de dire que, peu importe ce qui se passe, il voulait avoir une équipe qui est bâtie pour être unie », a déclaré Luc Brodeur-Jourdain.

« Tout au long de la saison, je n’ai pas senti à n’importe quel moment, malgré l’exclusion des éliminatoires, qu’on avait du bois pourri dans le groupe », a ajouté le Québécois.

Cependant, il reconnaît que les résultats n’ont pas été satisfaisants.  

« Oui, on a vécu des insuccès avec certaines décisions effectuées, je suis réaliste. Mais est-ce que ça va se reproduire dans le futur? C’est comme pour les joueurs, ça m’est arrivé de connaître une mauvaise saison et ça n’a pas dicté pour autant que je sois devenu un mauvais joueur », a soulevé LBJ.

Du côté de Bowman, Reed n’est pas l’unique coupable.

« C’est bien, ça nous prend de la stabilité. Tout le monde blâme Kavis pour tout ce qui est arrivé comme les congédiements, les gars qui sont libérés… Il a mérité sa chance de revenir en espérant que cette équipe soit meilleure pour lui et pour cette ville la saison prochaine », a confié Bowman.

Lewis s’est également rangé dans le camp de Reed.

« Bien sûr que c’est une bonne décision. C’est essentiel, ça prend de la stabilité. J’utilise l’exemple des Browns de Cleveland qui ont manqué de stabilité depuis plusieurs années. Quand tu prends les commandes d’une organisation, tu dois avoir une idée précise en tête. Si tu ne crois pas en la direction choisie après un an, c’est que tu n’y croyais pas vraiment au départ. Comment peux-trouver ton chemin quand tu n’arrêtes pas de changer de direction? Il faut avancer dans une direction pour découvrir si c’est la bonne route ou un cul-de-sac », a imagé Lewis.

Une dernière chance pour gâter les partisans

C’est le cas de le dire, les partisans des Alouettes n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent en 2017. Le scénario négatif de 2015 et 2016 s’est empiré. Bref, les joueurs aimeraient les quitter sur une note plus réjouissante.  

« C’est la force même d’une organisation d’avoir des partisans qui restent présents même dans les moments les plus sombres. À mes yeux, c’est quelque chose d’inestimable de voir qu’il y a encore des partisans dans les gradins qui sont là pour nous encourager.

« On a des partisans qui prennent soin de nous. Sur les réseaux sociaux, je continue de recevoir des messages d’encouragement de nombreux partisans. Il y en a même qui sont là semaine après semaine et même aux entraînements à venir nous donner de l’eau, des popsicles et des brownies! », a raconté, avec reconnaissance, Brodeur-Jourdain qui voudrait les gâter à son tour pour le dernier match de 2017 à Montréal.