MONTRÉAL – En 2019, les Alouettes de Montréal étaient en voiture avec Vernon Adams fils et William Stanback à des postes prépondérants de l’attaque. Toutefois, les deux athlètes émotifs doivent bien gérer leurs émotions pour que la machine roule rondement. 

Le dernier match a démontré que cet équilibre peut s’avérer précaire. Tandis qu’Adams fils était ébranlé, vendredi soir, par sa deuxième sortie laborieuse consécutive, Stanback était frustré de sa prestation et il a préféré ne pas s’adresser aux médias. 

« Chaque semaine, on a un plan pour établir la course. En 2019, j’avais eu un match de plus de 200 verges (203) contre Hamilton. À l’approche du match (celui de vendredi), je savais que ce ne serait pas facile. Je me doutais bien qu’ils allaient tout tenter pour me neutraliser », a expliqué Stanback, lundi. 

« Ça fait mal, perdre notre ouverture locale. J’étais déçu de ma prestation parce que je trouvais que je n’ai pas aidé l’équipe de la manière dont je dois le faire, je n’étais pas assez efficace », a poursuivi l’imposant demi offensif. 

Stanback n’a pas été en mesure de conserver son calme face à cette situation. 

« C’est devenu lourd sur mes épaules. Quand je deviens frustré, je m’en fais trop. Je suis parfois très émotif et je dois apprendre à mettre ça de côté pour avancer », a admis le numéro 31.  

« C’est une soirée difficile pour toute l’attaque et ça nous a surpris. Avec ce qui est arrivé en 2019, on pensait qu’on pourrait reproduire cette bonne performance. Dans ma tête, je pensais que j’aurais un bon match et la ligne offensive croyait la même chose, mais ce n’est simplement pas arrivé », a indiqué Stanback. 

L’entraîneur-chef Khari Jones est heureux de miser sur ces deux athlètes explosifs et créatifs. Le défi de la maîtrise de leurs émotions retombe cependant entre ses mains. 

« C’est particulier, c’est comme s’ils étaient bâtis de la même façon à ce chapitre. Ils se soucient tellement de leur influence. En fait, ils s’inquiètent pratiquement trop quelques fois. Pas juste comment ils jouent, mais ce que les gens pensent d’eux et tout ça... C’est difficile quand tu ne joues pas à la hauteur de tes attentes », a révélé Jones.  

« Avec eux, il faut s’assurer que leur moral reste positif quand ça va moins bien. On a encore une équipe autour d’eux, ce n’est pas à eux d’accomplir tout le travail. On doit mieux faire du côté des receveurs et de la ligne offensive qui joue plutôt bien. C’est la même chose pour la défense, on voit des erreurs dans les réunions malgré leur match très solide », a précisé l’entraîneur. 

Dans le milieu si compétitif du sport professionnel, les athlètes doivent être en mesure « d’oublier » le mauvais jeu précédent ou l’erreur antérieure peu importe qui a causé ce résultat. 

Stanback et Adams fils essaient de naviguer dans ce contexte et d’y grandir. 

« On discute tous les jours, on essaie de garder notre calme et on ne veut pas oublier que ce sera une longue saison même si elle est écourtée (à 14 parties). On veut se rendre très loin cette année et on doit respecter le plan qui a été établi », a déclaré Stanback. 

Jones assume une partie du blâme

Comme le précisait récemment Luc Brodeur-Jourdain, la plupart des partants offensifs qui disposent d’une grande expérience dans un rôle accru se retrouvent sur la ligne offensive. 

« Notre attaque est jeune, on doit continuer de travailler ensemble pour progresser », a ciblé Stanback. 

Interrogé sur les ennuis de l’attaque terrestre face à Hamilton, l’entraîneur-chef a tenu à assumer une partie du blâme. 

« Ça s’est joué sur quelques éléments dont, à certaines occasions, les schémas. On a envoyé plus de gros bonhommes sur le terrain et ils ont répliqué de la même manière, mais leur exécution a été un peu meilleure et j’aurais dû m’en éloigner plus vite. On doit un peu simplifier notre approche et retourner à nos forces. On n’a pas autant déplacé d’adversaires que dans les matchs précédents », a décrit Jones. 

Au passage, l’entraîneur a ajouté un argument intéressant à la discussion : la tendance est, jusqu’ici, à la baisse pour les points.

« Les défenses sont un peu meilleures que les attaques présentement. De notre côté, il faut accepter qu’on ne joue pas à notre sommet. Peut-être qu’Edmonton nous a donné une fausse impression que ce serait ainsi chaque semaine », a-t-il soulevé.

Même pour l’unité des receveurs, un groupe très bien nanti chez les Alouettes, le rendement n’est pas sans reproche. 

« Je crois encore qu’on a l’un des meilleurs groupes de la LCF, mais on doit en faire plus. Pas s’enfoncer dans la boue. C’est essentiel d’avoir un élan, on ne peut pas toujours réussir une séquence de 90 verges. Oui, on va le faire et il faudra que ce soit le cas, mais pas chaque fois. On doit démarrer à de meilleurs endroits (et donc éviter les punitions) », a souhaité Eugene Lewis. 

Le portrait n’est pas catastrophique. Avec un gain vendredi, les Alouettes auraient un dossier de 2-2. L’important demeure d’identifier les failles sans tarder, mais ça n’affecte pas l’atmosphère pour l’instant.  

« Bien sûr, on se pose tous des questions et c’est le rôle des leaders de trouver des solutions. Il y a eu des hauts et des bas à la pratique, mais le niveau de compétition était élevé. On a encore confiance en nos moyens et l’adversité ne fera que démontrer ceux qui ne quittent pas le navire », a conclu Lewis.