Il est assez clair qu'il y a eu une gestion cavalière des finances de l'équipe par l'ancien directeur général des Alouettes de Montréal Kavis Reed. Il appartient maintenant à la haute direction de club et à la ligue de décider de la suite des choses à donner dans ce dossier.

On savait tous que Reed allait éventuellement perdre son poste. C'est une question de temps avant que l'équipe change de main et les nouveaux propriétaires vont nommer un nouveau DG. Reed part plus tôt que prévu, mais il part surtout dans l'embarras. Son départ nous laisse tout de même avec plusieurs questions.

Je n'apprends rien à personne en disant que dans le sport comme dans la société, il y aura toujours des gens qui vont chercher à contourner les règles. Mais il y a des règles mises en place, comme le plafond salarial, qui se doivent d'être respectées. Selon moi, ce sont ces infractions aux règles établies combinées à une gestion des capitaux de l’équipe inappropriée de Kavis qui ont conduit à son départ précipité de l'organisation.

D’ailleurs, mon collègue Didier Orméjuste a révélé que Reed aurait acheté des billets d'avion personnels à même le budget de l'équipe.

Je ne sais pas comment Reed gérait les affaires, mais il est clair que c'était assez important pour qu'on le congédie. On comprend que ça faisait probablement des semaines qu'on enquêtait et scrutait les finances et les endroits où il avait mainmise. Il y avait possiblement plus que ce que nous croyons. Cette histoire n'est peut-être que la pointe de l'iceberg.

Je ne sais pas comment fonctionnent les Alouettes au niveau des finances. Ici également, plusieurs questions demeurent en suspens. Dans une organisation sportive, de nombreuses personnes ont l'oeil sur l'argent, dont les supérieurs de Reed. Sans oublier que depuis deux mois, la Ligue canadienne de football peut aussi mettre son nez dans les finances de l'équipe étant maintenant propriétaire de l’organisation montréalaise. Qui était au courant de quoi?

Comme vous le constatez, c'est encore nébuleux et il manque beaucoup de réponses aux questions légitimes que l'on peut se poser.  L'histoire n'est pas terminée, mais il reste à clarifier jusqu'où le club et la ligue veulent aller pour découvrir toute la vérité. On parle du plafond salarial, de dépenses personnelles et même d'une histoire de loyer impayé d'une valeur de 6 200 dollars.

À la lumière de ce qu’on apprend, il est clair que Reed se croyait au-dessus de tout et pensait clairement pouvoir s’en tirer.

Chaque fois qu'on lui parlait, Kavis nous faisait sentir qu'on ne savait pas comment les choses se passaient et qu'on ne pouvait pas comprendre. Il nous disait que c'était toujours plus compliqué qu'on le croyait et que lui avait la matrice pour tout réussir. Il s’est souvent débarrassé de gens qui auraient pu défier sa vision et ses actions. Il a souvent menti pendant son règne comme directeur général. Avec le temps, c'était difficile de lui souhaiter du succès.

Il faut voir ce que la ligue va faire avec cette situation. Va-t-elle faire enquête et pénaliser des personnes? Je comprends le président de l'équipe d'avoir été prudent en conférence de presse parce que la situation n'est pas facile. Mais, en ne répondant pas aux questions, les journalistes sont partis sans véritables réponses, ce qui les a incités à aller chercher les vraies réponses ailleurs. Monsieur Boivin aurait pu donner plus d'infos au lieu de laisser aux journalistes le loisir de chercher et de découvrir une partie de l'histoire. Mais seul lui possède le portrait complet de la situation alors c’est donc difficile de juger de la démarche qu’il a décidé de poursuivre.

Mais chose certaine, il reste encore beaucoup de questions.

Une direction à trois têtes

Au cours des dernières années, les mauvaises nouvelles ont été plus nombreuses que les bonnes dans l'entourage des Alouettes. En ce qui me concerne, le départ de Kavis Reed est clairement dans la catégorie des bonnes nouvelles, même si on savait qu'il était là que de façon temporaire.

Des informations percutantes dans le dossier Kavis Reed

On a nommé un trio pour diriger l'équipe. Joe Mack, le directeur général adjoint du personnel des joueurs, l'entraîneur-chef Khari Jones et Patrick Donovan, le directeur des opérations football assureront conjointement la gestion quotidienne de l'équipe.

Je ne pense pas que Mack soit la solution à long terme. Il est là pour que les finances et le plafond salarial soient respectés. Il va aussi s'assurer de trouver des joueurs en cas de blessures. Quant à Jones, c'est lui qui devrait avoir le dernier mot sur le personnel. Pour sa part, Donovan devrait voir aux opérations quotidiennes et à la logistique. Je pense qu'à ce stade de la saison, ces trois hommes peuvent accomplir le travail puisque la campagne est commencée.

La saison est en marche et je vois l'arrivée de ces hommes de façon positive.  Dans l'organisation en général, Reed n'était pas une personne très appréciée. C'était un gars qui faisait tout seul et qui ne partageait pas. Pour résumer, il n'était pas un très bon joueur d'équipe. Alors dans ce sens, son départ soulage plusieurs personnes, je pense. Son départ devrait être propice à une meilleure atmosphère et généralement quand l'ambiance est meilleure, les gens sont plus motivés et engagés dans leur travail. Je ne vois pas de problèmes pour cette saison.

Il faut souhaiter que les Alouettes soient vendus prochainement pour que l'on puisse mettre rapidement sur pied un département des opérations fonctionnel. Il faut bientôt  commencer le travail pour 2020.

Je ne suis pas le seul à penser que cette histoire est bien dommage. L’équipe connait ses meilleurs moments sur le terrain depuis des années. Espérons que ces récentes nouvelles et ce congédiement ne freinent pas cette lancée. L’ère post-Reed commence, voyons voir ce qu’elle nous réserve.

*propos recueillis par Robert Latendresse

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