MONTRÉAL – Le sentiment s’impose de lui-même en assistant à un entraînement des Alouettes de Montréal, on ne peut que constater à quel point c’est plus naturel d’apercevoir Anthony Calvillo conseiller les quarts-arrières de l’organisation.

Le vénérable entraîneur peut maintenant transmettre toutes les informations qu’il souhaite à Rakeem Cato, un quart-arrière recrue, faut-il le préciser. En disposant d’une ressource de la trempe de Calvillo pour l’encadrer, le pivot des Alouettes parviendra certainement à peaufiner quelques aspects de son répertoire axé sur la précision et la mobilité.

Le passeur le plus prolifique de l’histoire du football professionnel a pu enfiler de nouveau ses « pantoufles » à la suite de la réorganisation imposée par Jim Popp qui a pris la relève de Tom Higgins comme entraîneur.

« Ça s’est fait de façon très douce, tout le monde réagit très bien. Turk (Schonert) a été génial dans ce changement, c’est notre meneur et notre coordonnateur offensif. Il dirige notre travail et on a maintenant tous la chance de travailler dans une position dans laquelle nous sommes très confortables », a reconnu l’ancien numéro 13.

Bien sûr, Calvillo a apprécié son passage comme entraîneur des receveurs, mais il admet qu’il se sent plus à l’aise pour déterminer le boulot à accomplir par Cato.

« À vrai dire, ça commence avec moi parce que je dois faire attention pour ne pas tout changer ce qu’il connaît et ne pas le bombarder avec trop d’informations. Je veux surtout polir les aspects de son jeu et l’aider à savoir quoi repérer pour dégainer plus rapidement. Je ne veux pas trop lui en demander pour le moment », a exprimé l’Américain retraité depuis janvier 2014.

À la blague, on pourrait dire que Calvillo qui dirigeait les receveurs, c’était aussi peu naturel qu’une journée sans un message de Denis Coderre sur Twitter (merci au collègue Maxime Desroches pour l'inspiration).

« C’est ce que je connais. Ceci dit, travailler avec les receveurs m’a aidé à devenir un meilleur entraîneur. J’ai assimilé de petits détails qui m’étaient inconnus. Sans André, j’aurais été dans le gros pétrin. Mais, en fin de compte, la position de quart, c’est ce que je connais », a-t-il.

André Bolduc, qui a été promu entraîneur des receveurs, n’a pas voulu jeter la pierre à personne. Ceci dit, il n’a pas hésité à avouer que cette séparation des pouvoirs aurait probablement dû être celle à privilégier dès le départ.

« Vous connaissez tous la réponse à cette question », a mentionné Bolduc, avec le sourire, quand on lui a demandé si c’était plus naturel ainsi pour tous les adjoints.

« Peut-être que ce choix aurait été plus approprié au commencement, mais ce n’est pas à moi de juger. On a fait le maximum avec la structure qui existait avant », a enchaîné celui qui gravit avec brio les échelons grâce à son ardeur au travail et son intelligence du football.

Même s’il dirige maintenant les receveurs, Bolduc comprend que le bien de son équipe passe par un accent sur l’attaque terrestre.

« On est une équipe qui a du succès par la course donc on va courir en ayant de gros jeux à l’occasion pendant que Rakeem continue de se développer. On ne peut pas lancer le ballon 40 fois par match, c’est impossible. Si on le fait, on n’obtiendra pas beaucoup de victoires », a précisé Bolduc.

Aux yeux de Nicolas Boulay, la présence de Popp (également directeur général) permet une meilleure communication au sein du groupe.

Résultat, l’équipe déploie des entraînements avec davantage d’enthousiasme et de fougue. Cependant, cette voie positive empruntée n’assure en rien une performance inspirée – et encore moins une victoire – à Hamilton contre les puissants Tiger-Cats qui défendent leur nouveau domicile avec éclat.

En effet, jeudi soir (à partir de 19 h à RDS), les Alouettes hériteront de la lourde mission d’infliger un premier revers aux Tiger-Cats au Tim Hortons Field. La troupe de Kent Austin et les Stampeders de Calgary demeurent les deux formations invaincues de la LCF devant leurs partisans. Jim Popp et Kyries Hebert

Si l’on doit se fier aux commentaires des membres des Alouettes, ils se présenteront à Hamilton avec confiance puisqu’ils ont déjà vaincu les Ti-Cats cette saison. Par contre, il s’agissait d’un duel en sol montréalais.

Ce n’est pas tout, depuis leur revers contre les Oiseaux, les Tiger-Cats ont savouré cinq victoires consécutives par une écrasante domination de 204 à 89 au chapitre des points.

« Il y a beaucoup de choses à réussir pour les battre, c’est une puissante équipe. C’est pourquoi ils ont atteint la Coupe Grey depuis deux ans. Ils jouent du très bon football présentement en multipliant les points, mais on a l’avantage de les avoir battus et on est confiant de pouvoir y arriver de nouveau. C’était bénéfique de gagner à Vancouver et ça pourrait nous aider », a exprimé Popp qui redoute la pression générée par eux autant en défense qu’en attaque.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la redoutable unité défensive des Alouettes sera testée plus que jamais contre l’attaque dirigée de main de maître par Zach Collaros.

« On a hâte d’aller à Hamilton et de leur imposer leur première défaite. Ils ont progressé beaucoup dernièrement, mais nous aussi », a prétendu Boulay en faisant notamment référence aux unités spéciales où il contribue surtout.

Parlant de la défense montréalaise, elle sera privée de l’ailier défensif Aaron Lavarias pour une longue période. Blessé à un doigt, il a dû se résoudre à passer sous le bistouri et il devrait être placé sur la liste des blessés pour six semaines. Il pourrait la quitter selon la durée de sa remise en forme.

Tyrell Sutton et Jeff Perrett ont raté l’entraînement de leur formation mardi. Heureusement pour Cato, Perrett est uniquement ennuyé par un virus.

Un mandat mérité pour Bolduc

Si l’ascension de Calvillo au poste d’entraîneur des quarts faisait trop de sens pour être évitée, la promotion de Bolduc comme responsable des receveurs s’avère une récompense considérable.

André Bolduc et Éric Deslauriers« C’est génial de le voir progresser, il était un combattant durant sa carrière de joueur et il contribuait aussi sur les unités spéciales. De plus, il est très intelligent. On ne savait pas trop à quoi s’attendre en l’ajoutant au sein de notre personnel après son passage à Sherbrooke, mais il a fait des sacrifices et on le voit travailler très fort. Je trouvais que c’était la bonne décision de lui confier ce rôle », a raconté Popp à propos de celui qui a dirigé le Vert & Or.

Quant au principal intéressé, il se réjouit de cette occasion avec les Alouettes même si un congédiement a été nécessaire pour que ça se produise.

« Oui, parce que c’est un groupe avec lequel je travaillais déjà au quotidien. Ça ne change pas beaucoup mes fonctions. J’ai perdu AC qui était mon allié, mais on continuera de passer beaucoup de temps ensemble parce qu’on veut créer une chimie entre les receveurs et le quart », a témoigné lui qui a été receveur dans la LCF de 1996 à 2001.

Travaillant infatigable, Bolduc n’a pas l’intention de se satisfaire du rendement actuel de son escadron.

« C’est certain que je vais mouler les choses à mon goût, je veux un groupe plus physique et qu’il devienne le meilleur de la LCF. On n’est pas rendu là et il faut aussi garder tout le monde heureux même si tu n’obtiens pas le ballon », a évoqué Bolduc.

En se voyant confier cette tâche, le père de quatre enfants aimerait attirer d’autres anciens joueurs vers ce métier fort exigeant.

« Beaucoup de bons joueurs universitaires deviennent des entraîneurs et c’est ce qui a aidé à hausser le niveau du football québécois. Tant mieux si ça incite des gens à le faire parce que ce n’est pas une profession facile, il faut le dire », a conclu Bolduc qui penserait toujours à sa famille avant d’accepter un poste d’entraîneur-chef si l’occasion se présentait.

Le point de presse de Jim Popp