MONTRÉAL – C’est dans leur nature, les receveurs veulent être ciblés souvent et pratiquement tout le temps ce qui cause parfois des frictions au sein d’une équipe. Imaginez le moral que ça exige pour ne pas sombrer dans le négativisme quand on tente uniquement 11 passes en votre direction durant une saison.

 

Voici les statistiques reliées à Félix Faubert-Lussier qui a capté six de ces tentatives pour un total de 65 verges. Pendant ce temps, Eugene Lewis a récolté 1083 verges aériennes en s’imposant comme la cible de prédilection cette saison. Quan Bray (818), DeVier Posey (780), Jake Wieneke (555) et Chris Matthews (139 en cinq matchs) sont venus le compléter de belle manière.

 

Disons que si le Québécois de 28 ans avait eu le tempérament de Duron Carter, ça ferait longtemps qu’il aurait perdu la tête.

 

Mais justement, la personnalité de Faubert-Lussier détonne au plus haut point avec celle des receveurs capricieux et il s’est plutôt attardé à contribuer de différentes manières. En fait, il a savouré chaque semaine avec l’équipe surtout après avoir été ramené dans son giron une semaine après que Kavis Reed, l’ancien directeur général, l’ait libéré avant d’être congédié.

 

« Oui, j’étais utilisé en attaque, mais est-ce que j’étais vraiment ciblé? Peut-être pas autant que je le voudrais. Mais je veux jouer au football pour être sur le terrain, pour frapper du monde. Attraper des ballons, c’est bien, mais on ne fait pas juste ça sur le terrain. Je peux me concentrer sur plein d’autres choses », a-t-il indiqué.

 

Naturellement, il a déjà entamé le bilan personnel de sa saison et il en retire plusieurs éléments intéressants.

 

« Pour moi, ce n’est pas une saison décevante du côté personnel, je n’ai pas le choix de voir ça positivement. J’ai progressé mentalement et je suis revenu à la maison en plus », a d’abord noté le numéro 81 pour ensuite enchaîner avec des considérations collectives.

 

« On a changé la culture à Montréal. On a été en mesure d’élaborer une équipe gagnante pour les partisans. Tout ça, c’est majeur et ça vaut beaucoup plus que mes statistiques », a soulevé Faubert-Lussier.

 

C’est sous l’influence des entraîneurs des Alouettes que Faubert-Lussier a repris sa place dans le nid. Ils n’ont jamais caché qu’ils aiment son arsenal et sa contribution. Les entraîneurs ont donc trouvé une manière de le récompenser, samedi dernier, dans le match moins significatif face aux Tiger-Cats de Hamilton. Félix Faubert-Lussier

 

Ça s’est particulièrement passé en deuxième demie. Habituellement positionné comme receveur éloigné du côté large, il a été ramené vers l’intérieur pour devenir une cible plus atteignable en plus d’effectuer trois retours de botté.

 

« C’est le fun de jouer à l’intérieur, c’est sûr. Quand il y a des blessures (comme à Quan Bray contre Hamilton), c’est une chance pour moi de montrer ce que je peux faire à l’intérieur. Tout le monde sait que le ballon est plus distribué à cet endroit. C’est certain que c’est plaisant, j’en profite autant que je peux. Le plus qu’on m’en donne, le plus que je suis heureux », a admis celui qui demeure un vrai receveur dans l’âme.

 

Après deux saisons dans l’uniforme des Tiger-Cats, Faubert-Lussier est arrivé à Montréal au sein d’une brigade relevée de receveurs. Ça faisait un certain temps que les Alouettes n’avaient pas disposé d’un groupe aussi talentueux.

 

« Pour une recrue, ça peut-être intimidant des gros noms comme ça, des athlètes qui ont joué dans la NFL, la LCF ou la NCAA. En fin de compte, ils ont un cerveau comme le mien avec deux jambes et deux mains. Il y en a qui sont plus gentils, d’autres plus méchants. On peut retrouver tous les types de personnalité dans un vestiaire. La personne la plus talentueuse peut être méchante comme elle peut être la personne la plus respectueuse. La clé, c’est de les connaître comme humains, les découvrir en dehors du football et c’est là que tu crées des liens d’amitié », a évoqué l’ancien du Rouge et Or de l’Université Laval.

 

Félix Faubert-LussierLucide, Faubert-Lussier comprend que les enjeux administratifs compliquent le portrait au niveau contractuel. Ce qu’il sait, c’est qu’il veut rester dans son patelin.

 

« On ne sait pas qui sera le DG l’an prochain ni même le propriétaire. C’est pour ça qu’on ne voit pas beaucoup de signatures comparativement à d’autres équipes. Je comprends qu’ils veulent laisser les nouveaux dirigeants choisir leur direction quant aux joueurs, mais c’est clair que j’aimerais être de retour à Montréal, j’habite tout près. Je ne voudrais pas jouer pour une autre équipe », a-t-il commenté.

 

En attendant que ce mystère soit résolu, Faubert-Lussier entrevoit un autre scénario pour conclure l’année de manière agréable.

 

« Finir avec dix victoires, ce serait gros. Dix victoires après que tous les analystes et tous les gérants d’estrades pensaient qu’on finirait avec une, deux, trois ou quatre victoires maximum, on serait en mesure de prouver à tout le monde qu’on avait l’effectif pour le faire. Quand tout le monde se regroupe et pousse dans la même direction, ça donne de belles choses et ce fut le cas cette année », a conclu le Québécois qui affiche une franchise appréciée.