RDS et RDS Direct présentent la demi-finale de l'Est entre les Alouettes et les Eskimos dimanche dès midi.
AVANT-MATCH

 

MONTRÉAL – Jusqu’à l’ascension de Khari Jones au poste d’entraîneur-chef, les Alouettes de Montréal semblaient s’enliser dans des sables mouvants. L’organisation aurait pu s’appuyer sur quelques piliers comme John Bowman, Kristian Matte, Martin Bédard, Luc Brodeur-Jourdain qui est devenu entraîneur et André Bolduc qui agit comme adjoint depuis six saisons sauf que ça ne s’est pas produit.

 

Mercredi, après l’entraînement qui a lancé la préparation officielle pour les éliminatoires, Jones et le président Patrick Boivin ont tenu à s’adresser aux joueurs et à plusieurs employés du club qui avaient été invités à se présenter. Ce moment n’était pas banal pour Matte et Bolduc qui ont partagé leur réaction à cette allocution qui venait confirmer le retour en force de la formation.

 

En tant que joueur de ligne offensive, Matte souhaite tout sauf attirer l’attention sur lui. Pendant les quatre saisons de misère des siens, son cœur a été meurtri, mais il est parvenu à s’indigner sans dépasser la limite. Ce serait difficile de décrire à quel point il est heureux d’avoir renoncé à cette période sombre. En fait, son soupir de soulagement voulait tout dire.  

 

« Je suis très content, mais, en même temps, il ne faut pas que les émotions pénètrent dans les matchs. Plusieurs coéquipiers n’ont pas vécu les moments difficiles à Montréal donc ils ne savent pas exactement c’était comment. On est encore quelques anciens et, pour nous, c’est une question de fierté. Pendant longtemps, on a été l’une des meilleures équipes, mais c’est devenu le contraire pendant quatre à cinq ans. On veut avoir du leadership pour montrer comment se comporter comme des joueurs du calibre de champions. On veut le transmettre aux jeunes pour que ça se poursuive pendant plusieurs années. On est rebâtis présentement », a-t-il confié celui qui s’est joint aux Alouettes alors que tout allait bien en 2010.

 

Matte a donc été très attentif aux propos tenus par Boivin et Jones parce qu’il comprenait la signification profonde de chaque mot.  

 

« Tout le monde est important dans notre organisation, il y a des gens des bureaux qui sont venus. On est une équipe, mais pas juste les joueurs sur le terrain. Ce sont les entraîneurs, les employés de l’administration et des communications. M. Boivin racontait qu’on grimpe la côte présentement. On a été au fond, dans la vallée, dans le sous-sol et même presque sous la terre pendant des années », a raconté celui qui a obtenu sa première nomination sur l’équipe d’étoile de l’Est.  

 

« On sent une énergie qui n’a pas été ressentie depuis longtemps. On s’amuse à jouer, à travailler et ça favorise le succès. Mais on a encore faim, on sait qu’on n’a pas atteint ce qu’on peut accomplir », a tenu à ajouter Matte qui s’est acquitté de différents mandats sur la ligne offensive avec brio au fil des ans.

 

Bolduc, qui a porté les couleurs des Alouettes de 1998 à 2001, a vécu une situation particulière depuis son arrivée dans le groupe d’entraîneurs en 2014. Avec son expérience, il voyait bien que certains choix ne tenaient pas la route, mais il ne pouvait pas les renverser.

 

« Ce fut un travail de reconstruction de plusieurs mois et plusieurs années. Avant, c’était négatif, on le sentait aussi pendant l’hiver. Les décisions, on va se le dire, c’était douteux. On n’avait pas l’impression que les décisions étaient prises pour qu’on avance dans la bonne direction », a admis le responsable des porteurs de ballon.

 

Disons que sa vie est nettement plus simple depuis qu’une logique s’est installée.  

 

« Depuis quelques mois, on ne se questionne plus. On fait notre travail et c’est plaisant de travailler. Quand on croise des gens, ils sont positifs de nouveau lorsqu’ils aperçoivent le logo. Ce n’était pas le cas dans les dernières années », a poursuivi l’ancien receveur qui assiste à une panoplie de matchs des niveaux secondaire, collégial et universitaire.

 

La structure déployée par Jones et la confiance accordée à ses adjoints lui rappellent de bons souvenirs.

 

« C’est le fun que ce soit redevenu comme ça. Quand je jouais, ça ressemblait à ce qu’on voit présentement. C’était naturel et normal que ça se passe ainsi. C’était temps, on est sur une bonne lancée et on souhaite que les prochaines décisions soient les bonnes pour stabiliser le tout », a exprimé Bolduc qui ne parle pas pour rien dire.

 

La fin de sa réponse, on le déduit, faisait notamment allusion au sort de Jones qui demeure dans l’inconnu quant à son sort pour le calendrier 2020. Étant donné que le président est venu faire son tour à l’entraînement, il était pertinent de demander s’il s’était présenté avec une offre de contrat à lui remettre.

 

Jones aurait sans doute aimé confirmer que c’était le cas, mais il ne pouvait pas le faire.

 

Si l’équipe n’appartenait pas à la LCF, ça ferait longtemps que l’entraîneur aurait obtenu la prolongation de contrat désirée. Heureusement, ce contexte particulier ne semble pas effrayer ses joueurs.

 

« La pression, elle a été là depuis le début de l’année avec les changements d’entraîneur et de directeur général. On a toujours été capable de se concentrer sur les choses à accomplir sur le terrain. On veut juste disputer un bon match et le gagner », a répondu Matte.

 

Matte, un vétéran dont il serait difficile de se passer 

 

La perte de Tony Washington a amputé la ligne offensive d’une grande expérience pour le dernier droit de l’année 2019. Encore une fois, cette unité a pu se fier sur Matte qui joue un rôle colossal à ce chapitre pour ses partenaires actuels (Chris Schleuger 24 ans, Trey Rutherford 23 ans, Sean Jamieson 25 ans et Landon Rice 31 ans). 

 

« L’attaque part de la ligne offensive et c’est lui qui est le ‘quart-arrière’ de la ligne offensive. Ça démontre son influence et son talent parce que notre attaque a fini deuxième rang pour la productivité », a souligné le centre-arrière Christophe Normand avec véracité puisque Montréal se situe tout juste derrière les Tiger-Cats de Hamilton à ce chapitre.

 

La succession de Brodeur-Jourdain au centre a été bien assurée grâce à Matte qui était surtout reconnu comme garde auparavant. Vernon Adams fils le confirme avec plaisir.

 

« Il a une grosse influence sur moi, on parle souvent sans que ce soit planifié. Il vient passer du temps avec moi dans la salle vidéo et il m’explique ce qu’il voit sur certains fronts défensifs. Il m’a beaucoup aidé à décortiquer les défenses et à comprendre des blitz afin de bien savoir quand je dois décocher mes passes plus rapidement. Il a eu un gros impact sur ma carrière surtout qu’il est là depuis mon arrivée », a indiqué le quart-arrière.

 

Bolduc a confirmé les dires d’Adams fils à propos de sa contribution.

 

« C’est le coach sur le terrain. Avant, c’était Luc, mais il est devenu entraîneur. C’est le travail du centre, il tranche pour les protections à effectuer. Même quand le front défensif bouge et que ça peut devenir mêlant, il doit faire un call pour placer tout le monde dans la meilleure situation pour effectuer un jeu. Les demis offensifs sont derrière et ils vont écouter ses directives. Le quart-arrière n’a pas un mot à dire sur la protection, c’est Kristian qui dicte ça. Les demis vont les aider si des erreurs surviennent, c’est un travail de complicité. On est chanceux, on a un bon meneur avec nous et il est bien dirigé par Luc », a conclu Bolduc sur ce meneur fort respecté à travers la LCF.