MONTRÉAL – Vendredi, à Calgary, Adarius Pickett a obtenu une interception, un sac du quart, quelques plaqués en plus d’effectuer un retour de dégagement et d’écoper d’une punition. Une soirée bien remplie pour l'athlète de 24 ans qui vient tout juste de débarquer dans l’univers de la Ligue canadienne de football. 

Pourtant, il y a quelques mois à peine, Pickett travaillait au sein du personnel d’entraîneurs des Bruins de UCLA, son alma mater. Il s’est illustré dans cet uniforme en réussissant même une saison de 123 plaqués. 

Des essais infructueux avec les Bears, les Chargers, les Patriots et les Titans l’ont incité à se déplacer sur les lignes de côté. Cependant, les Alouettes avaient d’autres plans pour lui et il a accepté de tenter cette aventure en sol canadien. 

L’Américain n’a pas perdu de temps pour s’imposer comme une option très intéressante à plusieurs positions. Jusqu’ici, il a surtout joué au poste de secondeur du côté large pendant l’absence de Patrick Levels – qui devrait renouer avec l’action cette semaine – mais il remplaçait Wesley Sutton comme demi de coin, lundi, à l’entraînement. 

C’est sans parler de sa position naturelle de maraudeur, sauf que les Alouettes ont décidé de confier ce rôle à un athlète canadien pour le moment. 

« Ça n’arrive pas souvent de voir un joueur qui arrive dans la LCF et qui parvient à s’adapter à différentes positions. Il est simplement un joueur très solide », a commenté l’entraîneur Khari Jones à son sujet. 

Même si son expérience au nord de la frontière ne se limite qu’à quelques semaines, Jones n’a pas craint de lancer une remarque fort révélatrice. 

« Il a la chance de devenir un joueur très spécial parce qu’il n’est pas seulement physique, mais aussi très intelligent. Il ne fera que progresser », a statué Jones. 

Avant de faire ses valises pour Montréal, Pickett suivait des cours pour obtenir un diplôme en leadership et enseignement à UCLA. Quand on lui demande d’expliquer son adaptation à la LCF, ses réponses exposent un bel équilibre entre humilité et confiance. 

« Je suis avant tout un joueur de football, je vais jouer de mon mieux peu importe la position. J’ai eu la chance d’avoir hérité d’un certain talent et j’essaie d’aider mon équipe autant que possible », a réagi Pickett qui acceptera les différentes missions déléguées par le coordonnateur défensif Barron Miles et Jones.

À son âge, il n’est pas prêt à dire que son arrivée dans le circuit canadien était sa dernière chance au football professionnel.  

« Présentement, je suis ici et je suis reconnaissant de cette occasion. Je suis bien content de jouer de nouveau », a déclaré Pickett. 

Les joueurs de la LCF sont habitués de voir débarquer des athlètes très talentueux qui ont promené leur baluchon dans la NFL. Mais Pickett produit un impact différent sur eux puisqu’il démontre déjà qu’il peut se démarquer à plusieurs endroits sur le terrain. 

« C’est vraiment un joueur de football, il est excitant à regarder aller. C’est évident qu’il peut jouer à ce niveau. Je sais que ce n’est pas une baisse pour notre défense quand il est sur le terrain. C’est clair qu’il va réussir des jeux. Je suis content pour lui », a souligné le joueur de ligne défensive, Nick Usher. 

En parlant avec le demi défensif Tyquwan Glass, on comprend que le profil de Pickett était sans doute très intéressant pour Miles. 

« Comme tout le monde doit le faire dans notre tertiaire, il est en mesure de jouer à toutes les positions. Barron Miles insiste pour que les demis défensifs puissent le faire. Après tout, on voit que les blessures arrivent régulièrement et c’est bien utile qu’il puisse aider dans ce sens », a expliqué Glass. 

Sa facilité d’adaptation ne l’empêche pas de commettre des erreurs. Face aux Stampeders, il était mal positionné – à l’intérieur de la verge de séparation – à deux reprises et il a été réprimandé une fois. Nul doute, Jones est prêt à accepter quelques bévues. 

« Il y a une tonne de choses à assimiler. Pour lui, ce sera surtout la reconnaissance des différentes formations et ce que l’attaque veut accomplir. Parfois, il faut commettre des erreurs pour apprendre, mais Barron et moi pouvons accepter le tout quand les joueurs foncent à 100%. On ne l’utiliserait pas dans ces différentes situations si on n’était pas à l’aise », a évoqué Jones. 

Le retour de Levels s'annonce bénéfique

Par un concours de circonstances, l’intégration de Pickett est intimement liée à Patrick Levels jusqu’à présent. Déjà qu’il a remplacé ce dernier sur le terrain, c’est aussi grâce à lui qu’il a atterri à Montréal. 

En effet, Levels avait parlé en bien de Montréal à ses entraîneurs de l’Université Baylor et Pickett a côtoyé l’un de ceux-ci à UCLA par la suite. 

Sauf que Levels devrait enfin pouvoir jouer vendredi, pour l’ouverture locale, au Stade Percival-Molson. Si on avait à prédire la suite, on pourrait déduire que Pickett obtiendra bientôt une chance comme demi de coin. Ça pourrait survenir, dès vendredi, en remplacement de Wesley Sutton. 

Autant que Jones et Miles sont emballés par le potentiel de Pickett, il n’en demeure pas moins que le retour de Levels sera très précieux pour l’unité défensive. L’équipe s’est ennuyée de lui pour plusieurs raisons. 

« Ouf, son énergie assurément, mais aussi son aisance à communiquer. Ça se voyait facilement aujourd’hui, il est toujours en train de parler, il s’assure que tous les joueurs sont au bon endroit. La communication est excellente quand il est présent. Bien sûr, je parle outre son répertoire de joueur étoile qui lui permet d’accomplir des jeux partout sur le terrain », a confié Jones.  

« D’ailleurs, la communication sera essentielle pour nous car on a besoin de créer cette unité du côté défensif. Ce groupe n’a pas beaucoup passé de temps ensemble et c’est l’un des joueurs qui peut rassembler un groupe », a conclu l’entraîneur-chef en visant dans le mille.