MONTRÉAL – Pour une énième fois cette saison, les Alouettes de Montréal n’ont pas été en mesure de concrétiser une belle occasion qui était à leur portée, samedi, face aux puissants Blue Bombers de Winnipeg. 

Plus tôt dans l’année, des punitions inutiles ont freiné l’envol du club. Ensuite, ce fut au tour d’interceptions malencontreuses. Depuis deux défaites, on constate que l’équipe manque de finition dans ses prestations. 

De l’autre côté, les Alouettes détiennent une attaque au sol dévastatrice menée par William Stanback et on sent que l’entrée en scène de Trevor Harris pourrait mener à des résultats très intéressants si la chimie nécessaire parvient à se créer. 

Dans le revers de 31-21 encaissé à Winnipeg, l’utilisation de Stanback en deuxième demie a laissé quelques observateurs sur leur appétit. Après une récolte de 75 verges sur 10 courses avant la pause, le numéro 31 a dû se contenter de 6 tentatives par la suite. 

Bien sûr, les Alouettes devaient combler un déficit à partir du quatrième quart, mais Stanback n’a pas eu la chance de malmener la défense adverse quand elle ressent la fatigue. 

L’entraîneur-chef Khari Jones a revu le match et il maintient sa version proposée au terme de celui-ci. 

« Ma réponse va demeurer la même. On n’a pas autant eu le ballon en deuxième demie. Parfois, je sélectionne des courses qui deviennent des passes en raison du front défensif. Ça ne m’inquiète pas trop, il a eu 16 courses au lieu de sa moyenne habituelle de 20 et Cameron (Artis-Payne) a couru deux fois avec le ballon. Sans oublier qu’on a eu 10 jeux offensifs de moins que notre moyenne », a expliqué Jones. 

« On court plus que n’importe quelle équipe et on est bons pour le faire. Mais on a également besoin du jeu aérien. On a eu des gros jeux sur les séquences qui ont mené à nos touchés. Ça permet de renverser le positionnement. On doit continuer de le faire et être meilleur à ce chapitre. Il faut être en mesure de faire les deux », a renchéri l’entraîneur. 

On a aussi refilé la question à Luc Brodeur-Jourdain, l’entraîneur de la ligne offensive, qui dirige l’unité qui ouvre le chemin à Stanback. 

« En tant qu’ancien joueur de ligne à l’attaque, je dirais qu’il n’a jamais assez de courses. Mais, quand tu évalues le portrait, on est dans le monde du football canadien puis on est l’équipe qui court le plus et de loin. Je crois qu’on est encore en première place pour le nombre de verges au sol et par près de 400 verges (401 si on veut le taquiner). Est-ce qu’on est une équipe axée vers le jeu au sol? Oui, mais c’est plus difficile de créer des jeux explosifs et reprendre le positionnement de terrain. [...] C’est juste la nature même du jeu », a indiqué Brodeur-Jourdain. 

Quant à Stanback, il a eu la sagesse de pousser dans la même direction que les entraîneurs. 

« Je ne prends pas ces décisions et certaines sont prises en fonction du front défensif choisi par l’adversaire. On ne peut pas toujours courir avec huit adversaires à proximité. Ça finira avec un jeu négatif ou aucun gain », a maintenu Stanback en convenant au passage que sa puissance et son gabarit lui permettent de récolter plus de bénéfices au dernier quart. 

À ne pas en douter, Stanback aurait voulu faire « payer le prix » à la défense des Bombers dans le dernier droit.

« J’aurais adoré, mais ça dépend des situations dans le match. Il fallait s’approcher de la zone payante et, parfois, il faut se fier sur la passe. Si je dois bloquer, je vais le faire », a-t-il lancé. 

Et ne comptez pas sur lui pour lancer des fleurs à la défense des Bombers. 

« Elle a été coriace comme les autres équipes. Ça se joue surtout sur la discipline. C’est une équipe très disciplinée et on doit s’assurer d’avoir autant de discipline qu’eux pour continuer de marquer des points », a plutôt ciblé le porteur de ballon. 

Sa retenue s’explique notamment par le fait que les deux équipes croisent le fer de nouveau, ce samedi, en sol montréalais dans le cadre du match de la famille qui vise à attirer le maximum d’enfants à ce spectacle. 

Quand on lui demande s’il espère assister à un scénario différent cette semaine en sous-entendant qu’il se verrait confier le ballon plus souvent, sa réponse valide son discours.  

« En autant qu’on gagne, je peux avoir cinq portées et ça m’est égal », a conclu l’Américain qui est heureux d’avoir réussi une deuxième saison consécutive de plus de 1000 verges.

Brodeur-Jourdain a profité de l’accomplissement de Stanback pour lui lancer quelques fleurs.   

« Tout au long de la saison, il s’est amélioré sur ses lectures, sa façon d’attaquer la ligne d'engagement et l’endroit où il le fait. Plus tôt dans l’année, ça lui arrivait d’opter un peu plus pour le risque en déviant à contre-courant. Tu te retrouves en quelque sorte à te débrouiller un peu tout seul parce que les cinq bonhommes de la ligne à l’attaque travaillent de l’autre côté. Ce que je vois maintenant, c'est plus de patience. Évidemment, les courses explosives ne sont pas immédiates, elles n’arrivent pas rapidement dans le match. Mais, par contre, tu construis ton football physique et l’épuisement de l’adversaire. Ensuite, on peut opter pour afficher de la finesse », a témoigné LBJ.

Quel scénario pour la ligne offensive ?

On y reviendra plus en détails, mercredi matin, mais la santé de la ligne à l’attaque demeure le sujet de préoccupation chez les Oiseaux. La possibilité d’employer deux bloqueurs américains a été testée à l’entraînement, mais ça s’expliquait aussi par l’absence de Kristian Matte en raison d’un dossier familial. 

La bonne nouvelle demeure que le centre Sean Jamieson a effectué toute la séance et ce n’est pas impossible qu’il soit retiré prématurément de la liste des blessés de six matchs.