Je ne sais pas si présentement les Alouettes représentent la meilleure équipe de la LCF et il pourrait y avoir un débat sur la question. Si on oublie leur début de saison alors qu’ils avaient entamé celle-ci avec deux revers, ils présentent une fiche de 7-3 dans les 10 derniers.

Si on demande actuellement dans la Ligue quelle équipe est fatigante à affronter, je ne serais nullement surpris que le nom des Alouettes sortirait en plusieurs occasions.

Là où je veux en venir, c’est qu’à mon avis, si les Alouettes ne sont pas la meilleure formation du circuit en ce moment, ils sont très certainement la plus dangereuse.

Cette équipe n’abandonne jamais. Leur adversaire ne peut jamais croire qu’un match est terminé, même après une avance confortable. Je répète depuis quelques chroniques que les Alouettes ne sont pas obligés d’attendre à la fin du match pour se mettre en marche. Ils ne sont pas également forcés de garder chaque rencontre serrée, ils pourraient signer une victoire convaincante.

En même temps, il n’y a pas une équipe qui est en mesure de jouer un 60 minutes de jeu avec le pied au plancher et effectuer une domination de A à Z. Si une telle situation devait se produire, je serais pour dire que l’équipe adverse n’aurait rien à faire dans cette ligue en cette journée.

Les Alouettes ont depuis longtemps montré leur niveau de résilience. Dès la première semaine, ils avaient été en mesure de revenir dans le coup contre les Eskimos, même si le résultat n’avait pas été positif.

On se souviendra du retour spectaculaire à Calgary devant les Stampeders et que dire de celui de samedi qui s’est soldé par un gain de 38-37 contre Winnipeg. Les Alouettes ont enregistré un record d’équipe en comblant un déficit de 24 points. On voit donc toute la force de caractère au sein de ce groupe, tant chez les joueurs que les entraîneurs.

Présentement, les Alouettes ne cessent d’y croire et l’espoir est un puissant moteur avec lequel tu peux te rendre très loin. Peu importe ce qui se présente à eux actuellement, contre vents et marées, la formation montréalaise y croit toujours.

Blue Bombers 37 - Alouettes 38

Je ne dis pas que la recette va toujours fonctionner, mais cette mentalité les rend extrêmement dangereux pour leurs adversaires.

Peut-être qu’ils se sont dits aussi dans le vestiaire que c’était possible contre cette formation de Winnipeg qui avait échappé aussi une avance de 20 points contre les Argonauts de Toronto plus tôt dans la saison. Les Bombers se sont peut-être dit que le scénario se répétait et on voyait qu’ils souhaitaient seulement que le cadran atteigne le zéro pour sonner l’issue du match. Le pire ennemi semblait être le cadran pour les Alouettes comme absolument rien ne fonctionnait chez les Bombers.  

Je ne me souviens pas d’avoir vu un match au cours duquel une équipe pouvait être aussi mauvaise en première demie et aussi dominante lors des deux derniers quarts.

En début de match, les Alouettes ont été dominés à toutes les facettes, tant physiquement que sur le plan stratégique. On voyait des joueurs se pointer du doigt après certains jeux alors qu’on critiquait les assignations. C’était le chaos absolu et trois tentatives de faufilade du quart le prouvent bien.

Les Bombers ont récolté 26 verges sur l’une d’entre elles, une autre s’est soldée avec un touché de 38 verges et la troisième a donné droit au jeu truqué pour 74 verges. C’était spectaculaire en première demie pour les Bombers.

On parle beaucoup du quatrième quart, mais je ne crois pas que cette remontée est possible si Ciante Evans réalise l’interception qui a mené au touché de Chris Matthews. À ce moment du match, les Bombers mènent 34-10 et tout indique qu’ils vont inscrire d’autres points. Au lieu de ça, les Alouettes ajoutent un touché et réduisent l’écart à 17 points. Je crois que ce jeu a arrêté l’hémorragie puisque les Bombers ont simplement ajouté trois points à leur récolte. Cette interception est le premier d’une série de jeux du match. Lorsque tu perds par 24 points, il en faut une succession et c’est ce dont nous avons eu droit.

Adams est Monsieur positif

Les lents départs chez les Alouettes sont aussi l’affaire de Vernon Adams fils. Encore une fois, et c’est répétitif, le quart montréalais a connu des ennuis en début de match. Les receveurs des Alouettes étaient souvent libérés, mais les passes étaient imprécises, il gardait trop longtemps le ballon dans ses mains et il était victime de la pression des Blue Bombers.

« On n'a jamais abandonné »

La beauté de Vernon Adams, c’est qu’il est Monsieur positif. Il a changé sa mentalité alors qu’il est conscient qu’il ne peut pas changer ce qui vient de se produire. Il est très bon pour oublier les mauvais jeux et se concentrer sur la tâche à accomplir. Son interception au quatrième quart n’était pas une belle passe, mais il a su livrer la marchandise en fin de matc par la suite.

Toutefois, il devra contrôler ses émotions, car on ne se cachera pas qu’il a été chanceux à la suite de son interception. Il a perdu le contrôle durant quelques secondes alors qu’il a arraché le casque d’Adam Bighill. Sur le moment on ne pouvait tout voir, mais sur les reprises, Adams fils tente bel et bien de frapper son rival avec le casque. L’officiel est tout juste à côté de l’action et il est chanceux de ne pas avoir été expulsé de la rencontre.

Une chose qui a véritablement joué en faveur des Alouettes, c’est que les demi-défensifs des Blue Bombers ne pouvaient pas suivre les receveurs. Ces derniers étaient toujours démarqués lorsque la défense optait pour une couverture homme à homme. Même en première demie, on voyait des receveurs des Alouettes fins seuls, mais le problème c’est que la pression se rendait à Adams. Les Bombers camouflaient leur lacune dans la tertiaire avec un front défensif dominant. Il n’était pas possible d’exploiter cette faiblesse jusqu’au quatrième quart.

L’unité de production s’est grandement améliorée au fil du match et elle a permis à Adams d’avoir cette seconde supplémentaire pour repérer son receveur qui était souvent à découvert. Même sur le touché de Jake Wieneke, il y avait deux autres coéquipiers qui étaient libres dans la zone des buts. Lorsqu’on se met à regarder le groupe de receveurs des Alouettes, il doit être considéré dans le top-3 à travers la Ligue.

La fin de match, l’animosité avant la rencontre entre John Bowman et Andrew Harris, et celle au cours du match entre Adams et Bighill en raison du geste du quart des Alouettes, je suis impatient au match à Winnipeg dans trois semaines.

Tout est en place pour qu’on assiste à un spectacle de pyrotechnie lors de la prochaine confrontation entre les deux équipes.

Mine de rien, avec cette victoire, les Alouettes présentent un dossier de 7-5 contrairement au 3-10 du Rouge et Noir qui occupe le troisième rang dans l’Est. Ils s’approchent de plus en plus d’une qualification aux éliminatoires, alors que c’est déjà le cas pour les Tiger-Cats de Hamilton et les Stampeders de Calgary.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant