MONTRÉAL – La décision des Alouettes de consacrer le mini camp à l’attaque était somme toute logique considérant les problèmes de cette unité depuis quelques années. Pendant qu’une trentaine de joueurs étaient réunis en Floride, les entraîneurs et les vétérans de la défense ont consacré leurs efforts à élaborer le système idéal pour les ressources renouvelées de la formation montréalaise.

 

Au cours des derniers mois, le directeur général, Kavis Reed, a surtout été en mesure de dénicher des éléments de qualité pour cette unité. En plus de convaincre Henoc Muamba, Dominique Ellis et Mitchell White d’effectuer un deuxième séjour à Montréal, il a attiré Jamaal Westerman, Tommie Campbell et Joe Burnett.

 

Ces piliers se retrouveront tout de même entre les mains d’un coordonnateur défensif recrue en Kahlil Carter. À la suite d’une belle carrière comme joueur, Carter a rapidement gravi les échelons comme entraîneur et les Alouettes lui ont cru bon lui confier ce mandat d’envergure pour une première fois.

 

Cette décision n’a pas effrayé Ellis qui sent déjà une connexion intéressante avec Carter.

 

« Il parle football de la même manière que nous. C’est un entraîneur plus jeune, très enthousiaste et avec un grand charisme. Chaque fois que j’ai discuté avec lui, il a été très convaincant », a déclaré Ellis, vendredi matin.

 

« De plus, il vient d’une organisation gagnante. Ce qu’il va préconiser, on sait que ce sont des trucs qui fonctionnent. Les preuves sont là. Bien sûr, il va ajouter sa touche, mais c’est plus facile d’attirer les joueurs de son côté quand on vient d’un club gagnant », a admis Ellis.

 

L’athlète de 28 ans pourra aussi se tourner vers Billy Parker qui dirige les demis défensifs. Parker était l’un des meneurs de cette unité durant le premier passage d’Ellis à Montréal (en 2014 et 2015).

 

« C’est bien d’avoir un gars qui comprendre pourquoi un jeu a foiré. Ses connaissances du football canadien sont immenses, c’est donc très facile de le respecter », a réagi Ellis.

 

Même si les nouveaux visages sont nombreux du côté défensif, ce groupe possède assez d’éléments pour s’imposer. Ellis ne veut toutefois pas que ses partenaires s’enflamment trop vite.

 

« Les gars sont excités à l’idée d’établir une identité et le niveau de jeu à respecter. C’est bien beau sur papier, mais rien ne s’est encore concrétisé sur le terrain. Il faudra encore se prouver aux entraîneurs et à nous-mêmes pour démontrer qu’ils ont choisi les bons joueurs », a indiqué celui qui a appartenu aux Bills de Buffalo et aux Chiefs de Kansas City avant de débarquer en sol canadien.

 

Le portrait de la défense peut bien rassurer certains partisans, mais le contexte en attaque n’est pas le plus rassurant. Pas moins de sept quarts ont été évalués à Vero Beach en vue du camp d’entraînement qui débutera le 20 mai à Montréal. Dans le football canadien actuel, le succès d’une équipe repose inévitablement sur le rendement solide d’un quart-arrière et souvent même deux, en raison des blessures fréquentes.

 

« Je réalise bien que ce ne sera pas facile. On vit dans une société micro-ondes, dans laquelle tout le monde veut obtenir des résultats immédiats. Le contexte est quand même plus facile dans un circuit à neuf équipes. Mais les entraîneurs sont impliqués et ça se sent. Ça va prendre beaucoup de travail et il y aura des embûches sur notre chemin, mais je crois que notre plan va fonctionner », a répondu Ellis.

 

L’Américain a donc accepté de revenir dans la métropole québécoise même si l’attaque ne s’est pas débarrassée du point d’interrogation qui lui colle à la peau. Bon vendeur, Reed a l’a convaincu que son projet était crédible.  

 

Dominique Ellis« Kavis et son groupe veulent changer l’identité de l’équipe et reconnecter avec les partisans. C’est rafraîchissant et ça m’a motivé en plus du fait que je me sentirai à la maison en revenant à Montréal », a noté Ellis.

 

Il faut se rappeler qu’Ellis avait été libéré, par l’ancienne administration, lors du camp d’entraînement de 2016. De nature terre à terre, il assure ne pas avoir eu besoin de plusieurs jours pour absorber le choc.

 

« Non, pas tant, parce que je comprends bien la réalité de notre milieu. Je préfère me dire que les choses ont bien évolué pour moi. J’ai pu continuer ma carrière et je suis maintenant de retour dans une situation différente. On traverse tous des épreuves dans la vie, l’important c’est la manière de réagir. J’ai trouvé que j’ai joué assez bien dans les deux dernières années et que ça m’a aidé à revenir à Montréal », a analysé le fier papa d’un fils de huit ans.

 

Sa réponse fait aussi écho à sa saison 2017. Les Tiger-Cats de Hamilton ont décidé de le libérer après le camp d’entraînement. Ils l’ont finalement rapatrié à la fin juillet et il a répondu comme il le souhaitait.

 

« C’était une saison éprouvante, mais qui m’a prouvé beaucoup de choses sur mon caractère. J’ai très bien joué à partir de mon retour. J’aime dire que j’ai prouvé à plusieurs personnes qu’ils avaient eu tort. Malheureusement, je me suis blessé ensuite. Au final, ce fut quand même une saison importante, parce que ça m’a prouvé que j’ai encore ma place. Je le croyais, mais il faut parfois se le prouver de nouveau et ça fait du bien », a confié le demi défensif de cinq pieds onze pouces et 204 livres.

 

Ellis ne se laisse donc pas ébranler par l’incertitude qui règne au football, mais il serait bien heureux de développer une stabilité couronnée de succès collectifs à Montréal.