La glace est enfin brisée! Non seulement c’est une nouvelle saison, mais aussi une nouvelle équipe avec un nouveau groupe d’entraîneurs et de nouveaux joueurs. Il fallait un début à cette nouvelle aventure et c’était contre le Rouge et Noir d’Ottawa.

Vous comprendrez comme il s’agissait d’un match préparatoire que ce n’est pas le temps de se lancer dans les grandes analyses approfondies comme les entraîneurs gardent les jeux simples en raison de l’important nombre de joueurs. C’est difficile d’avoir de la cohésion et d’appliquer tout ce qui a été vu à l’entraînement au cours de la semaine. Les ingrédients n'étaient pas réunis pour que nous ayons droit à un grand match.

Ce n’est pas seulement le cas chez les Alouettes, mais à travers la ligue également. C’est vrai que les Eskimos d’Edmonton ont été très convaincants en écrasant les Roughriders de la Saskatchewan 35-12, mais ils misent sur un groupe uni depuis des années et sur un quart d’expérience en Mike Reilly. Sans doute que ce dernier était déjà en mesure de compléter des jeux que nous allons voir chez les Alouettes dans deux semaines parce qu’il mise sur un groupe qu’il connaît et qui est ensemble depuis longtemps.

Les Alouettes sont en mode où ils doivent apprendre à marcher, alors que des équipes comme Edmonton sont déjà rendues au stade où ils peuvent courir.

Il ne faut donc pas partir en peur pour ce premier match contre le Rouge et Noir qui s’est soldé par une défaite de 27 à 7. Il y a très certainement des tendances que l’on peut dégager de ce match et des éléments à retenir dans le camp des Alouettes.

Je pense qu’il est important que l’on retienne de ce premier match préparatoire que lorsque la première unité montréalaise était sur le terrain, ça s’est bien passé.

En regardant le tout, on note que sur le botté d’envoi, Boris Bede a mis le ballon dans la zone des buts et l’unité de couverture a bien réagi. Le Rouge et Noir a repris le ballon et la défense a forcé un dégagement. L’attaque s’est ensuite retrouvée sur le terrain et a enchaîné avec une séquence de 11 jeux et 58 verges qui s’est conclue avec un placement. Drew Willy avait l’air en contrôle de l’attaque.

La défense a ensuite été de retour sur le terrain et elle a réalisé une interception pour redonner le ballon à son unité offensive. Malheureusement cette dernière n’a pas été en mesure de capitaliser sur le bon positionnement sur le terrain alors qu’elle n’a pas gagné un seul premier jeu et a dû se contenter de trois points.

Si on dresse un portrait de ces neuf premières minutes de jeu avec les partants dans l’action, les Alouettes ont été compétitifs et ont fait ce qu’ils avaient à faire. Ils n’ont pas gardé les partants plus longtemps sur le terrain, donc c’est pour ça que c’est difficile d’analyser par la suite et de tirer de véritables conclusions de cette rencontre. Le début de match est tout de même encourageant.

Je ne cacherai pas que j’aurais aimé voir les partants un peu plus longtemps dans le match. Évidemment, on voit ce qui est arrivé à Trevor Harris et on est bien content dans le camp des Alouettes que Willy n’ait pas subi le même sort. Par contre, si on met le tout en perspective, la dernière victoire de la troupe montréalaise a été enregistrée le 11 août 2017. Certains joueurs n’ont pas célébré de victoire dans le vestiaire depuis ce moment. J’aurais donc tendance à vouloir toutes les gagner, même s’il s’agit de matchs préparatoires.

Si les Alouettes avaient complété les deux premières séquences avec des touchés, avaient évité une interception en fin de première demie, le scénario aurait peut-être été différent. Vous me direz qu’avec des « si » on peut aller bien loin, mais un gain aurait très certainement fait du bien au moral. Je pense que ce sera plus la mission lors du prochain match à domicile et il faut que la victoire soit le but afin d’encourager les joueurs et les partisans. Ce sont aussi les victoires qui confortent en quelque sorte certains choix. Sinon, un doute pourrait se créer quant aux stratégies et aux joueurs.

Les Alouettes tiraient de l’arrière 8 à 6 après un quart et c’était somme tout positif. Après ces 15 premières minutes de jeu, on pourrait dire que la deuxième unité du Rouge et Noir a été meilleure que celle des Alouettes alors qu’Ottawa a inscrit 19 points contre un seul.

On parle des joueurs, mais c’est un nouveau groupe d’entraîneurs et ils doivent établir cette dynamique sur les lignes de côté avec les joueurs, mais aussi avec les membres sur la passerelle. Dit rapidement de la sorte, ça peut ne pas sembler être un gros test, mais ce n’est pas à négliger et ils s’en sont bien tirés.

Les circonstances pour ce premier match préparatoire n’étaient pas des plus faciles n’ont plus pour Mike Sherman et son équipe, alors que c’était sur la route et il fallait gérer 75 joueurs en uniforme. Il y a eu des blessures au cours du match également.

Alouettes 7 - Rouge et Noir 27

Dans ce sens, je trouve que les Alouettes étaient bien organisés. On ne voyait pas de panique sur les lignes de côté, on n’a pas eu de confusion alors que trop de joueurs auraient pu se retrouver sur le terrain pour un jeu ou il en aurait manqué.

On aurait pu aisément voir ce type d’erreur après une seule semaine de camp d’entraînement, mais la seule qui est survenue, c’est lorsqu’ils ont pris trop de temps pour sortir du vestiaire au retour de la mi-temps.

L’équipe de Drew Willy

Si on porte une attention particulière à certaines positions névralgiques, on ne peut passer sous silence la bataille pour le poste de quart partant de l’équipe. Depuis le début du camp, je perçois que c’est l’équipe de Drew Willy et on l’a vu durant cette rencontre préparatoire. Il a été le seul à profiter de la présence de la première unité sur le terrain. Le ballon lui revient et son poste, c’est lui qui peut le perdre de ce que je vois.

Les entraîneurs préparent Matthew Shiltz alors qu’il faut une relève et il va sûrement voir de l’action en cours de saison. Pour l’instant cependant, ça semble être l’équipe de Drew Willy et il a bien fait dans cette sortie.

Il a complété quatre de ses six passes pour des gains de 53 verges. Il a bien fait avancer le ballon et paraissait en contrôle. Le seul point qu’on peut lui reprocher, à lui et à la première unité à l’attaque, c’est qu’ils ont manqué de finitions en ne concluant pas leurs séquences avec des touchés. Ils ont été jusqu’à la ligne de 14 de l’adversaire pour éventuellement reculer de 13 verges et ils se sont contentés d’un placement. Ils ont aussi repris le ballon au 35 dans le territoire adverse et encore une fois, ils n’ont pu marquer plus de trois points.

Malgré tout, Tyrell Sutton a bien couru avec le ballon, amassant 19 verges en trois courses, et il a appuyé le travail de la ligne à l’attaque qui a bien protégé son quart lors des situations de passes.

Dans le cas de Shiltz, le pauvre, n’a pas eu le droit aux mêmes conditions. On ne peut donc pas à mon avis comparer leur performance, alors que le jeune quart n’a pas eu un seul jeu avec la première unité.

Shiltz a perdu 14 verges dès la première séquence et à son retour sur le terrain, il était moins deux verges. Sur les huit premiers jeux où il a été sur le terrain, l’attaque a écopé de cinq pénalités. Il y a aussi eu une mauvaise remise de Kristian Matte. C’était donc catastrophique comme scénario pour un jeune qui essaie de se faire valoir, alors que toutes les situations extérieures compliquaient sa tâche. J’ai cependant bien aimé la façon dont il a réagi. J’ai notamment apprécié sa dernière séquence en première demie où il y est allé d’une poussée de 11 jeux et 68 verges. Par contre, cette dernière s’est malheureusement soldée par une interception. Au moins il s’est bien battu et n’a pas baissé les bras, lui qui a conclu sa soirée avec 114 verges de gain par la voie des airs.

On verra ce qui sera fait pour le deuxième match et si les rôles seront inversés, mais à la lumière de ce qui nous a été présenté contre le Rouge et Noir, c’est Drew Willy qui a le poste de partant.

Un air de déjà vu pour les Alouettes...

Je comprends aussi cette décision, car il est un quart d’expérience qui a déjà connu du succès dans la Ligue canadienne alors qu’il s’alignait avec les Blue Bombers de Winnipeg. J’espère cependant dans son cas qu’il saura retrouver sa confiance. Ça n’a pas été facile pour lui depuis qu’il a quitté les Bombers. Il peut rendre de fiers services aux Alouettes s’il la retrouve.

Lors de ses derniers moments avec Winnipeg, il se faisait durement frapper derrière la ligne de mêlée. L’organisation s’est rendu compte de cette lacune lorsque Willy a quitté, alors que les entraîneurs ont changé le ratio sur la ligne à l’attaque pour assurer une meilleure protection à leur quart. Willy n’a jamais pu profiter de cette ligne revampée. Plus que jamais pour les Alouettes, il faudra avoir un effort d’équipe, car tous les succès ne pourront pas reposer sur les épaules de Willy.

Si on regarde la défense, tout comme à l’attaque, les vétérans ont eu peu de temps de jeu. On voit cependant que cette unité sera talentueuse. Déjà jeudi, Jabar Westerman n’était pas en uniforme, Joe Burnett non plus et John Bowman n’a pas beaucoup joué.

Par contre, on peut entrevoir du positif alors que deux interceptions ont été réalisées. Je dois dire deux, mais ça aurait très bien pu être quatre, n’eût été deux ballons échappés. La bonne nouvelle, c’est que les joueurs sont près du ballon. Je sais que ce n’est qu’un match préparatoire, mais à titre comparatif, la défense montréalaise n’a réalisé que huit interceptions durant toute la campagne l’an dernier. L’unité défensive a aussi été bonne lorsque l’attaque a été victime de revirement. Même si elle devait retourner sur le terrain rapidement, elle a été capable de tenir le fort et de limiter les dégâts.

En ce qui concerne les unités spéciales, je dirais que c’est mi-figue, mi-raisin. Autant elles ont été capables d’enregistrer de bons retours sur les bottés, autant l’unité de couverture à fait défaut par moments.

Ils ont réussi à amasser 85 verges en cinq retours ce qui est excellent. Par contre le retour de Amir Carlisle de 45 verges vient fausser la donne, d’autant plus qu’il a échappé le ballon à la fin, alors qu’il tentait d’éviter le botteur.

À l’inverse, le Rouge et Noir a réalisé huit retours pour des gains de 120 verges ce qui donne une moyenne de 15 verges par retour. Il y en a notamment eu un de 34 verges qui a été frustrant, car le botté a été bien effectué vers les lignes de côté et les joueurs n’avaient qu’à contenir le retourneur ce qui n’a pas été fait.

Bede a fait du bon boulot en réussissant ses deux bottés de précision.

Jean-Gabriel Poulin a attiré mon attention avec deux plaqués sur les unités spéciales. Il a compris que s’il souhaite se tailler une place avec l’équipe, il doit être comme un petit diable de Tasmanie sur les unités spéciales et il a bien réagi en se faisant remarquer pour les bonnes raisons.

Sinon, c’est certain que les échappés des deux porteurs de ballon sont quelque peu difficiles à digérer et comme l’an passé, les Alouettes ont été indisciplinées. Ils ont écopé de 13 pénalités pour un total de 134 verges. De ce nombre, six ont été commises avant que le ballon ne soit levé pour entamer le jeu. Ce genre de pénalité irrite les entraîneurs au plus haut point.

Si je regarde les deux touchés d’Ottawa, on a vu des erreurs de concentration alors que les receveurs étaient laissés fin seuls dans la zone des buts. Par contre, il fallait assimiler un nouveau système ce qui peut engendrer ce genre d’erreur.

Le groupe d’entraîneurs dispose maintenant de vidéos pour mieux évaluer le travail des joueurs afin d’éventuellement réduire l’effectif à 46. Le prochain défi, ce sera de gagner à domicile. On sait que les Alouettes ont connu leur part de difficultés devant leurs partisans et le prochain match préparatoire contre les Tiger-Cats de Hamilton serait une belle occasion de déjà faire un pas dans la bonne direction.

Il faut que nous soyons réalistes aussi. Il ne serait pas juste de penser qu’avec un cours camp préparatoire et deux matchs pré-saisons, les Alouettes vont être en mesure de rouler à plein régime dès le premier match de la saison. On ne peut pas avoir les mêmes attentes que certaines équipes comme les Eskimos ou les Stampeders qui reposent sur le même groupe depuis plusieurs saisons. La seule chose que je vais demander aux Alouettes, c’est qu’ils soient toujours meilleurs à leur prochaine sortie. Je veux voir une progression de leur part.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant

Baptême de feu pour Sherman et plusieurs Alouettes