MONTRÉAL – Prétendre que la ligne défensive des Alouettes de Montréal s’éclate depuis le changement d’entraîneur serait un euphémisme. 

Le congédiement de Todd Howard, à la fin septembre, semble avoir libéré cette unité d’un carcan stratégique inutile. Sans vouloir dénigrer son travail, la ligne défensive a connu des prestations de quatre, cinq et dix sacs après son départ.

Ce qui mène à une moyenne de 6,3 sacs par match comparativement à 3,6 sacs dans les six premiers matchs de la saison. 

Sans que le lien soit directement relié, les Alouettes ont alloué sept points de moins par partie à leurs adversaires. Il faut tempérer le tout puisque les Alouettes ont croisé le fer deux fois avec le Rouge et Noir d’Ottawa durant cette période, mais ça provoque un effet fort encourageant.

« J’en parle assez souvent et c’est ma philosophie : les matchs se gagnent sur la ligne de mêlée. On fait toujours référence au travail de la ligne offensive qui doit accorder du temps à notre quart-arrière. Mais, de l’autre côté, il faut faire l’inverse en compliquant la vie du quart adverse. On commence à avoir cette identité qui nous manquait probablement avant le changement. Je pense que ça plaît à tout le monde ici. J’espère que ça va continuer », a réagi le directeur général Danny Maciocia avec enthousiasme. 

Le vétéran Almondo Sewell ne veut pas blâmer directement Howard, mais cette réponse demeure éloquente. 

« C’est très simple, personne n’essaie d’être un gourou ou de réinventer la roue. On joue de manière directe et quand c’est le cas, on peut jouer plus vite », a cerné Sewell.   

Le Québécois David Ménard avait été plus transparent au même de la transition. Il approuvait ce geste et il a prouvé son point, depuis trois matchs, avec l’aide de ses partenaires. 

« Je connais David depuis longtemps, il a joué pour moi avec les Carabins. Parfois, dans la LCF, il devait se contenter d’un rôle sur les unités spéciales ou d’une douzaine de jeux au sein d’une rotation. Je savais qu’il était capable d’en donner plus. Wally Buono me disait que c’était l’une de nos meilleures acquisitions et on voit ce qu’il réussit. Il avait besoin d’une occasion et il l’obtient ici », a réagi Maciocia. 

La beauté de la chose, c’est que le front défensif s’impose grâce à plusieurs athlètes. Cette production partagée devient tout un casse-tête pour l’opposant.   

« On a du talent partout donc c’est pratiquement impossible doubler du monde. On a obtenu 35 sacs jusqu’ici, mais personne ne domine avec 11 ou 12 sacs », a visé Maciocia qui a défendu Nick Usher qui n’aide pas seulement avec des sacs. 

Par conséquent, Maciocia a observé que l’attaque adverse choisit de plus en plus souvent de bloquer à six joueurs. Ainsi, elle perd un receveur comme le porteur de ballon qui pourrait sortir du champ-arrière. Voilà un avantage évident pour la défense montréalaise. 

Ce n’est pas tout. À partir de la semaine prochaine, Marc-Antoine Dequoy devrait renouer avec l’action. Il a repris l’entraînement lundi et sa période de six semaines sur la liste des blessés serait terminée. Khari Jones était heureux de revoir « ses longs cheveux » se promener allégrement sur le terrain. 

Shiltz fait fi d'un camp décevant 

Du côté offensif, la blessure à Vernon Adams fils a fait craindre le pire. Matthew Shiltz a connu un camp d’entraînement si décevant qu’on a répété sans cesse que les Alouettes seraient dans le pétrin advenant la perte du numéro huit. 

À la surprise de plusieurs, Shiltz a rebondi comme il se devait et il méritait de savourer pleinement sa première victoire dans la LCF. 

Trevor Harris : très bonne affaire pour les Alouettes

« C’était génial ! On a beaucoup parlé du fait que c’était mon premier départ depuis 2019 et si j’allais être capable de remplir ce mandat. Ma mentalité était de ne pas rendre ce moment plus grand qu’il ne l’était. Ça m’a permis de conserver ma concentration », a commenté Shiltz qui s’est permis de s’éloigner de son côté cérébral pour célébrer le tout. 

« C’était la somme de ma carrière, quatre années à bûcher fort sans être toujours considéré. Tout le monde a un parcours différent et je regarde souvent les athlètes qui ont surmonté des parcours moins faciles tout en s’accrochant. Si tu penses, au fond de toi, que tu es capable d’y arriver, il faut persévérer. Je repensais beaucoup à tous ceux qui m’ont encouragé à continuer. J’espère devenir une inspiration pour des jeunes », a soumis Shiltz avec pertinence. 

Le droitier de 28 ans prétend ne pas avoir été surpris par les stratégies défensives du Rouge et Noir. D’ailleurs, il n’a pas eu peur d’affirmer qu’il aurait pu compléter quelques jeux supplémentaires. 

« Je disais aux entraîneurs que je suis content de la victoire, mais que j’ai raté quelques ouvertures sur le terrain. Heureusement, ce ne sont pas des jeux qui ont déterminé le résultat », a indiqué Shiltz avec une belle confiance.

La suite s’annonce donc intrigante au poste de quart. Shiltz ne veut pas perdre l’ascendant à Trevor Harris pendant la convalescence d’Adams fils. Cet hiver, Harris et Adams fils doivent encaisser un important boni ce qui forcera l’organisation à procéder à une décision importante.

Danny Maciocia et Mario Cecchini dans l'Antichambre