MONTRÉAL – Vernon Adams fils a eu tendance à quitter sa pochette protectrice trop vite lors du dernier match. Le rendement convaincant de sa ligne offensive, remodelée pour la saison 2021, devrait l’aider à y rester quelques fractions de seconde supplémentaires. 

« On parle souvent avec Vernon pour lui dire qu’on va faire n'importe quoi pour l’aider. Parfois, on lui demande s’il a besoin de quelque chose de plus comme changer une protection ou s’il voit des choses qu’on n’aperçoit pas. On veut simplement bloquer le plus longtemps possible pour lui, que ce soit pendant trois ou dix secondes, parce qu'on sait que, si on lui donne un peu de temps, il va créer des jeux explosifs avec son bras ou avec ses jambes », a déclaré le pilier Kristian Matte. 

Pourtant, en raison de changements considérables dans sa composition, c’était légitime de se demander comment cette unité allait réagir. Au grand plaisir des entraîneurs, le quintette connaît un départ très concluant. 

Cette saison, Luc Brodeur-Jourdain a hérité des commandes de l’unité qu’il a pilotée pendant une décennie et il avait, fidèle à son habitude, une vision intéressante à partager. 

« Je suis extrêmement fier de mes gars et de leur façon de jouer. Mais il reste qu’on mise sur un groupe de vétérans dans une attaque assez jeune. À l’exception de B.J. Cunningham, ce sont tous des joueurs de première ou deuxième année dans un rôle de partant, que ce soit Eugene Lewis, Jake Wieneke ou Quan Bray », a-t-il visé. 

« Je suis dans une situation privilégiée et je sais le reconnaître », a ajouté Brodeur-Jourdain. 

« Nous, on s'en attendait un peu parce qu'on est tous des gars avec de l'expérience et on a joué ensemble récemment », a maintenu Matte, sans aucune once d’arrogance, dans le même sens. 

N’empêche que Brodeur-Jourdain devait s’assurer que la cohésion s’installe rapidement. Après tout, Tony Washington, le bloqueur à gauche, est le seul joueur qui campait le même rôle à temps plein avec les Alouettes en 2019. 

Philippe Gagnon est revenu avec les Alouettes et il évolue comme garde à gauche. Sean Jamieson assimile sa nouvelle position de centre et Kristian Matte a renoué avec son poste naturel de garde (à droite). Le plus gros pari de Brodeur-Jourdain a toutefois été de confier le poste de bloqueur à droite à Landon Rice. 

« C'est sa première opportunité en carrière d’être un partant. Ça fait quand même huit ans qu’il est dans la LCF. C’est un luxe d’avoir un joueur comme lui », a lancé LBJ qui devait, à l’origine, pouvoir miser sur Jason Lauzon-Séguin dans cette fonction, mais ce dernier a pris sa retraite. 

Rice s’est assez bien débrouillé dans le dernier droit de la saison 2019 pour mériter cette audition.  

« On a vu que c’est la position qui lui convient le mieux. Autant à Hamilton que dans son premier séjour à Montréal, il a été longtemps été placé dans des situations qu’on voulait le faire jouer comme garde », a rappelé Brodeur-Jourdain. 

Depuis son entrée dans la LCF en 2014, Rice sautait surtout sur le terrain en tant que sixième joueur de ligne offensive et il devait bloquer des ailiers défensifs. Brodeur-Jourdain a déduit qu’il pourrait assumer ce rôle à temps plein. 

À 33 ans, Rice semble mieux outillé désormais pour cette mission. Mais ça ne voulait pas dire que Jamieson tiendrait le coup au centre de l’unité. 

« C’est une tête de football, il aime énormément les défis intellectuels et il est capable de jouer un football physique également. Maintenant, c'était juste de savoir s’il pouvait exécuter les remises avec confiance tout en assumant les responsabilités d'un joueur de centre. Je constate qu’il se prépare bien et il a de très bonnes idées également », a souligné LBJ. 

Ainsi, la ligne offensive compte sur quatre éléments canadiens, un énorme avantage dans le ratio à respecter. D’un autre côté, ça poussait le talentueux Chris Schleuger sur les lignes de côté. 

« C’est un joueur extrêmement important dans le sens qu'il vient nous donner notre profondeur, mais c'est aussi un joueur que je vais appeler, entre guillemets, plug and play. Il faut penser, et il le comprend lui-même, au ratio. Si on avait la possibilité de miser sur cinq partants canadiens, on le ferait. C’est précieux d’avoir une ligne partante canadienne dans laquelle on ne peut pas dire "Ah, lui c’est un joueur canadien qui n’a pas le talent nécessaire, mais on est obligé de le faire jouer". Si c’était le cas, on se tournerait peut-être vers deux bloqueurs américains », a décrit Brodeur-Jourdain en rappelant que Schleuger n’est qu’à une blessure de jouer et qu’il a le talent pour assumer un rôle de partant dans la LCF. 

Matte a ajouté un dernier argument à la liste. 

« On connaît très bien notre coach Luc, il nous prépare extrêmement bien pour les matchs. Bref, je suis vraiment fier de notre groupe en ce moment et de la façon qu'on joue », a résumé Matte à propos de son complice de longue date.