MONTRÉAL – Puisque les Alouettes de Montréal ont laissé filer entre leurs doigts une victoire cruciale contre le Rouge et Noir d’Ottawa, Antonio Pipkin ne devrait pas disposer d’une grande marge de manœuvre lors de la prochaine partie.

Envoyé dans la mêlée en relève à Vernon Adams fils, Pipkin n’a pas été le plus convaincant. Certes, il aurait mérité un plus grand coup de main de ses receveurs qui ont choisi un mauvais moment pour échapper des passes. Cela dit, ses décisions étaient trop lentes et il a joué avec le feu plus d’une fois.

Maintenant que les Alouettes se retrouvent avec un dossier de 3-3 au lieu de 4-2 et qu’ils n’ont pas acquis le bris d’égalité au classement par rapport au Rouge et Noir, les entraîneurs doivent trouver une manière de rebondir rapidement. Des victoires contre des puissances comme Saskatchewan et Calgary seront sûrement nécessaires pour éviter que le dernier match de la saison, le 1er novembre, contre Ottawa détermine l'accès aux éliminatoires.

Voilà pourquoi on comprend que la patience ne sera pas énorme envers Pipkin surtout que Matthew Shiltz ne doit pas retrouver son élan après une blessure. L’entraîneur-chef, Khari Jones, n’a pas joué à l’autruche quant à cet enjeu.

« On verra comment les entraînements vont se dérouler, on va observer les deux. Il existe une possibilité d’employer les deux durant la rencontre. Matt effectue de bonnes choses à l’entraînement tandis que Pipkin revient de sa blessure. Il y a eu de bons et de mauvais coups de sa part, mais il possède ce qu’il faut », a commenté Jones.

La première journée d’entraînement de la semaine le laissera dans le doute puisque ce ne fut pas fameux autant pour l’un que pour l’autre.

« Ce n’était pas l’entraînement le plus convaincant des quarts. Ils doivent être plus précis sur leurs passes, mais leurs lectures n’étaient pas mauvaises. Ils ont encore du travail à accomplir », a admis Jones.

« Je trouvais que c’était correct au niveau des lectures, mais je dois retrouver cette cohésion avec les joueurs et me souvenir de leurs préférences. Ce qui m’importe, c’est de refiler le ballon à nos menaces offensives », a noté Pipkin.

Lors du camp d’entraînement, Pipkin a gagné la lutte parce que les choses coulaient davantage pour lui. Présentement, il semble plus hésitant et ça affecte immédiatement son rendement.

L’attaque des Alouettes doit aussi composer avec le fait que les adversaires ont axé leur approche sur freiner les assauts de William Stanback en délégant plus de joueurs près du front défensif.

« On s’en attendait, on savait que ce serait le cas. Notre attaque au sol ne produit pas autant, mais ça reste assez bien dernièrement. Il faut se préparer pour les stratégies des adversaires et il faut aussi que notre jeu aérien soit à la hauteur. On a raté des occasions, comme des ballons échappés et le touché retiré à Quan (Bray). On ne peut surtout pas concéder deux touchés sur des retours », a réagi l’entraîneur.

Jones reconnaît son erreur

Étrangement, dans la dernière étape du match, les Alouettes ont opté pour une omniprésence des jeux de passe. C’était encore plus étonnant avec la présence de Pipkin au poste de quart. Jones avoue qu’il aurait « probablement » été préférable de courir plus fréquemment avec le ballon.

« On a sélectionné des courses, mais elles incluaient souvent des options. Parfois, ce fut la bonne décision de ne pas courir, mais le contraire s’est aussi produit. Si j’avais à refaire les choses, j’aurais choisi moins de courses avec des options. Ce sont des choses auxquelles on repense toujours surtout dans un match serré qui se décide sur des détails », a-t-il dit.

Jones ne croit pas qu’il a agi ainsi, car Stanback était amoché. Quand il a été en mesure de revenir sur le terrain, il n’a pas voulu l’épargner à moins que son subconscient ait choisi de le faire.

La blessure d’Adams a permis à Hugo Richard d’enfiler de nouveau un chandail de quart-arrière. Mais il n’est pas contenté de remplir un chandail rouge, les entraîneurs l’ont délégué pour plusieurs répétitions au sein du groupe qui prépare l’unité défensive.

« Du côté des jeux de l’attaque, j’étais un peu en retard. Quand on m’a dit hier (dimanche) que j’allais m’entraîner comme quart, j’ai ouvert mon cahier de jeux offensifs et je l’ai beaucoup étudié. Mais j’ai du rattrapage à faire parce que plusieurs choses changent en quelques semaines. De nouveaux jeux ont été ajoutés et j’ai oublié quelques informations. Une place de mon cerveau est occupée par les jeux défensifs. Je dois essayer de faire un peu le ménage sans tout oublier parce que je pourrais y retourner dès la semaine prochaine. Je dois m’habituer de nouveau pour jouer à la bonne vitesse », a indiqué Richard qui a apprécié cette confiance des entraîneurs.

Jones s’est justement dit à l’aise de miser sur Richard comme troisième quart.

Donovan assume le blâme pour les deux retours dévastateurs

Les deux retours dévastateurs de 111 et 95 verges de DeVonte Dedmon ont provoqué des cauchemars chez le coordonnateur des unités spéciales des Alouettes, Mickey Donovan. Ce dernier a toutefois refusé de blâmer ses « soldats ».

« Tout le monde a son opinion, mais je suis leur entraîneur et si on manque des plaqués et qu’on ne respecte pas nos affectations, la responsabilité revient sur mes épaules. Je suis l’entraîneur, le mentor, l’enseignant. Je suis assez mature pour me regarder dans le miroir et assumer le blâme. C’est la même chose pour eux. Bien des joueurs sont venus s’excuser pour ce qui s’est produit, mais j’ai dit aux gars qu’on doit l’encaisser et apprendre de cet épisode tout en répliquant avec une  victoire », a témoigné Donovan.

« Il ne faut pas faire de l’insomnie pour ça, même si j’ai eu la misère à dormir. On venait de jouer 24 matchs sans concéder un touché sur un retour de botté d’envoi ou de dégagement et les deux finissent par survenir dans la même maudite partie. On ne veut jamais voir ça surtout que je retire de la fierté de notre travail de couverture », a-t-il poursuivi.

Christophe Normand, l’un des piliers des unités spéciales montréalaises, a également sondé sur ce qui a causé la perte du club contre le Rouge et Noir.

« C’est sûr que c’est difficile à regarder. Notre exécution n’était pas au niveau désirée et c’est dommage. C’est décevant, mais on va revenir avec de meilleures performances. Cette semaine, on va mettre l’accent sur comment mieux cerner le retourneur », a précisé Normand.

Quant à ceux qui prétendent qu’il faudrait que les joueurs puissent encore s’entraîner avec leurs épaulettes pour corriger une telle lacune, Normand n’adhère pas à cette théorie.

« Non, c’est la même chose pour toutes les équipes. On travaille les aspects techniques et le contact pas nécessaire », a-t-il conclu.