MONTRÉAL – En dépit des déboires qui se poursuivent pour une quatrième année d’affilée – une deuxième sous le règne de Kavis Reed – les dirigeants des Alouettes de Montréal ont opté pour le statu quo.

 

Au cours des derniers jours, des informations de deux journalistes crédibles affectés aux activités de la LCF (le collègue Didier Orméjuste et Justin Dunk) ont circulé selon lesquelles le président Patrick Boivin avait discuté avec des candidats potentiels pour remplacer Reed, le directeur général du club.

 

Boivin a donc eu à s’expliquer à ce sujet tout en devant démontrer pourquoi Reed conserve, à ses yeux, sa légitimité comme DG à la suite d’un dossier de 8-28 en deux campagnes.

 

« Premièrement, je n’ai pas discuté avec personne. Deuxièmement, on est arrivés à cette décision de manière collective. C’était très simplement basé sur le fait qu’on continue à avancer sur notre plan de rebâtir cette équipe. Un plan qui a malheureusement été court-circuité en partie la saison dernière et qui commençait cette saison avec l’arrivée de Mike Sherman (l’entraîneur-chef) », a répondu Boivin.

 

Malgré une certaine progression, les Alouettes n’ont pas convaincu leurs partisans en 2018 que la suite serait assurément plus convaincante. L’état-major considère toutefois que ce serait inutile d’envoyer ce plan au recyclage pour en construire un nouveau.

 

Mais le point que Boivin a martelé, c’est que la patience tire à sa fin. Il faudra observer des résultats concluants tôt durant la saison 2019.

 

« Kavis le sait très bien et la progression devra absolument se traduire par plus de victoires la saison prochaine. 

 

« Les partisans méritent beaucoup mieux. On comprend que vous êtes tannés d’attendre après des victoires, nous le sommes tous en fait. […]Si les gens sont assez patients pour nous supporter encore, ils seront récompensés », a cerné le président.

 

Lorsqu’on a demandé à Boivin s’il avait déterminé que 2019 était la saison de la « dernière chance » pour Reed, il a répondu avec des termes qui ne laissent pas planer une grande patience.  

 

« Il faut que ça marche, c’est tout. »

 

Invité à dévoiler les objectifs concrets qui seraient acceptables pour les Alouettes la saison prochaine, Boivin a été prudent dans ses attentes.

 

« Il faut absolument ‘compétitionner’ pour les séries », a-t-il souhaité.

 

Reed assume le blâme pour les résultats décevants

 

Ce n’est pas particulièrement son habitude depuis son entrée en scène comme directeur général, mais Reed a admis ses torts.

 

« J’assume la responsabilité pour les résultats sur le terrain. Mais on sent que du progrès a été fait et on doit dorénavant avancer considérablement dans la colonne des victoires », a-t-il prononcé.

 

Le DG n’a pas caché que son mandat sera imposant lors de la saison morte puisque les besoins sont nombreux.  Voici un aperçu de ses priorités.

 

« Avant tout, c’est dénicher un receveur numéro un. Je ne crois pas que nous ayons un véritable receveur numéro un présentement. On doit aussi ajouter de la profondeur sur la ligne défensive. J’ai bien aimé Woody Baron et Ryan Brown, mais on n’a pas de ressources derrière eux. La tertiaire, on doit s’en soucier surtout avec les nombreuses blessures. Je parle surtout des demis défensifs. Finalement, on recherche toujours des ailiers défensifs et de bons éléments pour la ligne offensive », a-t-il énuméré.

 

Coach Sherman n’a pas l’intention de magasiner dans un autre type de commerce. Il trouve que la liste de Reed est bonne, mais il songe avant tout à la ligne offensive et au groupe de receveurs.  

 

« J’en ai parlé avec Kavis, quand j’étais sur des équipes championnes, on avait toujours une très bonne ligne offensive avec les mêmes gars qui jouent au même poste. Ce n’est pas un détail de déplacer un joueur d’une position à une autre. À Miami, la première chose que je voulais, c’était stabiliser la ligne offensive pour protéger Ryan Tannehill. Ça nous prend aussi plus d’explosion en attaque et de la profondeur chez les receveurs », a noté Sherman.

 

Voilà pourquoi Sherman n’était pas prêt à condamner le travail de son coordonnateur offensif, Khari Jones.

 

« Je ne crois pas que ni lui ni moi sommes satisfaits de nos chiffres en attaque. Mais il ne faut pas oublier qu’on a employé six quarts et souvent un gars différent une semaine après l’autre. Cette question sera plus juste à poser après la saison prochaine si on possède encore chacun notre poste, ce que j’anticipe. Évaluer quelqu’un avec tout ce qu’on devait accomplir avec les quarts et la ligne offensive, ce n’était pas évident comme mandat. Je trouve qu’il a fait un bon travail avec ses joueurs et il s’est bien investi », a maintenu Sherman.

 

Le carrousel de joueurs constaté chez les Alouettes a fini par inciter les dirigeants à la prudence pour le dernier match de la saison contre les Tiger-Cats de Hamilton. L’ancien joueur et analyste Pierre Vercheval avait raison de s’époumoner à dire que les Alouettes auraient dû évaluer leur relève lors du duel à Hamilton, mais les dirigeants ne voulaient pas revivre le scénario de 2017, une cuisante défaite de 33-0 pour terminer la saison.

 

« On avait préparé quelques gars pour jouer comme (le receveur) Malcolm Carter, mais il est tombé malade deux jours avant le match. Plusieurs jeunes ont joué, mais pas sur la ligne offensive. On voulait voir des joueurs, mais aussi gagner cette partie. On voulait que nos partisans finissent la saison avec un goût décent en bouche. L’an passé, dans une situation semblable, on a perdu misérablement et ce n’était pas une bonne façon de conclure une saison. Durant l’année, on a récolté assez d’informations sur la progression des jeunes », a expliqué Reed.

 

Ce bilan a permis à Sherman d’indiquer qu’il était en processus d’évaluation de tous ses adjoints. Il veut identifier les causes des déceptions vécues cette année avant de trancher. Invité à dire s’il évaluera la possibilité d’embaucher Marc Trestman dans son personnel, il n’a pas fermé la porte sans trop l’ouvrir non plus.

 

Quant à Reed, il souhaite le retour de Joe Mack à titre de directeur général adjoint, mais il va réévaluer le travail de ses recruteurs qui ne semblent avoir fourni assez d'eau au moulin. 

 

Reed et son entourage devront également se méfier de l’arrivée de l’Alliance of American Football, ce circuit qui pourrait leur ravir des éléments intéressants.

 

Manziel devra remporter la compétition

 

Sherman a tenu à lancer quelques ballons d’optimisme dans ce bilan peu reluisant.

 

« Je me souviens qu’à ma première année à Green Bay (en 2000), on n’avait pas obtenu les succès espérés en ratant les éliminatoires, mais c’est là qu’on avait bâti la fondation pour la suite », a rappelé l’entraîneur qui était heureux de voir que sa troupe ne célébrait pas trop la victoire à l’arraché contre l’équipe B des Tiger-Cats.

 

Le dernier sujet digne de mention concerne le quart-arrière Johnny Manziel. Même si Sherman est satisfait de son dévouement, rien ne sera gagné pour Manziel au début du camp d’entraînement.

 

« On va pousser nos quarts à en faire encore plus. Je veux qu’ils se défoncent au camp d’entraînement en instaurant une belle compétition, ça permet de faire ressortir le meilleur des athlètes. La saison morte sera déterminante, Johnny devra nous convaincre », a admis Sherman qui s’attend lui-même à faire un meilleur travail pour sa deuxième année en sol canadien.

 

Kavis Reed a vidé le noyau de l'équipe
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